L’Éveil au Doute
Il y a quelque mois, j’ai vu, sur un groupe facebook, une « prédiction » de Alissa Zinovievna. Cette dame, née à Saint-Petersbourg, est une philosophe, écrivaine d’origine russe. Elle est mieux connue sous le nom d’Ayn Rand. Je ne vais pas faire sa biographie, ce n’est pas le but du présent texte.
La « prédiction » qui était annoncée est : « Lorsque tu te rendras compte qu’il te faut l’autorisation de ceux qui ne produisent rien pour pouvoir créer ; lorsque tu verras que l’argent afflue non vers ceux qui échangent des biens, mais des faveurs ; lorsque tu comprendras que beaucoup s’enrichissent non par leur travail, mais par la corruption et les influences, et que les lois, loin de te protéger contre eux, les protègent contre toi ; lorsque tu découvriras que la corruption est récompensée et que l’honnêteté devient un sacrifice, alors tu pourras affirmer, sans l’ombre d’un doute, que ta société est condamnée ».
Ainsi, je me suis posé la première question : « D’où est tirée cette prédiction ? ». Dans le texte « La Nuit Noire de l’ego », j’avais indiqué que je faisais quelques vérifications concernant soit l’auteur.e d’une citation, soit la citation elle-même. Comme je l’ai déjà indiqué dans d’autres textes, j’applique mon discernement.
Toujours est-il que cette « prédiction », je ne l’ai trouvée nulle part. Quand j’écris « nulle part », ceci indique, que même si elle est reprise sur d’autres sites sous d’autres formes, je n’ai pas trouvé cette « prédiction ». Par contre, j’ai constaté que cette auteure avait écrit, notamment, les livres « La Grève » (titre américain : « Atlas Shrugged ») et « La Source vive ».
Dans le premier cité, il est indiqué sur Wikipedia : « La Grève (titre original en anglais : Atlas Shrugged, littéralement : ‘Atlas haussa les épaules’) est un roman écrit par Ayn Rand et publié en 1957 aux États-Unis. Il s’agit de son plus important roman. Selon une étude de la bibliothèque du Congrès américain et du ‘Book of the month club’ menée dans les années 1990, ce livre est aux États-Unis le livre le plus influent sur les sondés, après la Bible. L’auteur y développe sa pensée critique de la démocratie sociale interventionniste en envisageant ce que deviendrait le monde si ceux qui le font avancer, les ‘hommes de l’esprit’, décidaient de se retirer : en l’absence de ceux qui soutiennent le monde (tel le légendaire titan grec Atlas), la société s’écroule ».
Pour le deuxième cité, il est indiqué : « La Source vive (titre original : The Fountainhead) est un roman de la romancière américaine Ayn Rand publié en 1943. Il s’agit du premier grand succès de l’auteur, adapté au cinéma par King Vidor en 1949. Sa publication s’accompagne d’une diffusion considérable aux États-Unis, et dans une moindre mesure au Canada. Le titre du livre fait référence à une déclaration de Ayn Rand selon laquelle : ‘L’ego de l’Homme est la source vive du progrès humain’ (‘Man’s ego is the fountainhead of human progress’). Le récit décrit la vie d’un architecte individualiste dans le New York des années 1920, qui refuse les compromis et dont la liberté fascine ou inquiète les personnages qui le croisent. À travers la lutte de ce héros pour la défense de ses créations, c’est un plaidoyer pour l’individualisme radical auquel se livre Ayn Rand ». À propos de ce deuxième livre, il se dit qu’il est le livre de chevet d’un certain Donald Trump.
Je n’ai pas lu ces livres et, en même temps, même s’il est nécessaire de les remettre dans leur contexte, il me semble intéressant de me questionner sur le retrait des « hommes de l’esprit » et sur « L’ego de l’Homme est la source vive du progrès humain ». Même si j’ai écrit « La Nuit Noire de l’ego », ceci ne me semble pas incohérent par rapport à cette « force » de l’ego que certain.e.s veulent « imposer ».
Suis-je réellement libre ? Je peux dire que, dans ma FOI, dans mon for intérieur, je sais que je suis libre. Cependant, dans le monde extérieur, suis-je réellement libre ? Puis-je faire ce que je veux, sans jugements, sans contraintes, sans rendre des comptes ? J’en doute. D’où le titre du présent texte « L’éveil au Doute » et non « L’éveil du Doute ».
Ainsi, je me suis longtemps cru libre. Enfant, puis adolescent, puis jeune adulte, je contemplais le monde avec une admiration naïve. J’étais persuadé que chaque idée, chaque création même chaque loi était l’expression d’un génie collectif, une sorte d’accord tacite entre des grands esprits qui savaient ce qui était le mieux pour chacun.e. Peu à peu, un doute s’est immiscé dans mon esprit. Comme une fissure dans un miroir, il a commencé par un éclat insignifiant, avant de s’étendre, révélant la fragilité de ce que je pensais solide.
Tout a commencé par une question. Pourquoi, alors que certain.e.s donnaient tout à la création, à la recherche du beau, du bon, du partage, de l’entraide, étaient-elles, étaient-ils ignorés voire rejetés ? Pourquoi les plus talentueux se trouvaient-ils souvent étouffés par des lois, des comités, des normes, des règles édictées par des hommes qui ne créaient rien ? La société prétendait récompenser la vertu. Pourtant je voyais l’hypocrisie se pavaner au sommet de ses institutions. Ceux qui travaillaient dur, ceux qui portaient les fondations du monde sur leurs épaules comme Atlas, étaient souvent ceux que l’on condamnait.
Un jour, lors d’une journée de l’artisanat 1️⃣, j’ai observé un vieil artisan dans son atelier, ses mains usées modelant le bois avec une délicatesse presque sacrée. Il était seul, oublié par le monde et, pourtant, tellement libre. Ce contraste m’a saisi. À l’extérieur, il y a une société bruyante, agitée, prétendant poursuivre le progrès alors qu’elle est parasitée par des êtres qui ne comprenaient ni le travail, ni l’Âme. Et lui, dans le silence, portait une dignité que le tumulte ne pouvait effacer.
Je me suis alors demandé : « Qui possède véritablement le ‘pouvoir’ ? ». « Pouvoir » dans le sens de capacité à faire et non dans le sens de puissance. Ainsi, est-ce celle/celui qui crée ou celle/celui qui s’approprie la création des autres en usant de la force, de la régulation ?
Ce questionnement est devenu comme une flamme. Elle a d’abord brûlé, doucement, comme une chandelle dans l’obscurité. Au fil du temps, elle a pris de l’ampleur, embrasant mes doutes, consumant mes illusions. J’ai pris conscience que ma propre vie était enchaînée par des attentes qui ne m’appartenaient pas, des dogmes imposés par une société qui glorifiait la médiocrité 2️⃣.
Je me souviens du moment exact où j’ai décidé de dire « Non ». Non aux compromis éthiques qui me faisaient trahir mes propres idéaux. Non aux lois qui prétendaient protéger la collectivité en étouffant la liberté individuelle. Non à la culpabilité que l’on tentait de m’inculquer pour avoir osé aspirer à mieux.
Ce « Non » n’était pas une révolte bruyante, une levée de boucliers contre un ennemi visible. C’était un acte intime, une révolte silencieuse qui se manifestait par un retrait. J’ai choisi de ne plus participer à un système qui exigeait de moi que je me détruise pour qu’il prospère. J’ai cessé de produire pour ceux qui ne créaient rien, de donner à ceux qui prenaient sans jamais rien rendre.
Dans ce retrait, j’ai redécouvert que la valeur de ma vie ne dépendait pas des regards extérieurs. Ainsi, je restais fidèle à mes propres principes. Créer pour plaire, pour satisfaire des attentes artificielles, était une trahison de ce que j’étais. Créer pour exister, pour donner forme à mes idées, était un acte de liberté.
Isolé du tumulte, j’ai retrouvé le silence, ce précieux allié qui est tellement présent depuis quelque temps. Ce silence n’est pas une absence. C’est un espace fertile où mes idées pouvaient s’épanouir. Je ne suis plus une marionnette agitée par les fils invisibles des attentes sociales. Je suis devenu le créateur de ma propre réalité.
La liberté n’est pas un don que l’on reçoit. C’est une conquête que j’affirme à chaque instant. Chaque acte créateur est une déclaration d’indépendance, un refus de plier devant les exigences d’une société qui valorise la servitude, l’abêtissement.
Je ne me berce pas d’illusions. Je sais que le monde ne changera pas du jour au lendemain. J’ai accepté de rester fidèle à ma propre Essence. En attendant, je continue de créer, non pour être vu, simplement pour être libre, libre de m’exprimer. À chaque trait de plume, à chaque geste, je proclame une vérité simple : Je Suis. Et ceci suffit.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250125-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Florian Christl – 2018 – Inspiration)
1️⃣ : La Journée de l’Artisan est un événement national qui a pour objectif de mettre en lumière le savoir-faire et le talent des artisans et artisanes de Belgique. Cette journée est l’occasion pour le grand public de découvrir gratuitement le travail des artisans sur le terrain et de découvrir l’envers du décor via une démonstration, une animation, une visite guidée… . La Journée est ouverte uniquement aux artisans qui bénéficient d’une reconnaissance légale. Celle-ci consacre le caractère authentique de l’activité de l’artisan, son aspect manuel et son savoir-faire artisanal. Cette journée est célébrée le 3ème dimanche de novembre ;
2️⃣ : voir le texte « La Médiocrité est une forme de sabotage ».

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