Qu’est-ce qui existait avant l’Univers ?
Tant que j’y étais, je poursuis mon questionnement sur la nature de Dieu 1️⃣ et de l’Univers. Avant l’Univers, avant sa première vibration, avec son premier chant 2️⃣, avant son premier souffle, que pouvait-il y avoir ?
Je commence par envisager le concept du « Rien », un vide absolu, dépourvu de matière, d’énergie, d’espace, de temps. Mais ce « rien », paradoxalement, m’échappe. Puis-je vraiment concevoir une absence totale, un néant qui ne soit ni noir ni blanc, ni chaud ni froid, ni lumineux ni ombragé, ni même silencieux ? Je tente d’imaginer ce « rien » et, en même temps, mon esprit incarné dans ce monde ne parvient qu’à le remplir d’un vide factice, une sorte de « quelque chose » qui imite le rien. En paraphrasant une célèbre publicité de 1986 pour une boisson gazeuse au gingembre : « Ça a la couleur du rien, le goût du rien… mais ce n’est pas rien ».
Tant que j’y suis, je fais référence à la notion de « rien » donnée par Raymond Devos : « De rien, car rien c’est pas rien, la preuve, c’est qu’on peut le soustraire. Rien moins rien, égal moins que rien ! Alors, si on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose. On peut acheter quelque chose avec rien en le multipliant. Bon, une fois rien, c’est rien. Deux fois rien, c’est pas beaucoup, d’accord, mais trois fois rien… pour trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose ! Et pour pas cher ! ».
Donc, si ce « rien » a précédé l’Univers, pourquoi et comment quelque chose est-il venu en être issu ? En d’autres termes, est-ce que le néant peut engendrer quelque chose ? Si la réponse est affirmative, alors ce qui existait avant l’Univers ne pouvait pas être le néant. Qu’est-ce donc ? Ma réponse serait : « C’est une excellente question. Merci de l’avoir posée ».
« Dis Michaël ! Tu passes de ‘rien’ à ‘néant’. C’est étrange ». Ma réponse est « Merci de l’avoir remarqué ». Le « Rien » est souvent utilisé pour indiquer une absence relative, une privation ou une potentialité non encore réalisée. En d’autres termes, il manque quelque chose. Un exemple simple : « Il n’y a rien dans cette pièce », sous-entendu qu’il pouvait y avoir quelque chose. Le « Néant », lui, représente une absence absolue, fondamentale, souvent liée à des considérations existentielles, métaphysiques voire spirituelles. Donc, effectivement, la « logique » voudrait que je fasse référence à « Néant » plutôt qu’à « Rien ». En même temps (je souris), si j’avais directement commencé avec « Néant », je n’aurais pas écrit la partie du « Rien » de Raymond Devos.
Après cette « petite » digression linguistique, je me tourne vers une autre possibilité qui serait celle d’une source éternelle, intemporelle. Une réalité fondamentale qui n’aurait jamais eu de début 3️⃣ car le concept de commencement serait lui-même une « invention » de l’Univers. Ce qui existait avant, si je peux encore parler d’un « avant », serait au-delà du temps, au-delà de toute causalité.
Peut-être est-ce une conscience pure, un être sans forme, une énergie sans nom. Je songe à des termes comme le « Tao » 4️⃣ des anciens Chinois ou le « Brahman » 5️⃣ des traditions védiques, qui désignent une essence immuable et indéfinissable. Ces concepts me font percevoir l’Univers comme une manifestation, un déploiement d’une réalité qui lui préexistait et qui lui survivra.
Et si cette source intemporelle était aussi en moi ? Lorsque je médite, il m’arrive d’avoir l’impression fugace d’entrer en contact avec quelque chose d’antérieur à ma pensée, antérieur même à mon existence individuelle. Peut-être est-ce là une étincelle 6️⃣ de cette réalité originelle.
En même temps, mon mental ne s’arrête pas là. Il veut comprendre, analyser, explorer rationnellement. Les scientifiques proposent que le temps et l’espace eux-mêmes sont nés avec l’Univers. En ce sens, il serait absurde de parler d’un « avant » car le temps n’existait pas encore pour permettre une telle notion. Cependant, cela ne résout pas entièrement mon questionnement. Qu’est-ce qui a donné naissance à cet Univers ? Les lois de la physique, telles qu’elles sont, semblent elles-mêmes avoir émergé avec le Big Bang 7️⃣. Mais ces lois ont-elles été créées ou bien existaient-elles déjà sous une forme invisible, cachée, latente ?
Certains évoquent la possibilité d’un multivers. Dit d’une autre façon, l’existence d’une infinité d’Univers coexistant, chacun avec ses propres lois, son propre récit, sa propre trame. Dans ce cadre, notre Univers ne serait qu’une goutte parmi d’autres dans un océan infini. Ce qui existait « avant », ou plutôt « au-delà » de notre Univers, serait cette étendue infinie d’Univers potentiels. Une idée fascinante presque vertigineuse car où commence ce multivers et, surtout, qu’est-ce qui l’a engendré, lui ?
Bien évidemment, me vient à l’esprit, la création Divine. Ainsi, l’Univers est le fruit d’une volonté consciente, d’un dessein précis, d’une énergie. Mais ici, encore, une autre question implacable surgit : « Qui a créé le créateur ? Si Dieu ou un Être supérieur existait avant l’Univers, qu’y avait-il avant lui ? ». Ces questions, beaucoup de personnes les ont posées. C’est un peu comme l’observateur qui observe une scène. Est-ce qu’il y a un observateur qui observe l’observateur ? Ce questionnement, je le sens, mène à une régression infinie 8️⃣, une suite d’interrogations sans fin. Pourtant, il y a, quand même, quelque chose de profondément humain à chercher un sens, une intention 9️⃣ derrière la naissance de TOUT CE QUI EST.
Je sais que j’ai une limite inhérente à mon incarnation dans un corps fini. Peut-être que la question « Qu’y avait-il avant l’Univers ? » est mal posée. En fait, mes concepts, mes acquis, mon langage sont façonnés par un monde où tout a un début et une fin. C’est pour ceci que j’écrivais un « corps fini ». Comment un corps fini peut-il comprendre l’infini ? De toutes façons, l’idée, même, d’un « avant » repose sur une conception linéaire du temps. Or comme je l’ai déjà écrit, le passé, le présent, le futur, représentant le temps, ne sont qu’un mode particulier de perception à savoir des illusions ?
Je me rappelle une analogie que j’ai lue un jour : « Demander ce qui existait avant l’Univers, c’est comme demander ce qu’il y a au nord du pôle Nord ». La question perd son sens, non parce qu’elle est stupide, mais parce qu’elle repose sur des présupposés erronés.
Ce mystère, même s’il semble insoluble, est fertile. Il éveille, en moi, une forme de transcendance, une reconnaissance de ma propre « petitesse » face à l’immensité de ce qui m’entoure. Il me rappelle que ma quête * de compréhension, bien qu’imparfaite, est en elle-même un acte de création. En imaginant ce qui existait avant l’Univers, je participe, d’une certaine manière, autant à l’expansion qu’à l’intégration de mon propre Univers intérieur.
Tout ceci me pousse aussi à l’humilité. Il me rappelle que certaines vérités échappent à mon « contrôle » et que certaines réponses sont à accueillir avec silence plutôt qu’avec des mots. Et dans ce silence, je trouve un écho de ce qui existait « avant », c’est-à-dire que ce n’est pas un « rien » stérile plutôt une potentialité infinie.
Ainsi, il n’y a pas une réponse définitive. Peut-être n’y en a-t-il pas. Ce qui existait avant l’Univers reste un mystère, peu importe l’angle selon lequel il est abordé. Par contre, ce que je sais, c’est que cette question m’invite à contempler, à « rêver », à me dépasser, à évoluer. Cette question, dans son insondabilité, devient un miroir dans lequel je me découvre moi-même avec mes limites et mes aspirations.
Et si, au fond, ce mystère n’était pas fait pour être résolu, simplement pour être vécu ?
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241128-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Michael Garrison – 1979 – In The Regions Of Sunreturn & Mike Brooks – 1986 – Sacred Voyage)
1️⃣ : voir, notamment, les textes « Dieu est le Temps » et « Pourquoi la Source laisse-t-elle les atrocités se produire ? » ;
2️⃣ : voir le texte « Un oiseau a chanté au premier jour de la Création… » ;
3️⃣ : voir le texte « Sans Queue, Ni Tête ? » ;
4️⃣ : le mot « Tao » signifie « Être Suprême », « Voie », « Chemin ». Le « Tao » est la « Mère du monde », le principe qui engendre tout ce qui existe, la force fondamentale qui coule en toutes choses de l’univers. C’est l’essence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible (Gerhard J. Bellinger, Encyclopédie des religions, Librairie Générale Française, 2000) ;
5️⃣ : « Brahman » est un terme sanskrit qui est utilisé dans plusieurs religions de l’Inde telles que le védisme, le brahmanisme et l’hindouisme. Il désigne selon le contexte : « les textes védiques ; la puissance mystérieuse grâce à laquelle les rites sont efficaces ; le Sacré ; l’Absolu ; la seule Réalité dont la manifestation (Māyā) n’est qu’une illusion ; la Conscience qui se connaît en tout ce qui existe, l’existence supracosmique qui sous-tend le cosmos » (Jean Herbert et Jean Varenne, Vocabulaire de l’hindouisme, Dervy, 1985). ;
6️⃣ : voir le texte « Étincelles de Vie » ;
7️⃣ : voir le texte « Georges Lemaître » ;
8️⃣ : Par « Régression Infinie », j’entends la notion d’expliquer que c’est remonter du présent à ce qui l’a précédé, du composé au simple, la régression à l’infini est un procédé logique qui tente de rencontrer une limite ou un terme premier ne dépendant plus d’aucune condition ;
9️⃣ : voir, notamment, les textes « Mon Introspection Spirituelle » et « L’Intention Secréte » ;
* : voir le texte « C’est ma Prière ».

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