L’Arbre aux Promesses Brisées
Un titre bien mystérieux pour un texte spirituel. En même temps, il est parfois nécessaire d’avoir des fissures, des brisures pour laisser passer la Lumière Intérieure. En fait, je compare la Vie à un arbre. Je ne vais pas réécrire ce que j’ai déjà écrit sur les racines, le tronc, les branches, les feuilles, la sève vitale.
La vie est un arbre sur lequel chacun·e accroche ses désirs, ses besoins, ses attentes. Certain·e·s le font avec des petits papiers comme pour un arbre à souhait. D’autres y placent des cordes avec différents nœuds. Chaque papier, chaque nœud représente une idée, un espoir, une envie voire même un projet.
Cependant, ce que j’imagine, suspendu, accroché, d’une façon ou d’une autre à mon arbre, n’est que rarement ce que je reçois. Non pas que je ne reçoive rien. Je reçois, comment dire, suivant la façon, la manière, l’énergie la plus adéquate au moment de la Vie en cours.
Entre l’intention et l’exécution, il y a un abîme où se déforment les idées, les souhaits, les visions. Ce gouffre, c’est celui tout autant de la communication, de la perception que de l’écoute, du malentendu. Lorsque je formule un besoin, il me semble clair. Dans mon esprit, ce que j’ai lié à l’arbre est simple, solide, suspendu à une branche robuste. Cependant, aussitôt que je l’exprime, il se passe quelque chose d’étrange. L’idée se déforme. Cette idée, cette demande, celle ou celui qui la reçoit ne la comprend jamais exactement comme je l’ai conçue, élaborée. Chacun·e ajoute son propre filtre, sa propre interprétation, ses propres intérêts voire ses propres besoins. Et le résultat final est souvent inattendu voire incompréhensible, voire, pire même, absurde, inutilisable.
Pourquoi un si grand écart entre l’intention et l’aboutissement ? Pourquoi un si grand écart entre l’intention et la manifestation ? C’est un peu comme si je ne parlais pas la même langue. C’est comme si je me trouvais pris dans la tour de Babel (deuxième fois que je cite cette référence).
Je peux croire que, dans l’échange, chacun·e se comprend. Pourtant, chacun·e traduit toujours en fonction de ses expériences, de ses valeurs, de ses croyances, de ses peurs et même de son AMOUR (si ! si !). Emmanuel Kant disait : « Ce que nous voyons n’est pas ce qui est, mais ce que nous sommes ». C’est une façon de dire que le monde extérieur est à l’image de mon monde intérieur. Ainsi, la connaissance du monde extérieur est toujours filtrée par ma propre subjectivité, par mon propre Être. La communication est un jeu de miroirs, une suite infinie de déformations où chacun·e projette sa propre image.
À ce stade de l’écriture de ce texte me vient « l’envie » de partager une métaphore pour illustrer le paragraphe précédent.
J’imagine un lac paisible sous la lumière matinale d’une journée d’été. Deux personnes l’observent. L’une, apaisée, y voit un miroir de la sérénité, un espace où le silence invite à la contemplation. L’autre, tourmentée, y perçoit une étendue vide, un gouffre d’angoisse où se reflète son propre désarroi. Pourtant, le lac est le même. De ces deux personnes, qui a « raison » ? En fait, chacune a raison car ce qui est ressenti en regardant ce lac n’est qu’une projection de l’état d’Être des personnes. Je pourrais même dire que c’est une projection de l’état « émotionnel » voire de l’état « intérieur » de chacune des personnes. Et demain ou un autre jour, la personne apaisée peut être tourmentée et la personne tourmentée peut être apaisée et, ainsi, la représentation change.
Mon éducation, mes émotions, mes valeurs, mes croyances, mes sens sont comme des lunettes colorées à travers lesquelles je regarde le monde. Ce que j’appelle « réalité » est en fait un mélange entre ce qui est ici et ce que je projette dessus. Ainsi, je ne vois jamais le monde tel qu’il est, uniquement tel que Je Suis dans « l’état » dans lequel Je Suis.
Tout passe par des filtres que ce soit mes filtres ou les filtres de l’autre. Je peux avoir, en tête, une idée claire de ce que je veux et, en même temps, ce qui arrive est autre chose. C’est une sorte de compromis entre l’intention que j’ai et l’interprétation aussi bien que je peux faire que les autres peuvent faire. Ceci crée donc un écart de perception. Et que se passe-t-il avec cet écart ? Généralement, je m’adapte voire, pour certain·e·s, je me résigne.
Cependant, est-il nécessaire de se résigner ? Puis-je espérer une communication parfaite, une réalisation fidèle à mes désirs ? Peut-être que non. Peut-être que « l’erreur », plutôt l’écart, est dans l’attente elle-même. Peut-être que le message, sous-jacent à toute expérience, est d’accepter que tout ce que je peux exprimer sera toujours, à différents niveaux (en mon Âme et à mon Niveau de Conscience), modelé, adapté, transformé et que l’art de vivre consiste à savoir composer avec l’imprévu, l’inattendu.
Voir autrement, c’est finalement accepter à voir sans s’attacher à une seule vision. C’est cultiver une souplesse d’esprit, une curiosité sans fin, un émerveillement infini pour stimuler l’ouverture qui transforme chaque regard en un apprentissage.
Je me souviens, étant enfant, que mon Père avait installé une balançoire accrochée sur la branche d’un pommier. C’était une simple balançoire faite d’une planche et de deux cordes récupérées de je ne sais où. C’était le symbole d’une enfance libre, spontanée sans complications, sans déformations. Ceci aurait pu être un vieux pneu, ceci importait peu. Le principal était de pouvoir m’amuser. Parce qu’après tout, si la balançoire n’était plus, rien ne m’empêchait de grimper dans l’arbre.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250313-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Progeland – 2014 – Gate To Fulfilled Fantasies)

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