Le Sens de l’Humilité
(sous-titre : Les Rencontres du Papotin)
Il y a deux jours, j’ai parlé de Babouillec 1️⃣ qui participe à l’émission « Les Rencontres du Papotin ».
Cette émission me parle, m’appelle, m’interpelle et, parfois, me laisse sans voix. Si je devais décrire ces rencontres, je dirais qu’elles sont comme une fenêtre ouverte sur l’Essence de l’Être Humain, peu importe son horizon. C’est un espace où les masques tombent, où la vérité s’exprime sans détour.
Ces moments, à la fois, simples, bouleversants, réunissent des artistes, des personnalités publiques, des politiques et des journalistes atypiques. Ces journalistes atypiques sont des Âmes souvent cataloguées comme « extraordinaires » en raison de leur différence. Ils sont porteurs de Troubles du Spectre Autistique (TSA). Leur regard sur le monde, d’une clarté désarmante, bouscule les conventions. Ici, il n’y a pas de faux-semblants, pas de place pour l’artifice. Il n’y a que des échanges « bruts », sincères, où les questions tranchent comme des éclats de lumière dans l’obscurité. J’ai écrit « brut » dans le sens qu’il n’y a pas d’enrobage, dans le sens que la matière n’a pas été taillée pour correspondre à un état déterminé, dans le sens que les filtres de la société n’existent pas ou, en tout cas, sont amoindris.
Si beaucoup d’artistes, de personnalités ont des ego démesurés voire surdimensionnés, l’ego, ici, se retrouve remis à sa juste place. Cette remise en place peut n’être que temporaire et, en même temps, une petite graine est plantée.
J’ai revu quelques rencontres. Certaines m’ont marqué plus que d’autre. J’ai constaté, sans jugement, que certains invités étaient « encore » dans le contrôle (ah, cet ego !). J’ai constaté que certaines de leurs barrières se fissuraient pour presqu’aussitôt être colmatées. D’autres, par contre, m’ont ému, m’ont touché profondément car ils ont laissé tomber leurs masques, leurs protections.
Dans cette émission, il n’y a pas de place pour la recherche du sensationnalisme comme dans d’autres émissions. Les questions des journalistes sont directes, sans fioriture, sans recherche d’effets et, surtout, sans jugement. Ainsi pourquoi ces rencontres touchent-elles si profondément tout autant celles et ceux qui y participent que celles et ceux qui les regardent de loin, à travers un écran, un récit, une lecture ?
C’est ainsi que trouve naissance le présent texte commet une invitation à l’Humilité (la petite graine précédemment citée), un rappel que nous sommes toutes et tous, au fond, des Êtres en quête de sens, à la fois, tantôt fragiles, tantôt grands.
Assis face à ces journalistes, l’artiste, la personnalité publique, le politique n’est plus ce que le monde attend qu’il soit. Les réponses policées, les phrases soigneusement calibrées, le nombrilisme, tout ceci s’effondre sous le poids de l’Authenticité. Je m’imagine un instant dans la situation où des questions jaillissent, souvent déconcertantes, parfois abruptes. « Pourquoi as-tu fait ce choix ? », « Es-tu heureux ? », « As-tu peur de la mort ? », « D’où vient ta solitude ? », ce sont des questions posées avec des mots simples. Il y en a d’autres plus intimes, d’autres encore plus troublantes. Je ne vais pas les écrire ici car il me paraît nécessaire de les vivre en regardant les différentes émissions. Les questions sont porteuses d’une intensité à laquelle il est impossible d’échapper.
Et moi, si je m’imagine ici, à répondre à ces questions, je sens une certaine appréhension naître en moi. Oh ! Ce n’est pas une appréhension d’un jugement quelconque, c’est plutôt une appréhension de me rencontrer réellement, sans filtre. Ces rencontres ne sont pas seulement un dialogue entre deux personnes. Elles sont un miroir tendu, un reflet de ce que je porte au plus profond de moi-même. L’Humilité commence peut-être ici. Dans cette acceptation de voir ce que je suis, sans chercher à me cacher, même face à mes propres zones d’ombre.
J’ai lu dans un article que « le Papotin, c’est un joyeux bordel, difficile à cadrer. Monter une émission en claquant des doigts, faire un truc carré avec un plateau, des questions précises et répétées, un temps de parole précis pour chacun, ça ne marche pas ici » 2️⃣.
Je me souviens d’un entretien dans lequel un artiste, bouleversé par une question, a répondu : « Je ne m’étais jamais posé cette question avant ». Il y avait dans cette phrase quelque chose de profondément Humble. L’aveu qu’une part de lui-même lui avait échappé jusque-là et qu’il était encore un terrain à explorer. Je passe tellement de temps à me construire, à cultiver une image, à me convaincre que je sais qui je suis, que j’oublie que la vraie connaissance de soi demande de se défaire de tout ceci.
Être Humble, ce n’est pas s’effacer au sens de disparaître. C’est accepter que je sois un fragment. Que je suis un fragment d’univers en quête d’équilibre, un point minuscule qui porte en lui l’immensité. Comme une goutte d’eau dans l’océan, je suis unique tout en faisant partie d’un tout.
Il y a, dans les « Rencontres du Papotin », quelque chose d’enfantin. Ce n’est pas péjoratif dans mes mots. Je le prends dans le sens immature du terme. C’est une forme de pureté, de spontanéité, même d’émerveillement, qui est souvent perdue en grandissant. Les journalistes posent des questions avec la franchise d’un enfant qui n’a pas encore appris à édulcorer ses pensées, ses propos, ses réactions. Ce n’est pas de l’indiscrétion. C’est une soif authentique d’Être sans le regard du jugement.
Cette capacité à regarder le monde avec des yeux neufs, je l’envie parfois. J’ai réalisé que grandir, pour beaucoup, c’est apprendre à se méfier, à cacher les vulnérabilités, à répondre ce qui est attendu des conventions plutôt que ce qui est ressenti vraiment. Pourtant, dans ces moments de vérité « brute », je me rappelle que l’Humilité, c’est aussi retrouver cet état d’ouverture, cet état où j’ose dire : « Je ne sais pas ». Et si, finalement, être Humble, c’était retrouver cette part d’enfance qui sommeille en chacun.e ?
Parfois, les questions des journalistes du « Papotin » semblent anodines, presque naïves. Pourtant, elles touchent souvent des cordes sensibles, que je ne savais même pas exister en moi. Il m’est arrivé, en écoutant ces échanges, de me sentir moi-même interrogé, comme si les questions traversaient l’écran pour venir m’interpeller directement. « Pourquoi fais-tu ce que tu fais ? », « Qu’attends-tu de la vie ? », « Pourquoi cette question évoque en moi des émotions, des ressentis », « Pourquoi la réponse en fait de même ? ».
Ces moments m’ont appris que l’Humilité, c’est aussi accepter de ne pas avoir toutes les réponses. Dans un monde qui valorise les certitudes, cela peut sembler contre-intuitif. En réalité, c’est dans l’espace du doute, dans cet espace où j’accepte de ne pas savoir, que la vraie sagesse éclot.
Les artistes qui participent à ces rencontres sont souvent vus comme des figures fortes, des exemples de réussite. Et pourtant, lorsqu’ils se retrouvent face à ces journalistes, ils se dévoilent sous un jour différent. Ils montrent leurs failles, leurs doutes, leurs peurs, leur humanité. Et loin de les rendre moins grands, cela les rend plus humains, plus proches, plus accessibles.
Il y a une immense force dans la fragilité. L’Humilité, c’est comprendre que les blessures ne sont pas des faiblesses à cacher. Ce sont des marques de mon humanité. Quand je pense à mes propres failles, à ces moments où j’ai des appréhensions, où j’ai échoué, je réalise que ce sont aussi les moments où j’ai le plus appris, où j’ai grandi.
Un autre aspect des « Rencontres du Papotin » m’a profondément marqué, c’est l’écoute. Les échanges ne sont pas unilatéraux. L’artiste, aussi célèbre soit-il, ne monopolise pas la parole. Il est invité à écouter, à recevoir. Et dans cette écoute, il se passe quelque chose de magique qui est une véritable connexion.
L’Humilité, c’est aussi écouter l’autre avec le Cœur Ouvert, sans chercher à combler le silence, sans essayer de prouver quoi que ce soit. C’est dans ce silence partagé que naît une véritable communion.
À travers ces rencontres, je comprends que l’Humilité est une lumière discrète. Ce n’est pas une gloire éclatante. C’est une flamme douce qui éclaire sans aveugler. C’est une invitation à se tenir debout sans être au-dessus des autres simplement à leurs côtés. C’est accepter que chacun.e, avec ses forces, ses fragilités, porte une part de cette Lumière.
Et Toi qui lis ces mots, peut-être ressens-tu cette Lumière en Toi aussi. Elle n’est pas un don réservé à quelques-uns. Elle est ici, en chacun.e, attendant simplement d’avoir le courage de l’allumer. Les « Rencontres du Papotin » sont un rappel que cette Lumière ne brille jamais aussi fort que lorsqu’elle est partagée.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250120-3))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Broers + Klazinga – 2024 – Second Thoughts)
1️⃣ : voir le texte « Babouillec » ;

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