(sous-titre : Les Trois Visages de l’Éveil)
J’avais déjà écrit des textes parlant de l’Ascension. Par facilité, j’aurais pu les republier. Pourtant, un appel lointain m’a dit qu’il serait intéressant d’en publier un nouveau quitte à me répéter.
Comme je l’ai déjà écrit, je ne suis ni un maître, ni un guide encore moins un saint. En fait, je suis un souffleur de mots. Un souffleur qui cherchait à se souvenir de sa Source.
Tout a commencé sans que je le sache. L’appel n’avait pas de mots, pas de forme. Il était un vide discret entre deux pensées. Ce vide est un instant où tout est calme, paisible, simple. C’est un peu comme une douce fatigue douce après un effort. Un jour, j’ai compris que ce vide, que je tentais souvent de combler, était une porte.
C’est ainsi que j’ai franchi le seuil de cette porte, de ce que certain·e·s appellent l’ascension simple. Une ascension sans flamme, sans cri, sans lumière éclatante. Une ascension comme un matin d’hiver qui se lève lentement dans la brume. J’ai commencé à voir au-delà du visible, non pas avec mes yeux, uniquement avec ce silence qui veille sous mes paroles.
Dans cet état, j’ai désappris. J’ai laissé tomber des idées, des identités, des pans de mon costume, des fragments de mon personnage, des ambitions qui pesaient sur mon souffle. Ma vérité n’était pas dans les hauteurs de mon Être. Elle était dans la profondeur de celui-ci. Je ne m’envolais pas. Je m’enfonçais dans une Terre Intérieure que j’ignorais. Chaque mot de trop devenait un mur. Chaque geste sincère, une clé.
Je n’étais pas éveillé. J’étais éveillant. J’étais comme un fruit qui mûrit au contact de la Lumière.
Puis vint le « seuil » suivant. Aucune rupture, ni même une progression, simplement un glissement. C’est comme une respiration plus vaste. Ce que je croyais être la lumière n’était qu’une lueur. Ce que je croyais être le silence n’était que le début du vrai silence. C’est là que j’ai rencontré cette ascension nommée la « semi-ascension ».
Je dis « rencontré » car elle est une Présence. Elle m’a regardé sans juger. Elle avait une tendresse lucide qui transperce les masques. Elle m’a appris à voir sans vouloir comprendre, à servir sans attendre de retour, à Aimer sans posséder, à me sentir Vivant.
Je ne vivais plus pour moi seul. La Vie des autres commençait à résonner en moi. Ce n’était pas un poids, c’était comme un appel à la Rencontre. Je devenais traversé par la Vie. Je me suis mis à pleurer sans raison, à rire sans cause, à m’incliner devant des choses invisibles.
Dans cette « semi-ascension », le monde ne disparaît pas, il devient transparent. Les formes restent. La substance vibre. Pourtant, un caillou n’est plus un simple caillou, une pierre n’est plus une simple pierre. Un regard devient un livre. Le vent, un oracle.
Pourtant il restait encore en moi des bastions, des chambres fermées, certaines portes closes. L’ego ne me quittait pas. Il changeait de vêtement. Il se déguisait en humilité, en sagesse, en compassion subtile. L’ascension n’est pas une montée verticale, c’est une spirale. Chaque lumière révèle une nouvelle ombre.
Et puis, sans l’avoir cherchée, sans la désirer, sans la prévoir, j’ai effleuré un troisième état. Un espace où tout s’efface sans effort, où l’être se dissout dans l’Être. Ce n’était pas un sommet, c’était une disparition joyeuse. C’est « l’ascension royale ». Un nom bien terre à terre pour cette ascension.
Pourtant, il évoque une élévation suprême, marquée par la « noblesse » intérieure, la clarté et une « souveraineté » de l’Âme sur les forces inférieures.
Je ne pourrais dire combien de temps ceci a duré car le temps ne tenait plus. C’était un Instant comme une Éternité. Il n’y avait plus de « je », seulement une vastitude paisible, claire, impersonnelle, infiniment douce, amplement simple . Aucun triomphe. Aucune place sur un podium. Aucune médaille. Aucune illumination. Juste un Instant montrant la fin de la séparation.
Là, j’ai intégré que l’ascension n’était pas un accomplissement, c’était un effacement. Une simplicité. Cette ascension n’est pas dans le pouvoir, elle est dans la clarté. Elle ne dit rien. Elle Est.
Depuis, je suis revenu. Ou plutôt, une partie de moi est revenue. L’autre est restée là-bas, là-dedans, quelque part, je ne sais pas le décrire. Je vis, ici, dans ce monde de formes, de bruits, de gestes, avec la conscience d’un ciel toujours ouvert. Rien ne m’est enlevé, Tout m’est donné.
Je marche parmi vous. Pourtant mes pas résonnent ailleurs.
Je parle avec vous. C’est le Silence qui souffle mes mots.
Je ne suis pas arrivé. Je suis en train d’Être.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250525-2))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Juan Carlos Garcia – 2018 – Los Grandes Discipulos)

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