Qu’est-ce que la connaissance ?
Il est rare que le titre d’un texte en cours d’écriture commence par une question. En fait, le titre est simplement une question auto-posée par Sylvain du Boullay 1️⃣ dans une interview du site Tristrya Productions 2️⃣. Cette interview est intitulée : « Sylvain du Boullay : Vivre un miracle ».
J’avais déjà entendu le nom de Sylvain du Boullay car il a participé à la traduction, en français, du « Cours En Miracles », il a écrit, notamment, un livre intitulé « Au-delà d’un Cours en Miracles » avec Phoebe Lauren 3️⃣. Je sais aussi que Sylvain Didelot en parle aussi quand il parle du « Cours en Miracles ».
Toujours est-il que « Qu’est-ce que la connaissance ? ». La connaissance, telle que je la ressens, semble être plus qu’une simple accumulation de faits, plus qu’une compréhension rationnelle, plus que des apprentissages intellectuels dans les écoles, les lycées, les universités. Elle est une rencontre avec CE QUI EST, un contact direct, sans filtre, avec la réalité.
Avant d’aller plus loin, alors que j’avais « finalisé » le présent texte, même si je ne l’avais pas encore relu et que j’allais fermer mon traitement de texte, ma Bienaimée me fait parvenir un courriel de son Inspectrice générale pour les vœux de fin d’année 2024. Et surprise, inattendu, coïncidence, synchronicité, peu importe, voici le début de ce courriel.
Aujourd’hui nous vivons dans un monde où les connaissances sont foisonnantes mais aussi et surtout, ne sont plus réservées aux esprits scientifiques qui contribuent à les produire et sont devenues facilement accessibles au plus grand nombre.
Nous savons ainsi que notre cerveau peut nous jouer bien des tours. Cherchant à consommer le moins d’énergie possible, il a tendance à activer toujours les mêmes circuits et nous pousse naturellement à reproduire les schémas de pensées que les circonstances de nos vies l’ont amené à le plus développer.
Mais nous savons aussi que, moyennant un entraînement comme nous le ferions avec nos muscles, notre cerveau est capable de développer de nouveaux circuits. Cela s’appelle la neuroplasticité et plus nous nous entraînons plus il nous devient facile de changer nos schémas de pensée.
Nous vivons par ailleurs aussi dans un monde où l’insatisfaction s’exprime sans retenue voire même de plus en plus souvent avec violence.
Je constate tous les jours combien vous êtes des personnes engagées dans votre travail et dévouées à satisfaire les multiples demandes de nos usagers et de nos dirigeants et peut-être que, comme moi, vous avez été « câblé » comme cela dès votre plus jeune âge.
Ce n’est ni bien ni mal mais nous devons simplement en avoir conscience, revenir de temps à autre à soi en respectant ses limites et entraîner notre cerveau à réagir autrement à l’insatisfaction que par la culpabilité ou le découragement.
Je suis en accord avec ce qu’elle a dit. Je remercie cette personne pour son ouverture d’esprit.
Ainsi, est-ce que « connaître » se résume, simplement, à enregistrer, à mémoriser, à classer, à étiqueter, à cataloguer ? Ou bien est-ce une révélation, un acte de communion avec ce qui existe ? Il y a une phrase, une citation attribuée à Socrate qui me parle. C’est « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » 4️⃣. En fait, elle a été reprise par Platon, un de ses disciples car Socrate n’a en réalité écrit aucune ligne.
Cette phrase vient d’un « ensemble » plus grand : « Cet homme-là, moi, je suis plus sage que lui. Car il y a certes des chances qu’aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Je me fais du moins l’effet d’être plus sage que cet homme justement par ce mince avantage, que ce que je ne sais pas, je ne crois pas non plus le savoir » (Apologie de Socrate, 21d).
Ceci me rappelle la célèbre caverne 5️⃣ de Platon. Dans ma reconnaissance de l’ignorance, j’y vois déjà un savoir qui est celui des limites de mon propre esprit. La connaissance véritable, me semble-t-il, exige une humilité fondamentale. Elle n’est pas arrogante. Elle ne revendique pas la maîtrise totale d’un sujet, d’une vérité. Elle est ouverture, disponibilité, une disposition à se laisser transformer par ce qui est cherché à comprendre. Chaque fois que je me surprends à penser que « Je Sais » quelque chose, une partie de moi murmure que je suis encore bien loin de l’avoir pleinement saisi.
La connaissance, dans son essence, est un pont entre l’observateur et l’observé 6️⃣, entre connu et l’inconnu, entre le monde et moi. Mais ce pont, loin d’être statique, est mouvant, vivant, fragile parfois. Quand je contemple un arbre, par exemple, que suis-je en train de (re)connaître ? Est-ce seulement une forme, une structure composée de racines, d’un tronc, de branches, de feuilles ? Ou est-ce bien plus que ceci comme un être vivant qui vibre d’une énergie, qui respire, communique avec son environnement 7️⃣ et même l’Univers tout entier ?
J’ai lu un jour ces mots de Spinoza 8️⃣ : « L’Âme est unie au corps comme l’idée d’une chose est unie à la chose elle-même ». Ainsi, il suggère que toute connaissance n’est pas seulement rationnelle, conceptuelle. Il existe une connaissance intuitive, une perception directe de la vérité où l’esprit et l’objet connu ne font plus qu’un.
Peut-être est-ce ceci, connaître, c’est abolir la distance entre ce que j’observe et moi. Quand je regarde l’arbre, il ne s’agit pas seulement de le comprendre avec ma raison, humblement aussi de sentir, en moi, la sève qui monte dans ses veines, d’être, ne serait-ce qu’un instant, cet arbre lui-même.
Je sais que cette communion idéale est rarement atteinte. Je sens en moi des barrières, des filtres, des voiles qui déforment, qui obscurcissent ma vision. Ces limites de la connaissance, je les reconnais dans mes préjugés, mes habitudes de pensée et, surtout, dans ma tendance à vouloir, parfois, réduire certaines choses à ce qui peut être mesuré, analysé ou mis en mots.
Je sais aussi que ma perception est biaisée. Je ne perçois jamais les choses en elles-mêmes. Je perçois seulement des phénomènes, des représentations filtrées par mes sens, par ma catégorisation mentale 9️⃣. En fait, ceci me « force » à reconnaître l’imperfection de toute connaissance humaine.
Pourtant mes limites, paradoxalement, sont aussi ce qui rend la conquête de la connaissance si précieuse. Si tout m’était donné immédiatement, sans effort, la connaissance n’aurait pas de saveur. Ce sont précisément les obstacles comme l’incertitude, le doute, l’ignorance qui m’invitent à aller plus loin, à chercher toujours davantage.
Et si la connaissance, au-delà de mes limites, était en réalité un chemin de transformation intérieure ? Quand je regarde l’histoire des grandes traditions spirituelles, je vois qu’elles placent toutes la quête de la connaissance au cœur de leur enseignement. Ainsi le « Connais-toi toi-même » de Socrate n’est pas qu’une simple introspection, c’est une porte vers l’Universalité. Lao-Tseu disait « Qui connaît les hommes est averti ; qui se connaît soi-même est éclairé ».
L’autre question qui arrive, de suite, après « à se connaître » est « Comment atteindre cette connaissance dite transcendantale ? ». Est-ce qu’elle passe par un dépouillement, une mise à nu, par un lâcher-prise, par un voyage dans son désert ? Je sais que ce n’est pas en remplissant mon esprit de concepts, de théories que je m’en approcherai. Ne serait-ce pas en apprenant à écouter, à ressentir, à Être pleinement Présent ?
N’y a-t-il pas une dimension d’AMOUR dans tout ceci. Aimer le monde pour ce qu’il est avec ses mystères et ses contradictions. Aimer l’Autre comme un Être vivant, unique, infiniment précieux et non comme un objet à comprendre, à maîtriser.
Ainsi, lorsque je m’interroge sur ce qu’est la connaissance, je réalise que la réponse ne peut être figée. La connaissance véritable est vivante, dynamique, toujours en devenir.
Et peut-être que le but ultime n’est pas tant de tout savoir que de tout Être. Être pleinement, Ici et Maintenant, en contact direct avec la réalité, sans peur et sans réserve. Connaître, dans cette perspective, n’est pas une fin en soi, uniquement un moyen de grandir, de s’éveiller, de devenir chaque jour un peu plus Soi-même.
Ainsi, je continue mon exploration. Dans cette exploration, j’y trouve une Joie immense, une Gratitude infinie pour le simple fait d’être en Vie au cœur de cette vaste et merveilleuse énigme.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea »RENARD (20241220-1 & 20241226-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Whispering Void – 2024 – At The Sound Of The Heart (Deluxe Edition))
1️⃣ : Sylvain THILLAYE DU BOULLAY (1940 – 2020) a été un auteur, conférencier, accompagnateur et animateur de séminaires de développement personnel en France et à l’étranger. À partir de 1986, son chemin fait de multiples expériences très pratiques et variées l’a conduit à vivre encore plus concrètement les enseignements non duels et la connaissance de soi-même.
2️⃣ : Tistrya a été fondé en 2013 et est gérée de manière totalement indépendante par 2 personnes : Anthony Chene – Réalisateur & Xavier Faye – Praticien en hypnose SAJECE. La méthode SAJECE se base sur des métaphores qui laissent la liberté au sujet de puiser le message qui conviendra parfaitement à sa situation ;
3️⃣ : Phoebe LAUREN, anciennement avocate spécialisée en droit civil, est écrivain, conférencière, conseillère et animatrice de séminaires, spécialisée dans le développement des qualités personnelles par l’éclairage des vérités spirituelles et des valeurs universelles ;
4️⃣ : voir le texte « Le Doute ou la FOI » ;
5️⃣ : voir le texte « La caverne de l’ignorance » ;
6️⃣ : voir le texte « Qu’est-ce qui existait avant l’Univers ? » ;
7️⃣ : voir le texte « L’Homme et l’Environnement » (sous-titre : « L’Homme est son Environnement. L’Environnement fait l’Homme ») ;
8️⃣ : Baruch Spinoza, né le 24 novembre 1632 à Amsterdam et mort le 21 février 1677 à La Haye, est un philosophe néerlandais d’origine séfarade. Son père, Miguel de Espinosa, est né à Vidigueira et sa mère, Ana Débora Gomes Garcês de Espinosa, à Ponte de Lima ;
9️⃣ : voir le texte « Le sage, la lune, l’idiot ».

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