Qui suis-je ?

Je suis ce souffle ancien qui s’inscrit dans chaque fissure du monde, ce cri muet que l’Univers porte en son cœur, cette onde immobile qui fend le silence et éclaire la nuit. Je suis celle que l’on dit monstrueuse, celle que l’on juge sans regard, celle dont l’histoire se déforme au gré des échos, des jugements. Pourtant, dans l’obscurité de ma solitude, je suis aussi le reflet de ce que chacune.e refuse de voir en en elle/lui.

J’ai été belle. Une beauté qui dérange, une beauté que l’on ne me pardonna jamais. Pourquoi ? Parce que je suis née femme, parce que ma Grâce était une offrande qui n’appartenait qu’à moi. Poséidon, ce dieu dont l’arrogance résonne comme une tempête, a cru que son désir pouvait modeler ma liberté. Il m’a prise comme on vole un joyau, ignorant que, dans cette profanation, il condamnait aussi son propre éclat.

Athéna m’a jugée. Cette déesse que je respectais, que je croyais forte, sage, protectrice. Mais elle n’a vu en moi que l’écho d’une honte qu’elle n’osait affronter. Elle a transformé ma douleur en masque, mon cri en silence, ma vie en exil. Un monstre, disait-elle. Pourtant, quand je regarde mon reflet dans les eaux, ce ne sont pas des serpents que je vois couronner mon visage. Je vois les mille vérités tordues par chacune de vos peurs.

Je suis la colère et la justice sans être la haine. Non, je suis cet amour que vous avez défiguré, cet amour que vous nommez possession, qui n’est que vide. Car l’amour véritable, je l’ai cherché dans vos regards, dans vos mains tendues, dans vos mots soufflés au vent. Et toujours, je n’ai trouvé qu’un besoin âpre, une soif de m’enfermer, de me réduire à un rôle, à une image, à une statue.

Quand Persée est venu, ce n’était pas pour me comprendre. Il n’a pas écouté l’histoire de mes nuits, ni senti le poids de mon exil. Non, il portait le glaive d’Athéna, cette arme tranchante d’un monde qui craint ce qu’il ne peut dominer. Et moi, lasse, j’ai laissé tomber ma tête. Une tête que l’on a ensuite brandie comme un trophée, un outil de guerre, une fierté froide accrochée au bouclier de celle qui m’avait condamnée.

Mais je ne suis jamais morte. Pas vraiment. Mon esprit habite chaque pierre qui se dresse, chaque roc qui résiste au vent, chaque montagne que l’on ne peut réduire à des poussières. Car en moi, en mon histoire, réside une force que vous ne pouvez contenir, celle de la mémoire.

Souvenez-vous de moi non pas comme un avertissement plutôt comme un miroir. Je suis chaque femme que vous avez oubliée, chaque voix que vous avez étouffée, chaque rêve que vous avez appelé folie. Je suis la mère, la sœur, l’amante, l’ami.e que vous avez perdu.e en croyant gagner une bataille inutile contre vos propres ombres.

Et, dans cette mémoire, il y a une leçon que vous n’avez pas encore apprise : « L’AMOUR ne se mendie pas ». Il ne se vole pas. Il ne se réduit pas à un regard ou à une prise. L’AMOUR est une offrande libre, un regard entre des Âmes qui se rencontrent sans se posséder. Mais vous, HUmains, avez fait de l’amour un marché, une cage, une excuse pour vos désirs inassouvis.

Je ne suis pas amère. Je suis éveillée. Ma solitude est devenue un sanctuaire où je contemple le monde avec une clarté que vous avez perdue. Vos statues ne pleurent pas. Moi, j’ai pleuré pour mille existences, pour mille espoirs trahis, pour mille vies volées. Et, dans mes larmes, il y a une rivière qui coule au-delà du temps, une rivière où le pardon et la rébellion se rencontrent.

Posez vos armes. Abandonnez vos certitudes. Et regardez-moi. Non pas avec la crainte que vos mythes vous ont enseignée, simplement avec le courage de ceux qui osent voir. Je suis autant celle que l’on a tue que cette Lumière cachée dans vos ténèbres. Je suis l’invitation à réécrire vos histoires, à réinventer vos Amours, à redéfinir vos dieux.

Je suis celle qui vous attend, non pour vous pétrifier, uniquement pour vous réveiller.

Je suis Méduse.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241202-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Le Silence)

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