Les Traces Un-Visibles

C’est bientôt la fin de l’année. Cette année a été riche en révélations, en rencontres, en expériences de Vie et aussi en questionnement. Il paraît que l’on regarde dans le « rétroviseur » pour voir ce qui a été accompli et ce qui a été inaccompli 1️⃣.

Quand je regarde le chemin parcouru, je constate qu’il n’y a rien de droit. Ceci ne signifie pas qu’il est de travers, qu’il y a des malfaçons. Certes, il y a eu des détours, des chemins de traverse. Ce chemin, il est ici serpentant entre mes choix, mes doutes et mes moments de clarté. Je le parcours, à rebours, comme si je passais la main sur le grain d’un bois ancien. J’en ressens son histoire dans chaque aspérité, chaque nœud, chaque détail. Je ne cherche ni à polir les aspérités, ni à masquer les nœuds et, encore moins, à faire disparaître les détails. Même si certain.e.s pensent que c’est un tracé imparfait, je sais qu’il m’appartient et que nul autre n’aurait pu le dessiner comme je l’ai esquissé avant de venir dans ce monde. Chaque pas, que j’ai fait, a laissé sa marque, tantôt discrète, tant^tot profonde parfois hésitante, et, en même temps, mon empreinte est plus durable que je ne l’aurais imaginé.

Au commencement, j’ai cru que les décisions ne venaient uniquement que de moi. Je façonnais ma Vie dans une matière malléable comme de l’argile fraîche. Avec le temps, une intuition s’est glissée en moi telle la caresse d’un léger vent chaud d’été : « Peut-être n’étais-je pas le seul Artisan ? ». Peut-être étais-je, aussi, façonné par la Vie, par des forces discrètes et subtiles, par des Âmes que j’ai croisées et qui ont déposé, en moi, un peu de leur Lumière ou de leur ombre. Je suis, tout autant que je me construis, un reflet de ce que j’ai absorbé et de ce que j’ai laissé entrer.

J’ai cherché dans le monde la confirmation d’un sens profond, une mission à accomplir. Souvent, les réponses m’échappaient se dérobant dès que je croyais les saisir. Alors, j’ai appris à ne plus forcer le destin, à laisser les jours et les nuits s’enrouler autour de moi comme une étoffe souple épousant les contours de ma propre réalité. J’ai découvert la beauté d’un chemin qui se trace sans que j’aie à le concevoir pleinement, un chemin qui semble parfois choisir pour moi.

Il y a quelques mois, pour ne pas écrire quelques années, une pensée m’a traversé l’esprit : « Et si la beauté de ma vie ne résidait pas dans la grandeur de ce que je laissais derrière moi, mais dans la qualité de ma Présence, dans cette manière d’être, sans bruit, sans cri, en humble compagnon du monde ? ». Cette question m’a permis de marcher avec moins de certitudes et, en même temps, avec plus de douceur acceptant que la réalité ait ses mystères et que le Vrai peut se dissimuler sous les plis ordinaires de la Vie quotidienne.

J’ai aimé, parfois sans retour, mais cet Amour m’a enseigné la patience, cette force tranquille qui grandit en silence. C’est dans ces élans d’affection, sans attente, dans ces regards attentifs aux détails de celles et ceux qui m’entourent, que j’ai perçu la vérité la plus profonde : « J’existe aussi dans les autres, dans leur mémoire, dans ce que je dépose dans leur Cœur. Ce que j’ai laissé, même infime, dans le regard d’un.e inconnu.e, dans la voix d’un.e ami.e, dans le sourire d’un enfant, voici, peut-être, ce qui perdure au-delà de mon passage ».

Les moments de solitude ont souvent été pour moi des terres d’apprentissage, des champs fertiles où mes pensées germaient librement sans l’obligation de plaire, de convaincre. Dans ces heures d’introspection, j’ai souvent découvert des facettes de moi-même que le bruit du monde étouffait. J’ai appris que la solitude, lorsqu’elle est acceptée, n’est pas un poids, c’est une force, une opportunité de me retrouver, d’écouter le murmure de cette partie de moi qui ne demande qu’à se révéler.

Il y a des soirs où je me surprends à revisiter des instants ordinaires, de ceux que je laisse filer sans y prêter attention. Une parole échangée, un geste simple, une amitié sincère, je réalise qu’ils sont les véritables trésors. Ces instants sont comme des pierres précieuses glissées dans le cours de mes jours, des gemmes de chaleur humaine illuminant, discrètement, l’ombre de ma Vie. Peut-être qu’au final, ma trace se résume à ceci : « Une succession de petites étincelles allumées sur le chemin des autres, une lueur que j’ai laissée par un sourire, un mot de réconfort, un geste anodin ».

J’ai accepté aussi que mes faiblesses, mes lâchetés, mes erreurs, mes échecs n’ont pas été vains. Ils m’ont forgé, ils m’ont appris la mesure de ma fragilité, l’étendue de mes limites. J’ai appris à ne plus les cacher. Je les porte comme des couleurs de Vie, comme des aspérités qui ajoutent du relief à mon Être. Mes échecs ont été des mains bienveillantes qui m’ont ramené à moi, chaque fois que mon orgueil menaçait de m’éloigner de l’essentiel.

Aujourd’hui, quand je me tourne vers ce qui demeure derrière moi, je me demande s’il y a eu quelque chose de grand, quelque chose de noble. Peut-être est-ce mon ego qui parle, qui veut être reconnu et, pourtant, je sais que le plus précieux réside ailleurs. Il est dans la manière dont j’ai traversé mes jours, dont j’ai accueilli les autres, dont j’ai pris le temps de regarder autour de moi et de me pencher sur des Cœurs que j’ai parfois eu la chance de réchauffer. Il est ici dans ces détails que personne ne remarquera peut-être. Pourtant, il forme un fil invisible, tissé par des mains discrètes.

Lorsque je ne serai plus, que restera-t-il ? Quelques souvenirs peut-être, des impressions, une image vague. Il y a bien longtemps, j’aurais voulu laisser une empreinte profonde, durable, et, maintenant, j’accepte que ma trace soit légère, fluide, fragile, éphémère. Elle sera ce qu’elle doit être dans le souvenir de celles et ceux qui m’ont connu, dans les échos de mes gestes, dans ce que j’ai semé sans savoir si cela germerait.

Ainsi, la question s’impose enfin, comme une flamme vacillante sous le vent : « Quelle est l’œuvre qui a été la mienne ? ». Cette question suit les deux questions posées dans différents textes 2️⃣ : « Comment as-tu Aimé ? » et « Qu’as-tu fait pour ton Prochain ? ».

Je ne sais pas si j’ai vraiment créé quelque chose de tangible que d’aucun.e.s pourraient dire admirable, vénérable. Par contre, ce que je sais c’est j’ai vécu en écoutant cette voix douce, lumineuse qui m’appelait à la bienveillance, à la présence, à l’humilité, à l’AMOUR.

Je suis humble dans mon Œuvre. Et peut-être, au-delà des rêves de grandeur, est-ce là tout ce qui importe : « Avoir été là, simplement, intensément, intégralement en laissant une petite Lumière, une douce chaleur que d’autres pourront emporter ».

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241031-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Yenisei – 2024 – Home)

1️⃣ :  « Accompli/Inaccompli » : références utilisées par Annick de Souzenelle ;

2️⃣ :  voir les textes « Prochain Battement de Cœur », « Tea for Two », « InCognito » et « C’est ma Prière ».

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