Le Temps, Ombre Nécessaire du Présent ?
Judicaël m’avait dit : « Il n’y a ni début, ni fin » 1️⃣. Le raccourci que je peux faire c’est que comme il n’y a ni début ni fin, le temps n’existe pas. Il en est de même si je dis que le Temps est une Illusion. Or, j’avais écrit que Dieu est le Temps 2️⃣. Donc, comme Dieu est le Temps, Dieu est une Illusion.
Ce que je viens d’écrire est un syllogisme. Pour faire simple, le syllogisme est un raisonnement logique mettant en relation, au moins, trois propositions. Deux ou d’entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une « conclusion ». Le plus célèbre des syllogismes est celui d’Aristote : « Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel ». Ainsi, pour illustrer le propos du présent texte : « Le temps est une succession de moments perçus. L’éternité contient tous les moments en un seul instant. Donc, le temps est une perspective limitée de l’éternité ».
Est-ce aussi simple que ceci en fonction du niveau de conscience que j’ai tout autant dans cette perception du temps que dans la perception de Dieu ?
Ainsi quand j’écris, je me tiens souvent au seuil du moment présent. Je n’observe pas le flot insaisissable des secondes, des minutes, des heures. Le temps semble s’écouler comme une rivière. Une rivière sans fin. Est-ce vraiment le cas ?
Quand j’étais plus jeune, je disais que le temps était plus court pour les personnes plus âgées. Un enfant qui entre, par exemple, dans sa 11ème année, une année représente un dixième de ce qu’il a déjà vécu. Une personne de 80 ans quand elle rentre dans sa 81ème année, une année représente 1/80e de sa vie. Je sais que ce que je vis d’écrire est une notion purement mathématique et, pourtant, il y a une certaine « réalité » pour celle ou celui qui la vit.
Une partie de moi sait que ce que je perçois comme un courant linéaire n’est qu’une construction, une illusion subtile créée par mon esprit dans ce monde de dualité. Et pourtant, sans cette illusion, que serait ma place dans ce monde où tout semble avoir un début et une fin ?
Dans les « Confessions » de Saint Augustin 3️⃣, au Chapitre XIV intitulé « Le Problème du Temps », il est écrit ceci : » Qu’est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l’expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l’idée qu’il s’en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons ; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler. Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent ».
Cet extrait me parle, résonne en moi. Quelque part, il capte l’essence même du mystère du temps. Je vis avec le temps, j’organise ma vie autour de lui et, pourtant, il reste insaisissable comme une ombre que je tente d’attraper.
Si je ferme les yeux et que je plonge dans la profondeur de mon Être, je ne trouve ni passé ni futur. Tout ce que je rencontre est un éternel maintenant, un présent infini dans lequel se joue la partition de mes pensées. Le passé n’est qu’un écho, une mémoire que je revisite avec l’imagination. Le futur, quant à lui, est une toile vierge sur laquelle je projette mes espoirs, mes craintes ainsi que mes joies, mes certitudes. Pourtant ces deux dimensions n’existent qu’en moi.
Certain.e.s disent que le temps est un rêve. Que chacun.e marche dans ce rêve en croyant qu’il est réel alors qu’il ne serait qu’un voile recouvrant l’Éternité. Je vois le temps comme une scène de théâtre. Les actes s’enchaînent, les personnages évoluent, le mystère reste entier. En fait, tout ceci n’est qu’un jeu 4️⃣, une illusion destinée à captiver mon esprit.
Comme j’apprécie les métaphores, j’écris que le temps est comme un kaléidoscope. Lorsque je le tourne, les fragments colorés se réarrangent en de nouveaux motifs, pourtant l’objet en lui-même ne change jamais. Les images du passé, les visions du futur sont ces fragments. Elles donnent l’impression de mouvement alors que l’Éternel, lui, reste immuable.
Et pourtant, aussi illusoire soit-il, le temps est essentiel. Il est le cadre dans lequel s’inscrivent mes expériences humaines. Sans le temps, que serait ma vie dans ce monde terrestre ? Un poème sans rimes, une mélodie sans rythme. La dualité, si fondamentale à l’existence, ne pourrait exister sans le temps. Comment pourrais-je connaître la joie sans la tristesse qui la précède ou qui lui succède ? Comment pourrais-je apprécier la lumière sans avoir traversé l’obscurité ? Comment pourrais-je contempler la graine mise en terre donnant une magnifique fleur ?
Le temps est ce fil invisible qui relie les opposés. Il est comme la ligne d’horizon entre la mer et le ciel. Il est une limite imaginaire qui, comme un horizon, est nécessaire pour donner un sens à l’ensemble. Il structure mon expérience dans ce monde de formes, de mouvements, de changements. Bien qu’il ne soit qu’un rêve, il est un rêve divinement orchestré, une illusion sacrée.
Lao-Tseu disait : « La vie est une succession de changements naturels. Ne résistez pas car cela générera que des soucis. Laissez la réalité être la réalité. Laissez faire naturellement les choses ». Ces changements, ces cycles de vie et de transition, de joie et de peine, n’existent que dans le cadre du temps. Le temps est un souffle qui anime ce monde.
Parfois, lorsque je contemple un coucher de soleil, je ressens l’étrange paradoxe du temps. La lumière se tamise, les couleurs changent, le jour cède la place à la nuit. Au-delà de ces changements, de ces transformations, il y a quelque chose d’immuable, une tranquillité qui enveloppe Tout. Ce spectacle est à la fois éphémère et éternel.
Je me dis que le temps est comme une vague. Il s’élève, se déploie, se retire, pourtant l’océan dont il fait partie demeure inchangé. Je suis tout autant cette vague, pris dans le mouvement, que je suis l’océan, l’éternité elle-même.
Comment, alors, vivre avec le temps tout en sachant qu’il est une illusion ? Pour moi, la clé réside dans la Conscience. Chaque instant est une porte vers l’Éternel. Lorsque je savoure un moment pleinement, totalement, intégralement, sans me perdre dans les regrets du passé ou dans les anticipations du futur, je transcende le temps tout en vivant pleinement dans son cadre.
Le passé est simplement une partie du présent qui survit sous forme de mémoire. Le futur est une partie du présent qui survit sous forme d’attente. En fait, le présent est tout ce que j’ai. C’est ici que réside ma vérité.
Ainsi, en écho au titre du présent texte, est-ce que le temps est une ombre nécessaire du présent ?
Une ombre existe parce qu’il y a une lumière et un objet (d’aucun.e.s pourraient dire un obstacle). Ainsi, le temps, cette ombre, n’est perceptible que parce qu’il y a un présent qui est la Lumière. Le passé donne des repères, des leçons. Le futur projette vers des objectifs, des espoirs. Ces « ombres » enrichissent ma perception du présent. L’écoulement du temps donne un cadre à mon expérience du présent.
La réponse à ma question est : « Oui ». Oui, le temps, comme une ombre, n’a pas d’existence autonome. Il est une conséquence du présent qui est la seule « réalité » palpable.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250122-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Limite Acque Sicure – 2025 – Un’Altra Mano Di Carte)
1️⃣ : voir le texte « La Ligne Directe ? » ;
2️⃣ : voir le texte « Dieu est le Temps » ;
3️⃣ : Augustin d’Hippone ou Saint Augustin, dont le nom latin est Aurelius Augustinus, né le 13 novembre 354 à Thagaste et mort le 28 août 430 à Hippone, est un philosophe et théologien chrétien romain originaire d’Afrique romaine qui, après une carrière de rhéteur, occupe la fonction d’évêque à Hippone. Canonisé en 1298, il est avec Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon et Grégoire le Grand, l’un des quatre premiers Pères de l’Église latine à se voir conférer le titre honorifique de docteur de l’Église (merci Wikipedia) ;
4️⃣ : voir le texte « La Vie est un Jeu … ».

Laisser un commentaire