Babouillec

Un titre bien étrange pour le présent texte qui, quelque part, n’était pas « prévu ». Le présent texte aurait pu être publié en juin de cette année. Cependant, j’ai, comment dire, accepté qu’il soit publié ce jour.

Beaucoup de textes publiés parlaient de la solitude, du silence. D’autres textes à venir vont également faire référence à la solitude, au silence, à l’introspection. Même si c’est le mot « solitude » qui se présente à moi, il représente bien plus que seulement être seul.

Ce présent texte existe grâce à l’émission « Les Rencontres du Papotin ». Avant d’aller plus loin, il m’est nécessaire de préciser ce qu’est cette émission.

« Les Rencontres du Papotin » est une émission de télévision française, unique en son genre, diffusée sur France 2. Cette émission a été inspirée par « Le Papotin », un journal collaboratif créé en 1990 par des personnes autistes.

Elle repose sur un concept singulier. Une personnalité publique, peu importe son horizon, est interviewée par des journalistes atypiques, tous atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Ces échanges, souvent empreints de spontanéité, de franchise, d’émotion, offrent une perspective profondément humaine, différente, éloignée des formats traditionnels d’interview. Les questions, souvent déconcertantes, inattendues, permettent de découvrir les invités sous un jour nouveau. Dans cet inattendu, les invités montrent une certaine authenticité qui est révélée en faisant tomber certains masques.

Toujours est-il que le dimanche précédent l’écriture de ce texte, ma Bienaimée et moi avons regardé l’émission consacrée à Mathieu Ricard 1️⃣. Lors des échanges, l’animateur demande à Mathieu Ricard de lire l’extrait d’un livre écrit par une des journalistes du Papotin.

Et, d’abord, c’est quoi le Silence?

Le Silence
Le Silence ouvre les portes de l’absolu
Le Silence temps mort entre nos doutes
Temps mort dans le doute

Le Silence
Temps vivant dans l’instant

Le Silence
Doute absolu vivant dans le temps mort
d’un instant de Silence
Le Silence est partout dans mon corps

Shut dans ma bouche, shut dans mes mains, dans mes oreilles, mes yeux, ma peau
Shut…

Voir, entendre, écouter, regarder, toucher, sentir, me transportent dans une dimension nouvelle. Notre monde peuplé d’incertitudes, brise cet instant et m’enferme à nouveau. Shut.

Par peur, par pudeur, rien ne bouge dans ce corps, mon corps, nos corps du Silence.

Shut et chute à nouveau, un jour de février 2006 où ma mère de plus en plus dans ma dimension d’autiste descend dans mon corps pour faire remonter les informations.

Là, pas le choix. Toutes ces années à chercher des sorties de secours pour ne pas s’enfermer dans ce corps sans retour venaient de lâcher prise.

Encore et Encore un Noir Désir.

Réussir, l’indispensable dépassement de soi dans l’absolu qui fait vivre les Silences.

Le je nous envahit dans sa dimension égoïste.

Nous tombons le masque lorsque l’enjeu questionne notre Raison.

Ceci me rappelle le livre « Le scaphandre et le papillon », ouvrage autobiographique de Jean-Dominique Bauby 2️⃣.

Cet extrait sur le silence est tiré du livre « Algorithme éponyme et autres textes » de Hélène Nicolas dite « Babouillec ». Le lien est, à présent, fait avec le titre du présent texte.

Babouillec est une poétesse, écrivaine française née en 1985. Diagnostiquée autiste sévère et privée de parole, elle est longtemps considérée comme enfermée dans le silence. Elle ne sait pas parler, elle ne sait pas tenir un stylo, elle n’a jamais appris ni à lire ni à écrire. Pourtant, à l’âge de 20 ans, grâce à un alphabet en carton manipulé avec l’aide de sa mère, elle révèle un esprit d’une richesse intellectuelle et poétique impressionnante. Pour certain.e.s, c’est un mystère. Pour moi, j’y vois une révélation de dépassement du personnage.

Son écriture, empreinte de fulgurances philosophiques, d’une réflexion profonde sur la condition humaine, interroge les normes sociales, la place de l’individu dans le monde. Parmi ses œuvres les plus connues figure « Algorithme éponyme » dont j’ai tiré l’extrait précité. Ce livre a inspiré une pièce de théâtre et un film intitulé « Dernières nouvelles du cosmos ». Il a été réalisé par Julie Bertuccelli 3️⃣ en 2016.

Pour moi, Babouillec incarne une voix singulière, lumineuse. Elle prouve que la communication va bien au-delà des mots parlés, du langage appris. Elle prouve que la créativité peut briser toutes les barrières.

Et c’est justement cet aspect d’aller au-delà des mots parlés qui m’a intéressé. D’autant plus que l’invité Mathieu Ricard, avec le Bouddhisme, est « sensible » au silence. Et, sans faire de jeux de mots, celui-ci est parlant.

Toujours est-il que j’ai commandé le libre « Algorithme éponyme » chez mon libraire habituel. Le titre complet est « Algorithme éponyme / Suivi de / Raison et acte ans la douleur du silence / et de / Je, ou Autopsie du vivant ».

Je ne vais pas aller plus loin dans l’écriture de ce texte. À ce stade, en mon for intérieur, je sais que ce que j’ai partagé est juste, parfait pour l’instant présent.

Je terminerai simplement par ceci : « L’immobilité est une illusion. Même dans le silence, tout est en mouvement« .

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250120-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Sonic Paradox – 2025 – Tales from the Silent Forest)

1️⃣ :  Matthieu Ricard, né le 15 février 1946 à Aix-les-Bains, est un essayiste et photographe français. Après l’obtention d’un doctorat en génétique, il devient moine bouddhiste tibétain. Il réside principalement au monastère de Shéchèn au Népal ;

2️⃣ :  Jean-Dominique Bauby, né le 23 avril 1952 à Paris et mort le 9 mars 1997 à Garches, est un journaliste français, connu pour avoir été rédacteur en chef du magazine féminin Elle, puis comme victime du syndrome d’enfermement (locked-in syndrome). Le syndrome d’enfermement, également connu sous le nom de syndrome de désafférentation motrice ou syndrome de verrouillage, est un état neurologique rare dans lequel le patient est éveillé et totalement conscient – il voit tout, il entend tout – mais ne peut ni bouger ni parler, en raison d’une paralysie motrice complète, excepté le mouvement des paupières et parfois des yeux (les mouvements oculaires verticaux sont habituellement préservés). Les facultés cognitives du sujet sont intactes ;

3️⃣ :  Julie Mathilde Charlotte Claire Bertuccelli est une réalisatrice française née le 12 février 1968 à Boulogne-Billancourt. Elle est notamment connue pour son long-métrage documentaire La Cour de Babel et son long-métrage de fiction l’Arbre, respectivement sortis en salles en 2014 et 2010.

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