Le Sablier UN-Visible

Je suis un Arbre.

Pas un chêne centenaire, ni un pin dressé sur une falaise battue par les vents. Non. Je suis un arbre plus modeste, enraciné dans un coin tranquille de l’Existence. Mon tronc est droit, mes branches s’étendent sans prétention, mes feuilles frémissent au moindre souffle du monde.

Ce que peu de personnes voient, c’est que, sous mon écorce, un sablier coule.

Un sablier sans verre, sans sable visible, sans bruits. Il ne mesure ni les heures, ni les jours. Il mesure quelque chose d’autre. Quelque chose de plus intime, de plus fugace. Il mesure ces instants où je me tiens Ici, pleinement Ici, comme en ce moment d’écriture, entre deux battements de cœur, entre deux respirations, entre deux pensées, entre deux gestes. Ces instants où je suis Vivant, vraiment Vivant, entièrement et totalement Vivant.

Je ne l’ai pas toujours su. J’en ai souvent parlé. Je l’ai souvent écrit. Longtemps, j’ai couru. Après le temps, après les autres, après moi-même. Je remplissais mes journées comme on remplit une valise trop petite, à la hâte, en tassant, en oubliant l’Essentiel. Je croyais que Vivre, c’était avancer, produire, cocher des cases. Je me suis rendu compte que je passais à côté de moi.

Un jour, sans raison apparente, j’ai arrêté. Juste un moment. J’ai fermé les yeux. J’ai respiré. Et j’ai senti quelque chose. Une présence. Pas extérieure. Une présence en moi. Comme si, pour la première fois, j’étais revenu à la maison.

Depuis, je reviens. Chaque jour. Pas longtemps. Juste assez pour que le sablier coule. Juste assez pour que je me rappelle que je suis Ici.

Je me suis souvent demandé pourquoi ce simple retour à moi-même avait tant de Puissance. Pourquoi quelques instants de Silence pouvaient réorienter toute une journée. Ce n’est ni une question de magie, ni de technique, ni même de méditations. C’est une question de Présence.

La Présence est ce Silence qui parle à l’Âme quand l’esprit cesse de courir.

Quand je m’arrête, je ne fais rien d’extraordinaire. Je ne cherche pas à comprendre, à analyser, à résoudre, à questionner, à me questionner. Je me contente d’Être. Et dans cet Être, il y a une fluidité, une clarté. Une Lumière douce, presque timide, qui éclaire ce que j’avais oublié de voir : Ma Propre Présence, Ma Propre Existence.

Je découvre alors que je ne suis pas mes pensées. Elles passent comme des nuages dans un ciel vaste. Je ne suis pas mes émotions. Elles montent, elles descendent, elles me traversent. Je ne suis même pas mon corps bien que je l’habite. Je suis ce qui observe. Ce qui accueille. Ce qui respire.

Et, dans ces quelques secondes, quelques minutes, je redeviens Entier, totalement et intégralement Entier.

Le monde, lui, continue de tourner. Les messages s’accumulent, les obligations m’attendent, les voix extérieures m’appellent. Et moi, je suis Ici Ancré. Calme. Comme si j’avais plongé mes racines dans une nappe d’eau souterraine que j’avais oubliée.

Ce n’est pas toujours facile. Parfois, je résiste. Je me dis que je n’ai pas le temps. Que ce n’est pas le moment. Que je dois d’abord finir ceci, répondre à cela, régler ce problème. Je sais que ce sont des illusions. Des mirages dressés par une partie de moi qui a peur du vide. Peur du silence. Peur de se retrouver face à elle-même.

Alors je reviens. Encore. Même si c’est inconfortable. Même si c’est flou. Même si je ne ressens rien de particulier. Parce que je sais que ce retour, aussi discret soit-il, me transforme, me transporte.

Il m’arrive parfois de comparer ces instants à des fenêtres. Des fenêtres ouvertes sur un monde que je porte en moi, et que j’oublie trop souvent de visiter. Ce monde n’est pas fait de paysages lointains, ni de grandes révélations. Il est simple. Silencieux. Il est Vrai.

Quand je m’y rends, je sens que tout ralentit. Le tumulte s’apaise. Les contours de mes pensées deviennent flous comme si elles perdaient leur emprise. Et, dans ce relâchement, quelque chose d’autre émerge. Une forme de Clarté. Une intuition. Une paix qui ne dépend de rien.

Je ne cherche pas à prolonger ces moments. Je ne les retiens pas. Je les laisse venir puis repartir. Comme la marée. Comme le vent dans les feuilles. Ce n’est pas leur durée qui compte, c’est leur intensité. Leur Vérité. Ma Vérité.

Et ce que je découvre, chaque fois, c’est que ces instants courts ont un Pouvoir Immense. Ils réorganisent mes priorités. Ils me rappellent ce qui est Essentiel. Ils me montrent que je peux vivre autrement, même au cœur du même quotidien.

Je n’ai pas besoin de tout changer. Je n’ai pas besoin de partir loin, ni de devenir quelqu’un d’autre. J’ai seulement besoin de revenir. À moi. À ce centre silencieux qui ne demande rien, et qui offre Tout.

Un jour, j’ai eu une vision.

Je marchais dans une forêt. Le soleil était haut, le vent chaud. Les feuilles tombées des arbres murmuraient sous mes pas. J’étais seul et, en même temps, je ne me sentais pas abandonné. J’étais en conquête. Je ne savais pas de quoi et, pourtant, je savais que je cherchais.

Au loin, j’ai vu une silhouette. Un vieil homme, assis sur un rocher, les yeux fermés. Il ne bougeait pas. Il semblait faire corps avec le silence. Je me suis approché, lentement, comme on approche quelque chose de mystérieux.

Quand j’ai été assez près, il a ouvert les yeux. Ils étaient clairs, paisibles, comme deux lacs sans rides. Il m’a regardé sans parler et j’ai senti qu’il me voyait. Pas mon visage, pas mon corps. Il voyait ce que je suis derrière tout ce que est moi dans ce monde.

Il a tendu la main et, dans sa paume, il y avait un sablier. Minuscule. Presque invisible. Le sable y coulait lentement, grain par grain. Il me l’a donné sans un mot. Et dans ce geste, j’ai compris.

Ce sablier, c’était le mien. Il ne mesurait pas le temps du monde. Il mesurait le Temps de l’Âme. Autant de mon Âme que de mon Être. Il ne comptait pas les heures, simplement les instants de Présence. Chaque grain était un moment où j’étais pleinement Ici. Chaque grain était une offrande, une prière vers un Portail menant au Divin.

Depuis ce jour, je porte ce sablier en moi. Il n’est pas matériel. Il est fait d’Attention. De Silence. De Retour à l’Essentiel. De Retour à l’AMOUR.

Depuis que je porte ce sablier en moi, ma vie n’a pas changé en apparence. Je suis toujours le Michaël que les personnes connaissent. En réalité, que les personnes pensent connaître. Je me lève, je travaille, j’Aime, je doute, je ris, je pleure, je tombe, je me relève. Cependant, quelque chose a bougé en profondeur. Une qualité d’Être. Une manière de Regarder. Une manière de Vivre.

Je ne cherche plus à fuir le bruit, ni à m’enfermer dans le silence. Je marche entre les deux. J’apprends à écouter le tumulte sans m’y perdre, à accueillir le calme sans m’y attacher. Je deviens un témoin. Un Témoin Vivant.

Chaque jour, je m’accorde ce Retour. Ce moment suspendu. Il ne dure pas longtemps. Parfois, il se glisse entre deux tâches, comme un souffle discret. Parfois, il s’impose, comme une évidence. Pourtant, il est toujours Ici, fidèle, patient, prêt à m’accueillir.

Et je découvre que ce n’est pas le monde qui doit ralentir. C’est moi qui choisis de m’Ouvrir. M’ouvrir à l’instant. À ce qui est Ici et Maintenant. Car c’est Ici que Tout se joue. Pas dans les projets, ni dans les regrets. Simplement dans ce battement précis, ce Souffle Unique, ce regard posé.

Je ne suis pas devenu sage. Je trébuche encore. J’oublie. Je m’agite. Chaque fois, je reviens. Et c’est ce retour qui me façonne. Ce retour qui me rappelle que je suis plus vaste que mes pensées, plus profond que mes peurs, plus libre que mes habitudes.

Je ne sais pas combien de grains il reste dans mon sablier. Je ne veux pas le savoir. Car ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité de chaque grain. Chaque grain est une chance. Une Porte. Une Offrande.

Alors je Vis. Non plus dans l’urgence, uniquement dans la Conscience. Je ne cherche plus à remplir mes journées, uniquement à les habiter. À les goûter. À les honorer. À les remercier, peu importe de quoi elles sont faites.

Il suffit de peu. Un rayon de lumière sur un mur. Le parfum d’une fleur. Le rire d’un enfant. Le silence entre deux notes de musique. Le souffle qui entre, puis qui sort.

Ces choses simples, en apparence, deviennent sacrées quand je les regarde avec des yeux neufs. Quand je suis Ici, vraiment Ici. Et, dans ces moments, je sens que je touche quelque chose d’Éternel. Quelque chose qui ne passe pas, même si Tout passe.

Je suis un Arbre, oui. Pas seulement, je suis aussi le Vent. Le Ciel. Le Sable. Je suis ce qui observe, ce qui Aime, ce qui se souvient. Et tant que je reviens, tant que je m’accorde ces instants de Vérité, je sais que je ne suis jamais perdu.

Car le sable, dans le Sablier de ma Vie, coule. 

Et tant qu’il coule, je suis Vivant.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250716-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Le Silence)

Publié par

Categories:

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Ma Spiritualité

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture