Pi
Tout le monde a vu, a appris, à l’école, que Pi est le rapport entre la circonférence d’un cercle et son diamètre. C’est également le rapport entre la superficie d’un cercle et le carré de son rayon. Normalement, il a également été vu que ce nombre Pi est un nombre irrationnel. Un nombre irrationnel est un nombre qui ne peut pas être écrit sous la forme d’une fraction simple, c’est-à-dire comme le rapport de deux nombres entiers. Il y a des exemples de nombres rationnels dans le texte « La Lumière des Instants » avec un demi, un quart, un huitième, un seizième.
Pi, appelé également « constante d’Archimède », a aussi un autre élément important. Il a un nombre infini de décimales sans suite logique. Dit d’une autre façon, ses décimales continuent à l’infini sans jamais se répéter. Ceci veut simplement dire qu’il n’y a jamais deux chiffres identiques qui se suivent.
En 2013, douze mille milliards de décimales avaient été trouvée ou plutôt générée par ordinateur. En 2022, c’est cent mille milliards. Le champion du monde de mémorisation des décimales de Pi serait le Japonais Akira Haraguchi (né en 1946). En 2006, il aurait récité 111700 décimales. Ce record n’est pas validé par le livre Guinness des records, qui reconnaît comme champion mondial l’Indien Suresh Kumar Sharma avec 70030 décimales récitées en 2015.
Cependant, il y aussi un autre nombre de même nature dont j’ai déjà parlé dans le texte « Le Nombre Magique ou L’illusion de la Séparation », c’est le « Nombre d’Or ». Ce nombre, apprécié des architectes, des alchimistes, est appelé aussi « section dorée » par Léonard de Vinci (à noter que l’Homme de Vitruve donne l’illusion du nombre d’or), « proportion dorée » ou encore « divine proportion » par le Moine Franciscain Luca Pacioli 1️⃣. Le terme « nombre d’or » a été donné par Matila Ghyka 2️⃣.
Voici pour l’introduction mathématique du présent texte. Comme vous l’avez compris, ce n’est que le début car le nombre Pi continue à l’infini. Il continue sans jamais se répéter. Ce qui veut dire qu’à l’intérieur de cette suite de chiffres décimaux, se trouvent tous les nombres existants et, ce, sans exception. Il y a chaque date de naissance, chaque numéro de carte bancaire, chaque code secret, chaque numéro de sécurité sociale, chaque évènement majeur ou mineur de l’humanité, chaque coordonnée exacte des étoiles dans le ciel. Tout est, dans ce nombre, caché quelque part.
J’imagine convertir ces chiffres décimaux en lettres en me basant, par exemple, sur la convention 1=A, 2=B, … 26=Z ou sur une autre codification comme le code ASCII 3️⃣. Je verrai, ainsi, apparaître tous les mots du dictionnaire. Toutes les combinaisons imaginables y sont comme la première syllabe prononcée quand j’étais bébé, le nom de celle ou celui m’a fait découvrir l’AMOUR. En fait, toute ma vie entière racontée d’un bout à l’autre, tout ce que je peux dire, écrire, faire, tout le champ infini des possibles, toutes les hypothèses sont contenues dans ce simple cercle.
En fait, Pi n’est pas qu’un chiffre, ni même une constante mathématique, c’est un portail vers l’Infini, un symbole d’une immensité que l’esprit humain peine à appréhender. Il y a même mes propres incertitudes.
Ceci me fascine autant que ceci me trouble. Car si chaque événement de ma vie, chaque mot que j’ai prononcé, chaque pensée que j’ai eue est inscrit, quelque part, dans cet océan de décimales, alors, qui suis-je ? Suis-je unique ou ne suis-je qu’un motif dans un maelstrom de chiffres ?
Pourtant, ce n’est pas ici que réside le véritable mystère de Pi. Ce n’est pas un coffre aux trésors où je peux trouver des réponses. C’est plutôt un miroir qui reflète mes propres questions. Pi n’écrit pas ma vie. Il me rappelle simplement que la vie, ma Vie, comme lui, est infinie dans ses possibilités.
Le cercle est le signe de l’unité, de la complétude, du Divin. Il n’a ni début ni fin comme me l’avait dit un jour Judicaël. Le cercle est éternel, tout comme l’est Pi.
Pourtant, ce qui me frappe, c’est le contraste entre cette forme parfaite et les chiffres désordonnés qu’elle contient. Ceci me fait penser à la condition humaine. J’aspire à une certaine « perfection » et je suis traversé par le « chaos ». Je cherche un sens, un chemin, une direction alors que l’Univers semble, lui, s’étendre sans but précis, comme Pi.
Je ne peux m’empêcher d’y voir une analogie avec ma propre Vie. Chaque jour, je trace des cercles dans mon esprit comme des routines, des projets, des relations. Comme dans le cercle mathématique, ces tracés contiennent une infinité d’interprétations, une infinité de chemins que je pourrais emprunter.
Ce Pi me rappelle que je ne peux jamais tout comprendre, tout contrôler 4️⃣. Il m’invite aussi à embrasser cette infinité, à reconnaître que, dans l’infini de mes choix, il y a une beauté à découvrir même si elle est parfois invisible, cachée, non manifestée.
Ainsi, une question se pose : « Que faire de cette infinité ? ». N’est-ce pas une question essentielle ? Que faire de cette information ? À quoi me sert-il de savoir que, dans les décimales de Pi, se cache peut-être le roman que je n’ai jamais écrit, les histoires que je n’ai jamais connues, les réponses aux questions que je n’ai pas encore posées ?
La réponse, pour ma part, réside dans l’action. Ce n’est pas parce que l’infini existe que je dois m’y perdre. Au contraire, il m’invite à choisir, à dessiner un chemin dans cet océan de possibilités.
Blaise Pascal 5️⃣ disait « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Moi, au contraire, ce silence m’apaise. Car dans ce vide apparent, je vois un champ ouvert, un espace dans lequel je peux faire, je peux créer, je peux rêver, je peux Être.
En fait, Pi n’était qu’une métaphore pour me permettre d’écrire ce texte. C’est un moyen, pour moi, de contempler ce que signifie Être Vivant même si je suis un être limité, conscient de l’infini. Je suis comme un cercle conscient de sa propre circonférence sans début ni fin.
Chaque jour, je me dis que je peux choisir de rester à la surface, d’admirer le cercle en tant que figure parfaite ou de plonger dans les profondeurs de ses décimales, de chercher des motifs, des réponses, des échos.
Pi m’enseigne une leçon d’éternité. Tout est déjà ici contenu dans l’infini. Cependant, cet infini n’a de sens que si je décide de lui en donner. Ce n’est pas l’univers qui me parle, c’est moi qui y projette mes espoirs, mes doutes.
Ainsi, que puis-je faire avec cette information ? Je peux choisir de m’en émerveiller, de la transformer en art, en science, en AMOUR. Je peux choisir d’y voir un rappel de ma propre petitesse ou de ma grandeur.
En traçant un cercle, je ne dessine pas seulement une forme. Je m’ouvre à l’idée que, dans chaque contour, dans chaque limite, se cache une infinité de possibilités.
Et Toi ?
Et Toi, que ferais-tu de cette infinité ? Le cercle est ici devant Toi. Ses décimales s’étendent à perte de vue comme un océan sans rivage. Cependant, le bateau est entre tes mains. Alors, où choisirais-tu d’aller ?
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250106-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Versa – 2007 – Versa)
2️⃣ : Matila Costiesco Ghyka (1881-1965), est un poète, romancier, ingénieur électrique, mathématicien, historien, militaire, avocat, diplomate et ministre plénipotentiaire roumain au Royaume-Uni durant la fin des années 1930 jusqu’en 1940. Son premier prénom est parfois écrit Matyla (merci Wikipedia) ;
3️⃣ : ASCII signifie American Standard Code for Information Interchange (Code américain normalisé pour l’échange d’informations). Il a été créé dans les années 1960 pour standardiser la manière dont les ordinateurs traitent le texte ;
4️⃣ : voir le texte « De mon invitation au Lâcher-Prise » ;
5️⃣ : Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un polymathe : mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées (merci Wikipedia).

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