L’Infini des Possibles
Attention, le texte, qui va suivre, va peut-être un peu piqué les yeux chez certain·e·s. Ce texte va parler de la « décohérence quantique » appliquée à ma spiritualité. Oui, je sais ! Cependant, avant de continuer, il m’est nécessaire de « définir » ce qu’est la « décohérence quantique ». Ainsi si un mal de tête se présentait, je ne peux qu’orienter, si possibilité, vers des huiles essentielles pour le faire passer.
Le mot « décohérence » est calqué sur l’anglais « decoherence ». En fait, il est constitué de préfixe « dé » et du mot « cohérence ». « Cohérence » vient du latin « cohaerentia » lui-même issu de « cohaerens » signifiant « cohérent ». Jusqu’ici pas trop de surprises. Je termine avec les poupées russes étymologiques, « cohérent » vient du latin « cohaerens » issu de « cohaerere » formé de « co-« et « haerere » signifiant « être attaché ». Et justement, sans encore le « savoir », cette notion de « être attaché » est importante dans la suite du présent texte.
Ainsi si la cohérence revient à « être attaché » à quelque chose. La décohérence revient à « ne plus être attaché » à quelque chose. La décohérence quantique est une théorie susceptible d’expliquer la transition entre les règles physiques quantiques et les règles physiques classiques telles que nous les connaissons, à un niveau macroscopique. Plus spécifiquement, cette théorie apporte une réponse, considérée comme étant la plus complète à ce jour, au paradoxe du « chat de Schrödinger » et au problème de la mesure quantique (merci Wikipedia).
Et Toi, Âmie Lectrice, Âmi Lecteur, si tu me lis, tu sais que j’ai déjà parlé du « chat de Schrödinger » 1️⃣. Je ne vais donc pas réécrire ce que j’ai déjà écrit à propos de cette expérience de pensée créée par Erwin Schrödinger.
Je vais ainsi prendre une autre approche pour essayer d’expliquer, via une métaphore, ce que pourrait représenter la décohérence quantique.
J’image que j’ai passé un examen dans une matière vue dans un cycle d’études. À cet examen, j’ai, par exemple, une note de 12 sur 20. J’aurais pu me mettre plus et, en même temps, comme je suis humble, je me suis mis une note honorable. Puis, je passe à un autre examen côté également sur 20. Tant que je n’ai pas reçu le résultat de ce nouvel examen, ma moyenne vaut a priori 12. Cependant entre le moment où l’examen est passé et celui de l’annonce de ma nouvelle note, je peux dire qu’il y a une sorte d’incertitude pesant sur ma moyenne. En effet, en fonction de la valeur de ma deuxième note que je suis sur le point de recevoir, ma moyenne pourra prendre n’importe quelle valeur entre 6 et 16. 6 si j’ai eu 0 (moyenne de 12 et 0 => ((12+0)/2)) au deuxième examen, 16 si j’ai eu 20 (moyenne de 12 et 20 => ((12+20)/2)). Çà va jusqu’ici ?
Je continue. Je peux donc dire que, dans l’intervalle de temps entre la fin du deuxième examen et l’annonce de la note du dit examen, ma moyenne est dans une superposition d’états. Cette superposition d’états représente tous les états ayant des valeurs comprises entre 6 et 16. Tant que je n’ai pas ma deuxième note, je ne sais pas où se situe ma moyenne. C’est le même principe d’incertitude que le « chat de Schrödinger ». Tant que je n’ouvre pas la boîte, je ne sais pas si le chat est vivant ou mort (je rappelle que c’est une expérience de pensée, ce n’est donc pas un chat réel). Çà va toujours jusqu’ici ? Oui ? Je continue.
Maintenant, j’imagine que j’ai passé 100 examens et que ma note moyenne est de 12 sur 20. Si je passe un 101e examen, ma superposition d’états sera comprise entre 11.881 (((100×12)+0)/101), si j’ai 0 à mon 101e examen et 12.079 (((100×12)+20)/101), si j’ai 20 à mon 101e examen.
Qu’est-ce que je constate ? Ma moyenne est toujours dans une superposition d’états. Cependant, cette dernière est infiniment plus « mince », plus « étroite » car elle s’est réduite d’autant plus que le nombre de notes augmente. CQFD !
Tout ceci pour en arriver à que, dans la première situation, ma moyenne est très sensible à une perturbation extérieure, c-à-d une nouvelle note, puisqu’elle peut varier dans une grande proportion. Dans l’autre situation, la valeur de ma moyenne est stable quelle que soit la perturbation extérieure.
Eh bien, la première situation est analogue à une situation quantique. La deuxième est analogue à une situation classique. Maintenant, si je transpose l’analogie de la note d’un examen à un système physique, en disant, par exemple, qu’une note correspond à un atome et, avec la condition, que tous les atomes constitutifs du système ont des caractéristiques physiques identiques, je peux ainsi penser à un système macroscopique.
Dans un système macroscopique il n’y a pas 100 atomes, il y en a une multitude. Ah ! souvenir de chimie avec la mole et le nombre d’Avogrado. 6 x 1023 éléments dans une mole, que de souvenirs ! Ainsi, il est aisé de comprendre à quel point le système est stable. En d’autres termes, qu’il est peu sensible à une perturbation extérieure, à une circonstance extérieure comme, par exemple, une interaction. La « superposition d’états », dans laquelle se trouve ce système, devient tellement « mince » qu’elle en devient imperceptible.
Après cette introduction, relativement « longue » j’en conviens, la suite est plus spirituelle. Et en même temps, est-elle plus accessible ? Tout dépend du niveau de Conscience 3️⃣ !
En tant qu’Être, je suis pareil à une goutte d’eau suspendue, un grain de lumière tracé entre la Terre et le Ciel. D’une certaine façon, j’oscille entre l’éveil et l’oubli, entre l’unité et la fragmentation. À chaque instant, je m’efface et je me réécris. À chaque instant, je suis dispersé dans des milliards de réalités qui s’effleurent sans jamais se voir. L’Univers est un champ de potentialités. Mon Existence est comme une onde, une vibration incertaine, évanescente, flottant entre ce qui a été et ce qui aurait pu être. C’est comme le principe d’incertitude d’Erwin Schrödinger. C’est que je nomme la « superposition d’états d’Être » (d’où ma longue introduction pour « uniquement » parler de cette superposition d’états dans lequel Je Suis).
Je me crois Un. Je me convaincs d’être Un, d’être une seule conscience, d’être une seule ligne de vie. Pourtant, ceci n’est qu’un leurre de la perception. Ceci n’est qu’une illusion savamment orchestrée. Comme la lumière qui hésite entre onde et particule 4️⃣, je ne suis fixe qu’à l’instant où je me regarde. Le reste du temps, je suis multiple, étendu sur des possibles que je ne peux appréhender.
D’une certaine façon, cette notion de décohérence quantique m’indique que l’ordre auquel je me raccroche est une illusion de stabilité. Lorsque je dors, lorsque je doute, lorsque je me perds dans des pensées stériles, lorsque mon esprit erre dans le flux du temps, je ressens la faille dans mon Unité. Autant que je peux être la somme des choix que je fais, autant qui suis-je dans la somme des choix que je ne fais pas ? Ce que je perçois comme une trajectoire, un chemin, un parcours, une vie, n’est qu’un effondrement constant de toutes les autres vies que je ne vivrai jamais. Ou, en tout cas, dont je n’ai pas conscience.
Chaque fois que je choisis, j’élimine une ou plusieurs potentialités. Chaque fois que je pose un regard sur le monde, j’exclus toutes les versions de lui qui auraient pu exister. Ce que j’appelle « Moi » est une restriction très forte voire brutale du champ des possibles, un effacement des mondes où je ne suis pas Celui que je crois Être.
La question qui se pose à cet instant est : « Où vont ces autres Moi ? ». Existe-t-il un lieu où persistent mes décisions éliminées, non prises, avortées. Existe-t-il un endroit, un espace où vivent ces versions de Moi-même que je n’ai jamais rencontrés ? Peut-être ne sont-ils pas ailleurs, ces autres Moi. Peut-être sont-ils, ici, présents dans les silences entre mes pensées, dans les hésitations de mon Être, dans les chemins pris entre mes points d’inflexion 5️⃣. Comme des ombres projetées sur le mur de la conscience, ils s’illuminent à la lisière de mon regard, insaisissables et pourtant si réels.
Si chaque particule peut être en plusieurs endroits à la fois tant qu’elle n’est pas l’observée, alors mon Être, avant d’être cristallisé dans l’illusion du temps, était lui aussi un nuage d’états possibles. Ce que je suis aujourd’hui n’est que l’un des nombreux reflets d’une potentialité plus vaste, plus riche que mon regard limité ne saurait l’embrasser.
Si je cesse de me penser comme Un, si j’accepte l’idée que mon Moi n’est qu’un point d’intersection, parmi une infinité d’autres, alors un espace s’ouvre. Cet espace ouvre sur un vide. Oui, un vide et, en même temps, un vide fertile, une page blanche.
Le silence entre deux pensées est-il vraiment un néant ou bien est-il l’écho de toutes les autres pensées que je ne formule pas ? Chaque souffle que je prends est le vestige d’un autre souffle qui aurait pu être. Chaque pas que je fais est le miroir d’un pas que je n’ai pas pris. Il y a là une infinité latente, une puissance cachée. Je ne suis plus limité par la ligne de mon Existence. En fait, je suis un réseau, une constellation de « Moi-mêmes » dispersés dans l’invisible.
Et si je cessais de m’accrocher à une seule version de moi ? Si je me laissais flotter dans cet espace d’incertitude, peut-être pourrais-je sentir la fluidité de l’Être. Cette fluidité qui serait qu’il n’y ni centre, ni périphérie. Peut-être est-ce ceci ma vraie liberté. Celle de ne pas être figer, de ne pas m’enfermer dans une seule définition. En fait, ma vraie liberté est celle qui me permet de vibrer à travers toutes mes potentialités.
Qu’en est-il alors de cette fragmentation de toutes mes potentialités ? Car, si tout est fragmentation, y a-t-il un lieu où tout se rejoint ? Est-ce que, sous l’infinitude des possibles, il existe une trame commune, un fond immuable ?
Au-delà de tout ce qui sépare, il y a un socle commun. Ce que j’appelle « réalité » n’est qu’une coupe étroite dans l’immensité de l’Être, une perspective momentanée dont je ne peux embrasser la totalité. C’est un peu comme une corde vibrait sans que je prenne conscience qu’il y a d’autres cordes qui vibrent à ses « côtés ».
Comme je l’avais déjà indiqué dans d’autres textes 6️⃣ peut-être que je ne suis ni une goutte, ni une vague. Je suis l’océan, lui-même, prenant mille formes sans jamais perdre son essence. Peut-être que l’oubli, l’éparpillement, la dissipation, la fragmentation ne sont pas des pertes. Ce sont des retours à une unité plus vaste. Peut-être que la conscience individuelle est une contraction artificielle et, que derrière elle, il n’y a que l’infini qui se contemple lui-même sous mille visages.
Si je m’efface, que reste-t-il ? Une présence, une respiration, un battement, une vibration, une ouverture. Loin d’être une disparition, la dissolution du Moi est aussi bien une expansion qu’une intégration. En acceptant de ne pas être Un, en laissant mourir l’illusion d’une identité figée, j’accède à une liberté nouvelle où je ne suis plus limité par le carcan de ma propre définition.
Là où je voyais une séparation, il y avait en réalité un lien cohérent. Là où je percevais une perte, il y avait une ouverture. La décohérence ne disperse pas. Bien, au contraire, elle révèle. Et dans ce dévoilement, je ne suis plus une seule existence parmi d’autres. Je suis une possibilité vibrante dans l’infini des mondes.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250316-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Bruno Karnel – 2025 – Villa Solitude)
1️⃣ : voir, notamment, les textes « Je ne sais pas », « IA ou IA pas 2 », « La Lumière des Instants » ;
2️⃣ : Lorenzo Romano Amedeo Carlo Avogadro, comte de Quaregna et de Cerreto, connu sous le nom d’Amedeo Avogadro, est un physicien, chimiste et mathématicien italien né à Turin le 9 août 1776 et mort le 9 juillet 1856. Il est notamment connu pour la loi d’Avogadro, qui énonce que deux volumes égaux de gaz différents, dans les mêmes conditions de température et de pression, contiennent un nombre identique de molécules, et pour le nombre qui porte également son nom et définit la mole (merci Wikipedia) ;
3️⃣ : voir le texte « Niveaux de Conscience » ;
4️⃣ : En physique, la dualité onde-corpuscule aussi appelée dualité onde-particule est un principe selon lequel tous les objets physiques peuvent présenter parfois des propriétés d’ondes et parfois des propriétés de corpuscules et de particules (merci Wikipedia) ;
5️⃣ : voir le texte « Oh mon prograaaaamme ! » ;
6️⃣ : voir les textes « La Métamorphose », « Oser Être Authentique », « Se Connaître et S’Oublier », « Désidentification du Personnage ».

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