Ce qu’est Dieu !
J’ai bien écrit « Ce qu’est Dieu ! » et non « Qui est Dieu ? ».
Je l’ai écrit comme une affirmation.
En même temps, si je demandais à un Sage, ou quelqu’un reconnu comme tel, ce qu’est Dieu (peu importe le nom), que me répondrait-il ? À ce stade, je ne sais pas sa réponse car je n’ai jamais rencontré de Sage.
Oh je sais que je peux trouver une définition du Sage comme étant un Être qui s’est éveillé à la réalité profonde de son Être et qui, à travers sa Simplicité, sa Paix, son Silence et son Amour, révèle la possibilité d’une autre manière d’être humain. Une bien belle définition n’est-il pas ? Je dirai même que c’est un peu pompeux voire pédant.
Ainsi, en ai-je déjà rencontré ? Peut-être que oui. Peut-être que non. J’ai rencontré, il me semble, des personnes s’en approchant via des vidéos, des audios, des lectures voire des échanges. Cependant, s’en approchant fait-il que ces dites personnes soient des Sages.
Je fais une expérience de pensée. Supposons que je puisse poser ma question à un Sage. Verrais-je son regard s’ouvrir ? Verrais-je ses lèvres se libérer ou se refermer ? Pour ma part, un Sage me répondrait par le Silence. Même si mon mental, mon ego me dirait : « il ne répond pas car il se pose lui-même la question et je vois dans ses yeux une autre question : ‘Mais pourquoi me pose-t-il cette question ?’ « .
Je continue mon expérience de pensée. Donc un Silence. Un Silence, non par absence de mots, uniquement parce que le Silence possède la Densité et la Transparence nécessaires pour laisser transparaître l’Essence. Toute parole limiterait l’Illimité. Toute Définition enfermerait ce qui ne peut être Nommé.
J’imagine (toujours mon expérience de pensée), un instant, que ce Sage me réponde avec des mots. Que pourrait-il me dire ?
Que Dieu est Amour. Ce serait « vrai ». Pourtant, l’Amour dont il parlerait n’est qu’un écho pâle de Celui qui fait vibrer la Trame même de l’Existence.
Que Dieu est Sagesse. Ce serait « vrai ». Pourtant la Sagesse humaine n’est qu’une lampe minuscule posée au pied du Soleil.
Que Dieu est Puissance, Justice, Lumière. Ce serait « vrai ».
Dire que Dieu est Puissance, Justice, Lumière. Oui, ce serait « vrai ». En même temps, ce « vrai » n’est qu’un reflet, une approximation, une silhouette projetée sur un mur.
Car chacun de ces mots, aussi nobles, aussi majestueux soient-ils, demeure encore une forme. La forme ne peut que frôler l’Infini.
Dieu est Puissance. La Puissance, telle qu’imaginée, est toujours liée à l’idée d’action, de force, de transformation du monde.
La Puissance Divine n’agit pas. Elle Est. Elle ne force rien, elle ne domine rien, elle ne conquiert rien. Elle est la Source de ce qui Existe, l’élan même de l’Être, un souffle si total qu’on ne peut plus l’appeler « Force » sans déjà le limiter.
Dieu est Justice. La Justice, telle que conçue, répartit, compare, mesure, équilibre voire déséquilibre.
La Justice Divine ne pèse rien. Elle embrasse. Elle n’oppose pas le juste à l’injuste. Elle révèle le sens. Elle est l’Harmonie Profonde où rien n’est « mérité » ni « infligé ». Tout trouve sa Place dans une intelligence bien plus vaste que les lois mentales.
Dieu est Lumière. La Lumière, telle que perçue, éclaire, dévoile, chasse l’ombre voire révèle l’ombre.
La Lumière Divine ne brille pas. Elle est Présence. Ce n’est pas éclat visible. C’est la Clarté Originelle qui permet même à la Conscience de percevoir. C’est la Lumière qui précède toute lumière. Celle qui ne se voit pas et, en même temps, Celle qui rend tout visible.
Ainsi, lorsque je dis ou que j’entends : « Dieu est Puissance, Justice, Lumière », les mots sont des mots justes. Juste des mots. Ces mots, aussi justes soit-il, ne capturent rien.
Ils frôlent seulement la surface de l’Absolu. C’est comme un doigt glissant sur l’eau d’un océan sans jamais atteindre sa profondeur infinie. Chaque mot est une tentative, un geste, une aspiration au Réel tout en restant prisonnier du langage.
L’Infini ne peut être touché par un mot. Il ne peut qu’être reconnu, silencieusement, dans l’Espace Intérieur où s’éteignent toutes les définitions.
Les mots sont faits pour le monde des formes. C’est pour ceci que j’ai mis « vrai » entre-guillemets.
Dieu, Lui, demeure au-delà de toute forme.
Les mots découpent. Dieu Unifie.
Les mots expliquent. Dieu se Révèle.
À ce stade de l’écriture de ce texte, et même si j’ai déjà esquissé ce qui va suivre dans la « première partie » du présent texte, je me « dois » d’expliciter ces deux phrases, ces deux affirmations qui me sont propres.
Les mots découpent. Dieu unifie.
Les mots sont des outils façonnés par l’esprit humain. Ils séparent, classent, segmentent car leur nature même est d’isoler un fragment du Réel pour le nommer. Un mot est une image dans un film, un son extrait d’une symphonie, un point sur une image, une goutte dans un océan. Chaque mot découpe un morceau du tissu continu de la Vie comme une lame subtile qui distingue ce qui, en vérité, ne fait qu’un.
Lorsque je parle, j’entre dans le domaine des formes, des limites, des distinctions, des séparations. Ceci est ceci, cela est cela (rappelez-vous le texte « Un caillou est un caillou »). Je sais que c’est « nécessaire » pour (inter)agir dans le monde et, en même temps, ceci ou cela éloigne de ce qui ne peut être divisé.
Dieu, Lui, ne se laisse pas découper. Il n’est ni une partie du monde, ni un concept parmi d’autres. Il est l’Unité sous-jacente à TOUT CE QUI EST.
Dieu n’est pas « quelque chose » séparé de « autre chose ». Il est la trame invisible. l’Unique qui se manifeste en une infinité de visages.
Ainsi, là où les mots séparent, Dieu relie.
Là où le langage fragmente, la Présence réunit.
Là où notre mental découpe le réel comme un puzzle, Dieu apparaît comme l’océan qui englobe chaque vague sans jamais les opposer.
Dans le silence où tombent les mots, l’Unité redevient perceptible.
Les mots expliquent. Dieu se révèle.
Les mots cherchent à expliquer, à rendre compréhensible ce qui entoure. Ils veulent donner des raisons, articuler des causes, construire des ponts logiques pour que l’esprit humain puisse saisir, comprendre, maîtriser voire contrôler.
Mais tout ce qui s’explique reste limité à la compréhension mentale. Le mental ne peut que tourner autour de la vérité, jamais l’embrasser.
Dieu ne s’explique pas car ce qui se situe au-delà du temps, de l’espace et de la pensée ne peut entrer dans les cadres de l’intellectualisation.
Dieu se révèle. Il apparaît spontanément à la Conscience qui s’est ouverte, purifiée, silencée.
Il ne se comprend pas. Il se vit.
Il ne s’atteint pas par un raisonnement. Il se dévoile dans la clarté intérieure, par intuition profonde, par une reconnaissance intime et directe.
L’explication est une démarche horizontale. Elle va d’un concept à un autre.
La Révélation est une descente « verticale ». Elle illumine l’Être tout Entier.
Là où les mots transmettent un savoir, Dieu transmet une Présence.
Là où les explications apaisent le mental, la Révélation transforme l’Âme.
Ainsi, on ne connaît pas Dieu en parlant de Lui, ni même en écoutant les discours les plus élevés qu’ils soient d’un Sage ou non. On Le reconnaît comme on reconnaît la Source d’où tout jaillit en plongeant au plus profond de Soi-Même. Là où cesse le tumulte, là où la pensée se tait, là où l’Âme devient claire comme un miroir immobile.
C’est dans cette région sans contours, cet Espace Intérieur qui ressemble à l’aube d’avant l’aube, que Dieu se laisse pressentir.
Non comme une idée, uniquement comme une Présence.
Non comme un concept, uniquement comme une Évidence silencieuse.
Non comme un objet, un but, une destination à atteindre, uniquement comme ce qui Est depuis Toujours.
Lorsque s’installe en Soi ce silence vivant alors le Sage ne me demande plus de comprendre, simplement d’écouter ce qui n’a pas de son, de contempler ce qui n’a pas de forme, d’Être ce qui est au-delà de l’Être.
Car ce qu’est Dieu ne s’explique pas : « Il se révèle dans le Silence qui, au fond de Chacun·e, n’a jamais cessé de parler« .
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20251208-1))
(Musique lors de l’écriture : Pink Floyd – 2014 – Endless River)

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