Tat Tvam Asi

Un titre bien étrange pour le présent texte. Ce n’est pas du latin, c’est du sanskrit. « Tat Tvam Asi », phrase issue des Upanishads 1️⃣, signifie, en traduction littérale, « Cela Tu Es ». Non, ce n’est pas Maître Yoda qui parlait. En fait, la traduction « officielle » est « Tu Es Cela ».

En termes simples, ceci exprime : « L’Unité entre l’Individu et l’Universel ».

« Tat » fait référence à « Cela ». En d’autres termes, l’Absolu, le Divin, la Réalité Ultime qui sous-tend tout ce qui existe.

« Tvam » signifie « Tu ». Il représente l’individu, l’être humain, le « moi ».

« Asi » veut dire « es ». Il indique une égalité, une identité.

Ainsi, ensemble, « Tat Tvam Asi » affirme que l’Essence profonde de chaque Être est identique à l’Essence Universelle. Autrement dit, la séparation perçue entre Soi et le Monde est une illusion. Je l’ai déjà souvent exprimé. Au fond, ce que Je Suis (ma vraie nature) est la même chose que la Réalité Ultime. Et, sans prétention, je le savais déjà.

Cette phrase, voire ce mantra pour certain.e.s, est une invitation à dépasser les apparences, à aller au-delà des distinctions de l’ego 2️⃣, des identités superficielles, du personnage pour reconnaître une Unité Fondamentale avec Tout ce qui Existe.

En fait, cette phrase est la réponse à la question « QUI SUIS-JE ? ». La réponse n’est ni mon nom, ni ma profession, ni les rôles que j’endosse dans la « comédie », plutôt le Jeu, de la Vie. La réponse est cette essence silencieuse, cet espace intérieur qui demeure lorsque le tumulte du monde s’efface.

En allant un peu plus loin, une autre réponse à la question « QUI SUIS-JE ? » pourrait être « Aham Tat Asmi » (« Je Suis Cela ») et, en allant encore plus loin, « Aham Idam Asmi » (« Je Suis Ceci »). Je ne parle ni n’écrit le sanskrit et je suis donc passé

Ainsi, « Tu es Cela » ou « Je Suis Cela », il y a des jours où tout me semble clair comme un lac calme, paisible, presqu’endormi, reflétant les montagnes alentour. À ces moments, je sais que je ne suis pas une « chose » fixe. Je sais que Je Suis le mouvement 3️⃣ entre ce que je vois et ce que je ressens. Cependant, d’autres jours, cette clarté se trouble. Alors, je me demande si ce n’est pas précisément dans ces moments de doute, dans ces instants où l’ombre s’étend que je touche à l’essentiel.

J’ai souvent entendu que, pour comprendre, il faut d’abord nommer. D’accord et, en même temps, comment nommer ce qui n’a ni forme ni limite ? Le langage 4️⃣, si puissant pour décrire les objets, semble ici un « piège ». Les mots, au lieu de révéler, voilent l’infini. Pourtant, sans les mots, comment puis-je partager ce que je ressens, ce que je pressens ? Sans les mots, point de textes, point de publications.

Il m’arrive de contempler une feuille d’arbre comme une merveille si humble, semblant si fragile. Elle est à la fois si simple et si complexe. Je vois ses nervures, chacune dessinant un chemin unique, et, en même temps, je sais aussi qu’elle ne peut exister sans l’arbre, l’arbre sans la terre, la terre sans le soleil, le soleil sans les étoiles. Et moi ? Suis-je comme cette feuille, un fragment d’un tout immense, lié à tout ce qui est ?

Lorsque je ferme les yeux et que je m’abandonne au silence 4️⃣, il me semble parfois percevoir ce lien. Ce n’est pas une pensée, c’est une sensation, une intuition qui dépasse les limites de mon esprit. Dans ces instants, je ne suis plus séparé du monde. Je ne suis plus Michaël. Je ne suis plus le personnage. Je suis la feuille, l’arbre, la lumière, le vent, la pluie.

Je sais que, dans ce monde de dualité, cette unité n’est pas permanente. Elle est comme un papillon, délicate, fugace, fragile, éphémère. Dès que je tente de la retenir, elle disparaît. Pourquoi ? Peut-être parce que vouloir comprendre avec l’intellect ce qui dépasse ses limites revient à vouloir emprisonner le ciel dans une cage.

J’ai longtemps cru que la vérité résidait dans des réponses définitives. Aujourd’hui, je me demande si ce n’est pas dans les questions elles-mêmes qu’elle se trouve. Qui suis-je ? Que signifie être vivant ? Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ? Ces questions ne me désespèrent plus. Elles sont comme des étoiles, elles éclairent mon chemin sans jamais me demander d’arriver.

J’ai déjà fait référence à Héraclite d’Éphèse, que j’ai déjà cité dans d’autres textes 5️⃣, en reprenant cette citation : « Nul Homme ne se baigne deux fois dans le même fleuve car, la seconde fois, ce n’est plus ni la même eau ni le même homme ». Par rapport à ce que j’avais déjà écrit, cette citation s’est transformée, elle a infusé en moi. Au départ, je disais que je ne suis plus le même que l’instant d’avant, comme le fleuve n’est plus le même que l’instant d’avant. Cependant, maintenant, même si je ne suis plus le même en tant que voyageur en entrant dans le fleuve, je suis que je suis le fleuve lui-même. Chaque instant me change, chaque expérience me façonne. Je ne peux rester immobile car Être c’est changer.

Je n’ai plus besoin de m’accrocher à une image fixe de moi-même. Je peux être l’eau qui coule, le vent qui souffle, le feu qui réchauffe, l’air qui m’alimente. Cette liberté, cependant, n’est pas toujours confortable. Être fluide 6️⃣, c’est accepter l’incertitude, accueillir l’inattendu, sans peur, sans jugement.

Il y a des moments où je suis envahi par un sentiment étrange, une sorte de nostalgie pour un lieu que je ne connais pas. Comme si, au fond de moi, je me souvenais d’avoir été entier, complet, avant d’être dispersé dans cette existence fragmentée. Est-ce là le sens de ma conquête ? Retrouver cette unité perdue ?

Je ne peux m’empêcher de voir une beauté infinie dans le fait que, malgré les siècles, ces questions continuent de résonner. Peu importe où je me trouve. Peu importe dans quelle Vie où Je Suis, je ne suis jamais seul dans cette recherche. D’autres avant moi ont contemplé le ciel, écouté le silence, plongé en eux-mêmes. Et d’autres, après moi, le feront aussi.

Ce qui m’émerveille le plus, c’est que je ne peux jamais vraiment saisir la vérité, comme on saisirait un objet. Chaque fois que je crois l’avoir trouvée, elle se dérobe, m’invitant à aller plus loin. Peut-être est-ce ceci, le secret de la vie : « Non pas trouver, simplement chercher. Non pas posséder, simplement Être en mouvement ».

Je me rends compte que ce voyage intérieur n’est pas une fuite du monde, c’est un retour à Lui. Plus je plonge en moi-même, plus je vois la beauté dans ce qui m’entoure comme le rire d’un enfant, le murmure du vent, la lumière dansant sur l’eau. Tout cela est à la fois si ordinaire, si enchanteur voire si miraculeux.

Et lorsque je me perds dans le bruit et l’agitation, lorsque je me sens coupé des autres et de moi-même, il suffit parfois de m’arrêter, de respirer. Alors, je me rappelle que je ne suis jamais vraiment seul. Ce que je cherche est déjà ici, dans le silence entre deux pensées, entre un inspire et un expire, dans la profondeur de ce moment présent.

Peut-être n’y a-t-il pas de réponse unique à la question « Qui suis-je ? ». Peut-être suis-je simplement ce point d’intersection entre le fini et l’infini, ce regard qui contemple le monde, cette voix qui ose poser les questions sans attendre de réponses définitives.

Je Suis, à la fois, Tout et Rien, un voyageur et le chemin, une feuille et l’arbre, un fragment et le Tout. Dans cette acceptation, je découvre quelque chose de plus précieux que toutes les réponses : « La Joie d’Être, Simplement ».

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250109-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Hugo Toro – 2024 – 365)

1️⃣ :  Les « Upanishad » ou « Upaniṣad » (du sanskrit « upa » signifiant « déplacement physique », « ni » signifiant « mouvement vers le bas » et « shad » signifiant « s’asseoir », soit l’idée de « venir s’asseoir respectueusement au pied du maître pour écouter son enseignement ») sont un ensemble de textes philosophiques qui forment la base théorique de la religion hindoue (merci Wikipedia) ;

2️⃣ :  voir le texte « La Nuit Noire de l’ego » ;

3️⃣ :  voir le texte « Le Voyage de l’Être » ;

4️⃣ :  voir le texte « Ode au Silence » ;

5️⃣ :  « L’Écho des Anneaux », « Le plus sûr de l’avenir, c’est qu’il n’aura rien de ce que nous tenons pour sûr », « La Lumière des Instants », « La Spirale des Illusions » ;

6️⃣ :  voir le texte « Fluidité ».

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