Écoute la Voix qui Ose !
J’ai souvent pensé que le « pire ennemi » de ma propre Vie, c’était la peur. Je ne parle pas de la peur instinctive qui protège d’un danger imminent en activant mon cerveau « primal ». Ce cerveau qui a comme fonction d’assurer sa propre préservation, la préservation de sa famille et, par corollaire, la reproduction de l’espèce. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les scientifiques.
Je parle d’une autre peur qui est celle qui s’infiltre doucement dans les décisions, qui murmure à l’oreille qu’il est nécessaire calculer, prévoir, éviter l’imprévu, l’inattendu. Cette peur-là, insidieuse, fait croire que la prudence est une vertu, alors qu’elle n’est qu’un poids, une chaîne, un voile posé sur les yeux. Elle est comme une brume qui s’élève au matin et masque l’horizon. Elle m’empêche de voir plus loin que le pas suivant. Cependant, je ne dis pas qu’il faut être imprudent, peut-être, simplement être dans le discernement.
J’ai beaucoup observé autour de moi. Au-delà d’être un grand marcheur, je suis également un grand observateur. J’ai vu des êtres qui, à force de vouloir se protéger, semblaient avoir oublié comment Vivre, semblaient avoir oublié ce qu’est d’Être Vivant. Comme des oiseaux qui, ayant trop longtemps replié leurs ailes, finissent par croire qu’ils n’ont jamais su voler. J’ai compris, relativement tard, que la peur pouvait se travestir sous une forme de sagesse. Elle avançait masquée en se parant de bonnes intentions, de beaux atours. Cependant, au fond, elle étouffait l’élan vital, elle bridait l’enthousiasme, elle murait le désir d’inconnu derrière des murs invisibles.
J’ai appris à nommer cette peur. Elle se cachait dans les hésitations, dans ces moments où l’esprit cherche des excuses, dans ces instants où je me disais : « Ce n’est pas raisonnable », « Et si j’échouais ? », « Et si j’étais jugé·e ? », « Oui, mais … ». Le fameux et célèbre « Oui, mais … » dont j’ai déjà parlé. Elle me soufflait qu’il fallait des stratégies, des calculs, des garanties comme si l’existence devait être une route rectiligne dénuée de chaos, de surprises, d’imprévu, d’inattendu. Une rivière ne choisit pas son cours, elle épouse les méandres de la Terre. C’est ce mouvement même qui la rend vivante. Devrais-je m’interdire de suivre mon propre courant par peur des rapides ?
Ainsi se pose une question : « Quel est le sens d’une Vie dans laquelle je ne prendrais jamais le risque de tomber ? ».
Les plus grandes découvertes ne se font jamais dans la prudence. Ce n’est pas dans l’abri d’un port que le marin comprend la mer. Ce n’est pas sous un toit sûr que l’on ressent la grandeur du ciel. C’est en osant, en franchissant la frontière du connu que j’apprends qui Je Suis. Et pourtant, combien de fois ai-je reculé devant l’inconnu, non par manque d’envie, plutôt par excès de prudence ? Comme un arbre craignant le vent et qui refuse d’étendre ses branches, je me privais moi-même de la Lumière.
La peur est un piège qui se referme sur lui-même. Elle ne protège pas, elle emprisonne. Celle ou Celui qui veut tout sécuriser dans sa vie ne vivra jamais pleinement. J’entends les questions : « Comment s’en libérer ? », « Faut-il l’éliminer entièrement ? ». J’ai accepté, avec le temps, qu’il ne s’agit pas de nier la peur, plutôt de cesser de lui obéir. Elle existera toujours, tapie dans un coin de l’esprit, prête à surgir au moindre écart hors du connu. Mais elle n’a pas besoin de dicter mes pas.
J’ai décidé d’écouter une autre voix, de suivre une autre voie, celle qui me disait : « Et si tu essayais quand même ? ». Je sais que cette voix était plus faible, plus hésitante. Pourtant elle portait, en elle, un feu que la peur ne possédera jamais. Ce feu, c’est le courage. Le courage, ce n’est pas l’absence de peur, c’est la capacité à avancer malgré elle. C’est aussi oser dire « Stop ! », oser dire « Paix ! ».
J’ai accepté que l’on ne naît pas courageu·x·se, on le devient. Le courage est un muscle qui est forgé en l’exerçant. Chaque pas hors de ma zone de confort, chaque choix fait contre la peur, est une Victoire. J’ai appris à aimer l’incertitude, à voir dans le vide non plus une menace, uniquement une promesse. Comme un plongeur face à l’océan, il ne s’agit pas de savoir où l’on atterrira, c’est d’accepter de plonger.
Un jour, en regardant les oiseaux, j’ai compris que le vol n’est possible que parce qu’il y a l’air, cet espace vide sous les ailes qui, paradoxalement, les soutient. Sans vide, pas d’élévation. Peut-être que dans mes vies aussi, c’est ce vide, cet inconnu, qui me permet de m’élever. La peur, finalement, n’est qu’une illusion. Elle veut faire croire que chacun·e est fait pour marcher alors que chacun·e est né pour voler.
Ainsi j’ai décidé, j’ai choisi d’ouvrir mes ailes, non sans peur, uniquement avec cette certitude nouvelle : « Le Ciel appartient à celles et ceux qui osent le traverser ».
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250301-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Dominic Sanderson – 2020 – Discarded Memories EP)

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