Le Voyageur et la Mer
Je me suis laissé emporter, entraîné sans résistance dans cette immensité liquide. Les courants semblaient me pousser d’un côté, puis de l’autre. J’étais comme un Être ayant perdu son chemin, errant sans but dans l’infini des eaux célestes.
Au début, le ciel m’était favorable, dégagé, paisible, un miroir bienveillant pour ce voyage. Mais bientôt, d’épais nuages s’amoncelèrent au-dessus de moi et l’horizon se chargea d’une ombre menaçante.
Les premières vagues furent douces, presque apaisantes comme une berceuse égarée. Rapidement, leur rythme se fit plus rude et chacune d’elles semblait vouloir m’engloutir, m’attirer vers le fond, me tirer dans les abysses pour y faire disparaître toute trace de moi. Autour, le vent soufflait avec la violence d’une bête sauvage. Je sentais sa morsure et sa force s’infiltrer dans chaque recoin de mon Être me poussant toujours plus loin, toujours plus bas.
Dans cet enfer mouvant, la peur s’empara de moi. Une peur sourde, dense, qui tapissait mon cœur comme une cage d’acier. Elle murmurait que tout pourrait se finir ici, que ces eaux tumultueuses étaient le dernier décor que je verrais, que je disparaîtrais sans même avoir compris le sens de cette traversée. La solitude et l’immensité de l’océan autour de moi n’étaient que des échos de mon propre désarroi. Je me débattais, je luttais contre cette force colossale, espérant trouver un répit, une échappatoire.
Mais plus je résistais, plus les vagues semblaient redoubler d’intensité, comme si elles se nourrissaient de mes efforts, de ma propre incapacité à me soumettre. Alors, dans un dernier souffle, épuisé par cette lutte incessante, je m’arrêtai. Et là, dans cet instant de silence intérieur, quelque chose changea.
En cessant de lutter, en acceptant ce chaos, je fis une étrange découverte. Les vagues ne cherchaient pas à me détruire, elles ne voulaient pas me perdre. Elles avaient leur propre langage, un chant silencieux que je n’avais pas su entendre, trop occupé à me débattre. Je m’abandonnai alors au mouvement, me laissant porter par le rythme de l’eau, par cette pulsation ancestrale et profonde qui, soudain, me parut presque douce.
Au fil des heures, je trouvai un nouvel équilibre, un équilibre qui ne m’appartenait pas tout à fait, qui émanait de la mer elle-même. En me fondant dans cette immensité mouvante, j’appris à flotter, à glisser même comme si j’avais toujours fait partie de cette étendue liquide. Et dans cet abandon, une vérité simple, évidente, lumineuse m’apparut : « je n’étais pas perdu ». Je suivais un chemin invisible, tracé par des forces que je ne comprenais pas, et qui, en même temps, semblaient connaître ma destination mieux que moi.
Avec l’aube vint le calme, un apaisement profond qui couvrait l’océan d’une lumière dorée. Ce calme n’était pas un arrêt, c’était une nouvelle direction. Le vent s’était apaisé, les vagues s’étaient radoucies, le soleil levant dessinait un horizon clair devant moi. Je ne savais pas encore où il me mènerait qu’une paix inattendue m’envahit. J’avais ressenti, enfin, que la sagesse ne réside pas dans la maîtrise mais dans l’abandon, dans cette acceptation de ne pas toujours connaître le chemin.
C’est alors que je réalisai : « j’étais un bateau ». Un bateau aussi fragile que vaillant, errant sur l’océan, poussé par les vents et les courants, en quête de ce port où tout finit par s’ancrer. Dans cette révélation, je trouvai le réconfort. J’étais un bateau, un Voyageur de la mer immense. Ma destination m’attendait, peu importe qu’elle soit visible ou cachée dans les brumes de l’inconnu, dans les méandres de l’inattendu.
Ainsi est ma Vie de voyageur de mers intérieures. Je pensais être perdu. Pourtant un courant invisible guide les Cœurs et les Corps. Peu importe la destination tant qu’elle est celle du Cœur. Celle du Cœur, c’est celle de la Confiance avec laquelle je me laisse porter, même au plus fort de la tempête.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241026-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : eNil – 2024 – No Reckoning)

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