Le Miroir aux Alouettes : Réflexion Intemporelle sur l’Influence (version « Influenceur »)

(sous-titre : L’Ombre des Oracles Modernes)

J’apprécie écrire certains textes en plusieurs « parties » avec la mention « à suivre … » à la fin d’un ou plusieurs textes. Celui-ci va suivre le même principe. C’est pourquoi j’ai ajouté dans le titre le mot « version ». Ceci indique qu’il y aura un autre texte avec une autre version. Plutôt que « version », ce serait une autre vision, un autre point de vue, un autre titre. Je peux même « spoiler » le prochain texte. Car si celui-ci parle de la version « Influenceur » qui me ramène à mon côté « matériel » même s’il est spirituel, l’autre serait plus orienté vers le « spirituel ». Cette accroche s’appelle, en marketing, un « teaser » 1️⃣.

Il y a quelques années, j’ai commencé à visionner la série « American Gods ». C’est une série adaptée du roman, publié en 2001, de Neil Gaiman 2️⃣. La série explore le conflit entre les anciens dieux mythologiques et les nouveaux dieux modernes. Elle suit Shadow Moon, un ex-détenu recruté par le mystérieux Mr. Wednesday, qui s’avère être Odin, le dieu nordique. Mr. Wednesday cherche à rassembler les anciennes divinités pour lutter contre les nouveaux dieux incarnant les forces contemporaines comme la technologie, les médias, la mondialisation.

Concernant l’auteur Neil Gaiman, il s’est installé, dans les années 1990, avec sa femme dans une maison victorienne au Wisconsin pleine campagne. « American Gods » résulte du choc culturel qu’il a alors éprouvé en quittant l’Angleterre pour les États-Unis. Il imagine que les immigrants apportent avec eux les divinités de leur pays d’origine pour ensuite les abandonner au fil des ans.

La série aborde des thèmes comme la foi, l’immigration, l’identité culturelle, l’évolution des croyances dans un monde moderne. Elle mêle mythologie, fantastique, critique sociale dans une ambiance aussi étrange que poétique. J’ai apprécié la première saison et j’ai décroché pour les autres saisons car le « propos » était tiré en longueur. Elle est un peu à l’image de la série « Evil » 3️⃣ dont j’ai déjà parlé et pour laquelle je n’ai pas décroché.

Dans l’époque actuelle avec tous les réseaux sociaux, je constate que les « figures d’influence » semblent s’être substituées aux guides spirituels, aux philosophes d’antan, aux écrivains. Hier, Socrate arpentait les places d’Athènes pour interroger les âmes sur la vérité. Aujourd’hui, ce sont des écrans lumineux qui diffusent, sans relâche, des vérités préfabriquées, prêtes à être absorbées sans résistance. Pourquoi donc certaines personnes suivent ces figures sans questionner leurs paroles ? Sont-ils des êtres de raison ou bien ont-ils cédé à une servitude volontaire ? Servitude volontaire où la pensée critique s’efface devant le confort de la conformité.

Je sais que l’homme a toujours cherché des figures à suivre. Depuis les prophètes, les sages, les maîtres spirituels, les monarques, les leaders révolutionnaires, les guides et même les parents, les frères, les sœurs, il y a un besoin instinctif d’être guidés. Blaise Pascal 4️⃣ écrivait : « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ». Cette incapacité à demeurer seul, livré à ses propres pensées, pousse certain.e.s à chercher un repère, un phare dans l’océan du doute, de leur propre doute. Ainsi dans une époque où les mythes s’effondrent, où les institutions perdent leur légitimité, qui remplit ce vide ?

J’ai donné la réponse dans le titre du présent texte. Ce sont, notamment, les « influenceurs ». Qui dit « influenceur » dit « influence ». Ce mot « influence » vient du latin médiéval « influens », dérivé du latin « influere » signifiant « pénétrer », « se glisser », « s’insinuer », « se répandre ».

Et c’est bien ce que les influenceurs font. Ils représentent des figures contemporaines, de cette soif d’autorité, façonnées par l’ère numérique. Des visages omniprésents, des paroles, des vidéos, des tutos qui dictent certains comportements, certaines croyances. Bien qu’ils ne soient ni prophètes ni sages, ils captent l’attention avec une efficacité redoutable en jouant sur les biais cognitifs, sur la vulnérabilité émotionnelle.

Là où le sage cherchait à éveiller les consciences, l’influenceur façonne des récits séduisants. Son pouvoir ne repose pas seulement sur sa parole, sur l’image. Il est soutenu par une entité invisible, omnipotente, un oracle silencieux qui dicte ce qui sera vu, entendu, retenu. Cet oracle, qui a donné le sous-titre du présent texte, c’est l’algorithme.

L’algorithme est le nouveau créateur du monde moderne. Il façonne les croyances en exposant les influencés à des contenus qui renforcent les certitudes plutôt que de les interroger. Il crée des chambres d’écho où la pensée critique s’étiole, où le doute, essentiel à la sagesse, est éradiqué au profit d’une adhésion tant immédiate qu’émotionnelle.

Ces » guides » ne sont pas nécessairement « choisis », ils sont imposés par des mécanismes invisibles exploitant les désirs, les faiblesses. Comme l’écrivait Nietzsche : « Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude ». En se livrant à ces figures de l’influence sans questionner leur autorité, certain.e.s s’enferme dans une cage dorée d’apparences, d’illusions et, même souvent, de désillusions.

Je sais que les influenceurs ne sont pas tous des imposteurs. Cependant, beaucoup maîtrisent les « codes », l’art du discours, non pour rechercher la vérité, uniquement pour convaincre, séduire, influencer. Ils vendaient des illusions sous couvert de savoir en manipulant l’éloquence pour captiver les foules.

N’est-ce pas ceci qui est proposé aujourd’hui ? Les influenceurs ne vendent pas seulement des produits, ils vendent des styles de vie, des visions du monde formatées pour être consommées sans effort. Ils transforment des idées complexes en slogans séduisants, des réalités nuancées en dogmes simplistes.

Cependant, le plus grand danger ne réside pas tant en eux qu’en celle ou celui qui tombe sous leur « coupe » comme un aimant puissant dont il est difficile de décoller les deux parties opposées. Pourquoi ces vérités prémâchées sont-elles acceptées si facilement ? Pourquoi la pensée critique recule-t-elle devant l’autorité d’un visage familier, charismatique, validé par le nombre de vues, de mentions « J’aime » ? Pourquoi les individus, de plus en plus jeunes, sont-ils sous influence comme s’il avait été « drogué » par une substance artificielle ?

Beaucoup de questions que je peux résumer en : « Pourquoi l’Homme accepte-t-il de se soumettre à une autorité qu’il pourrait refuser ? ». Je sais que la liberté est exigeante voire, même, inconfortable. Oui, parfois inconfortable, car elle impose le doute, la remise en question, l’effort intellectuel, le recul sur soi. En comparaison, suivre un influenceur est une solution facile. Il pense à la place des autres, il évite le vertige du questionnement. Quelque part, il propose l’abandon au lieu de la résistance.

Il est plus aisé de s’abandonner à un discours rassurant que de plonger dans l’inconnu de la réflexion personnelle. C’est ainsi que certains deviennent des spectateurs passifs de leurs propres vies absorbant des « vérités » sans jamais en éprouver la solidité. C’est comme un troc entre la liberté de penser et la commodité du prêt-à-penser.

Face à cette mécanique d’aliénation, y-a-t-il une issue ? Comment retrouver le chemin de l’autonomie intellectuelle et, même, émotionnelle ? Bien évidemment, il ne s’agit pas de rejeter en bloc toute « influence ». Personne ne pense en vase clos. Par contre, il s’agit d’apprendre, comme je l’ai déjà indiqué souvent, à appliquer son discernement.

L’esprit critique est une discipline, un exercice quotidien. Il implique de croiser les sources, d’examiner les discours avec un regard distancié, de ne pas confondre popularité et légitimité. Dans cette époque où certains réseaux sociaux ne vérifient même plus les allégations de certains influenceurs, c’est une porte ouverte à des dérives. Pour ma part, il est nécessaire, pour soi, de s’imposer, de temps en temps, un retour à la solitude pour savoir s’extraire du bruit ambiant et, ainsi, écouter sa propre voix intérieure. La solitude devient ainsi une source pour son propre questionnement.

Platon invitait à quitter la caverne 5️⃣ pour contempler la lumière du vrai. J’ai déjà écrit que sortir de la caverne exige du courage car la lumière peut être aveuglante pour qui a trop longtemps vécu dans l’ombre. Il en va de même pour celui qui ose remettre en cause les figures d’influence qui ont structuré ses certitudes.

Alors les questions, à mon sens, à se poser : « Suis-je prêt.e à ce saut vers l’inconnu ? », « Suis-je prêt.e à me confronter à l’effort de la pensée, à accepter l’incertitude plutôt qu’un confort illusoire ? ». Car, au fond, la véritable influence ne devrait pas être celle qui dicte quoi penser, elle devrait être celle qui incite à penser par soi-même.

(à suivre …….)

(Mon Essence Spirituelle)

(Michaël « Shichea » RENARD (20250131-1))

(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)

(Musique lors de l’écriture : Astral Magic – 2024 – Wizard’s Euphoria)

1️⃣ :  Publicité au message plus ou moins énigmatique, dont le sens sera dévoilé plus tard ;

2️⃣ :  Neil Gaiman, né le 10 novembre 1960 à Portchester en Angleterre, est un auteur britannique de romans et de scénarios de bande dessinée vivant aux États-Unis. Auteur prolifique et polyvalent, il perce sur la scène de la fantasy anglo-saxonne grâce à sa série Sandman, publiée par DC Comics dans les années 1990. Il s’installe, dans les années 1990, avec sa femme dans une maison victorienne au Wisconsin en pleine campagne. American Gods résulte du choc culturel qu’il a alors éprouvé en quittant l’Angleterre pour les États-Unis. Il imagine que les immigrants apportent avec eux les divinités de leur pays d’origine pour ensuite les abandonner au fil des ans (merci Wikipedia) ;

3️⃣ :  voir le texte « Manipulation et Culpabilité (Les Jeux du Malin) et Responsabilité (Mon propre ‘Je’) » ;

4️⃣ :  Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un polymathe : mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées (merci Wikipedia) ;

5️⃣ :  voir le texte « La caverne de l’ignorance ».

Publié par

Categories: ,

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Ma Spiritualité

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture