L’Arbre Doré
Dans une vaste forêt d’automne où les arbres se paraient de rouge, de brun, de cuivre, un seul arbre se tenait doré, lumineux et éclatant. Au milieu des troncs nus et des branches dépouillées, cet arbre jaune se sentait différent, presque étranger. Ses feuilles, encore intactes, resplendissaient sous les rayons du soleil tandis que le reste de la forêt s’enveloppait dans la mélancolie de la saison.
Jour après jour, l’arbre jaune contemplait ses voisins, leurs branches nues s’étendant comme des bras fatigués vers le ciel gris. Il les entendait murmurer dans le vent : « Pourquoi cet arbre est-il encore si vibrant ? Pourquoi n’a-t-il pas, comme nous, laissé tomber ses feuilles ? ».
L’arbre jaune se sentit isolé. Il rêvait de se fondre dans la masse, de n’être qu’un arbre parmi tant d’autres, d’être compris. Mais plus il brillait, plus il se sentait seul. Il se tourmentait : « Pourquoi suis-je différent ? Pourquoi la nature m’a-t-elle fait ainsi ? ».
Le vent d’automne continuait de souffler. Les autres arbres, perdus dans leur sommeil hivernal à venir, semblaient ignorer la solitude du jaune éclatant. Mais un matin, alors que la brume enveloppait la forêt, quelque chose changea. Les arbres environnants, dans leur nudité, commencèrent à le remarquer. Ce qu’ils avaient d’abord perçu comme étrange devint soudain fascinant.
« Regarde comme il brille encore, alors que nous sommes endormis dans l’attente de l’hiver » murmura un chêne centenaire. « Peut-être qu’il n’est pas si différent après tout. Il illumine notre forêt quand nous sommes dans l’ombre ».
Un érable, ses branches encore marquées par les souvenirs des feuilles rouges, ajouta : « Sans lui, notre forêt semblerait bien triste en ces jours sombres. Il porte encore la lumière de l’été dans ses feuilles dorées ».
Peu à peu, les arbres cessèrent de voir en lui une anomalie, un paria. Ils commencèrent à comprendre la valeur de sa singularité. Le soleil, perçant les nuages, éclaira de nouveau l’arbre jaune. Les autres arbres virent en lui non pas un être à part mais une étoile au cœur de leur communauté.
L’arbre jaune, lui, sentit ce changement. Sa solitude s’effaça comme une brume dissipée. Il comprit que sa différence n’était pas un fardeau mais un cadeau. Ce qu’il avait cru être une séparation était en réalité un lien. Sa lumière n’était pas seulement pour lui, elle était pour tous. Les autres arbres le surnommèrent : « L’Arbre Doré ».
Et désormais, chaque automne, lorsque les arbres perdirent leurs feuilles, ils attendirent avec impatience le moment où l’arbre jaune brillerait seul dans la forêt, pour rappeler à tous que la singularité, loin d’être une malédiction, était une source de beauté et de lumière pour ceux qui savaient la voir.
Moralité : Ce qui nous rend différents peut d’abord nous isoler et, en même temps, c’est souvent cette différence qui illumine le monde pour les autres.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241019-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Pink Floyd – 2014 – The Endless River)

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