Y-a-t-il un Pilote dans l’avion ?
Un bien étrange titre pour le présent texte. N’est-il pas ? C’est le titre d’un film 1️⃣, une comédie absurde qui, derrière ses rires, son chaos, pourrait poser une question existentielle : « Qui contrôle vraiment la trajectoire de notre vie ? ». Dans l’univers déjanté du film où tout semble hors de contrôle, je peux y voir une trame.
Comme les passagers de cet avion en péril, il y a des oscillations entre le fini et l’infini, entre le doute et la FOI, entre la peur et l’AMOUR, cherchant désespérément un guide, une direction. Peut-être que l’essence même du voyage est d’accepter l’incertitude, d’apprendre à « (sou)rire » du chaos et de découvrir qu’au fond, je suis, à la fois, aussi bien le passager que le pilote de ma propre existence.
Je préviens, non pas comme une mise en garde, que le présent texte va recourir à de multiples métaphores. Dans différents textes 2️⃣, j’ai déjà exprimé que certains Êtres de Lumière ont eu recours, avec moi, à des métaphores. Normalement, la métaphore est utilisée pour « essayer » de faire comprendre voire d’accepter certains sujets, certains concepts. Une sorte de « stratagème » pour mieux faire passer un message. Parfois, et ceci m’est propre, elles sont « incompréhensibles » alors qu’elles devraient m’ouvrir une fenêtre vers une meilleure « compréhension », « acceptation ». Donc, ne sois pas comme moi, Amie Lectrice, Ami Lecteur, si tu te retrouves ainsi vis-à-vis d’elles.
Après cette entrée en matière, si je peux m’exprimer ainsi, comme il m’est étrange de constater, à quel point, la solitude est omniprésente depuis quelques semaines. Comme tu le sais, il y a un décalage entre la publication des textes et l’écriture de ceux-ci. Dans le cas présent, il y a, environ, 4 mois et demi de « décalage ». Ainsi, à la date de publication du présent texte, j’aurai vécu plusieurs autres expériences.
À l’écriture de ce texte, en le tapant sur mon ordinateur portable, il y a une multitude de coupures d’électricité. Comme disait une célèbre chanson populaire : « çà s’en va et çà revient ». Et, justement, ces coupures sont un peu comme l’expérience que je vis depuis quelques semaines.
Je sais que j’ai déjà beaucoup parlé de la solitude 3️⃣. Cependant, il m’apparaît que celle-ci semble être d’une autre nature. Ainsi, je vais l’écrire sous des termes, un peu pompeux, un peu dans l’air du temps en tant que « Solitude Spirituelle ».
Oh ! Je sais que ceci est surprenant pour quelqu’un qui dit que le mot « Spiritualité » 4️⃣ est mis à toutes les sauces. Je sais que ce n’est pas une solitude liée à l’absence d’autrui. D’ailleurs, que cet autrui soit dans le visible ou l’invisible n’a pas réellement d’importance. En fait, c’est comme une sorte de solitude primale, même primordiale qui est celle d’être face à moi-même dans l’échappatoire des distractions, des masques, des rôles, des personnages que j’ai endossés comme des costumes de scène.
Tout ce que JE SUIS se révèle dans une lumière, sans ombre derrière laquelle me cacher. Il n’y a ni refuge ni détour. Cette rencontre avec moi-même est autant « brutale » que mag(nif)ique. C’est comme si je m’approchais de La Source, cette étincelle originelle qui « brûle » en silence en chaque Être.
Comme je l’écrivais, au début de ce texte, je vais recourir à des métaphores pour « tenter » d’exprimer ce que je vis.
C’est comme s’il y avait une pluie semblant provenir d’un autre espace, d’un autre temps, d’une autre vibration. Comme un voyageur, surpris, je suis à la fois mouillé et étrangement « épargné ». Au lieu de courir pour me mettre à l’abri, j’ai choisi de me laisser traverser par cette pluie. D’autres autour de moi, trempés jusqu’aux os, sont figés dans l’étonnement, incapables de bouger. Et moi, bien que touché par cette même pluie, je semble glisser à travers elle, laissant les gouttes tracer des chemins éphémères sur ma peau avant, pour certaines, de s’évaporer, pour d’autres, s’imprégner dans mes pores. Est-ce parce que je l’accueille au lieu de lui résister ? Ou, en tout cas, que ma résistance est « moindre » ? Est-ce parce que je ressens que cette pluie n’est pas une menace que c’est plutôt une invitation à intégrer, à vivre ?
Ces rencontres avec l’invisible sont comme les turbulences d’un avion traversant des trous d’air. Une secousse inattendue me projette hors de ma zone de tranquillité, hors de ma zone de confort. Mon premier réflexe est de m’agripper, de chercher une stabilité même illusoire. Très vite, j’accepte que ce chaos apparent ne soit qu’un passage, une respiration du monde. Ce n’est pas le ciel qui est « instable », c’est moi qui tente de lui imposer mon équilibre. Alors, je lâche prise, je me laisse porter par ces mouvements, comme une plume dans une rafale de vent, et je (re)découvre une fluidité 5️⃣.
Et des métaphores, j’en ai d’autres. Je ne vais pas les expliciter simplement les proposer comme une sorte d’exercice de « visualisation », « d’intégration ». Il y a l’ombre portée d’un oiseau en vol, un éclat furtif qui disparaît avant même que je ne puisse lever les yeux pour en comprendre l’origine. Le bruissement des feuilles dans le vent, un murmure constant, fragile. Le sable glissant entre mes doigts, impossible à retenir. Un feu de bois qui crépite, fragile, éphémère. Un souffle de vent dans une flamme qui la fait vaciller. Une fleur qui s’ouvre à l’aube, silencieusement. La résonance d’une cloche, un écho vibrant. Une lumière dans la brume, floue, insaisissable. Un frisson au bord de l’éveil, entre le rêve et la conscience, entre l’ancien et le nouveau. Un filet d’eau caché sous des pierres, invisible à l’œil. La lumière à travers un vitrail se décomposant en fragments lumineux sur le sol. Un parfum fugace flottant dans l’air, subtil, envoûtant, insaisissable, s’évanouissant dès que j’essaie de le retenir.
Ainsi, je suis un artisan de mes perceptions, un peintre hésitant devant une toile infinie. Les mots que je choisis pour décrire ce que je ressens sont comme des pigments que je mélange avec précaution. À chaque coup de pinceau, je réalise que ces couleurs ne sont qu’une approximation de la lumière réelle. Et si, au lieu de peindre, je devenais la lumière elle-même ? Comme un rayon de soleil qui traverse une goutte de pluie révélant un arc-en-ciel des possibles. Cette idée m’effleure comme une caresse et, en même temps, elle me laisse aussi un goût d’inachevé 6️⃣. Je voudrais être ce rayon et, pourtant, je reste l’observateur, celui qui contemple sans pouvoir s’unir pleinement à ce qu’il voit.
Parfois, mon esprit s’agite comme la surface d’un lac, troublée par un caillou jeté. Les cercles s’étendent perturbant la sérénité de l’eau. Si je cesse de lutter, si j’attends en silence, les ondulations finissent par s’apaiser. Alors, le reflet du ciel revient, intact, parfait dans sa simplicité 7️⃣. Et ici, me vient, c’est d’apprendre à ne pas réagir, à ne pas résister, pour laisser émerger cette Lumière résidant en moi.
Dit d’une autre façon, ces moments de rencontre avec l’invisible sont comme des éclats de verre dans la lumière. Ils brillent de mille reflets et, en même temps, ils sont aussi fragiles que tranchants. Si je tente de les saisir, ils risquent de me blesser voire de se briser en mille morceaux. Alors, je m’efforce de ne pas m’accrocher, de les laisser être ce qu’ils sont comme des fragments, des fenêtres ouvertes sur l’éternité.
Je me rends compte que les rencontres avec ces zones vibratoires, ces réalités au-delà du visible, ne sont pas des accidents. Elles sont des invitations, des ponts tendus entre l’ordinaire et l’infini. Cependant, il m’est nécessaire de les traverser seul, avec ma confiance comme unique bagage. Personne ne le fera à ma place.
Parfois, je me demande : « Pourquoi moi ? Pourquoi cette traversée qui semble si différente de celle des autres ? ». En fait, la question importe peu. Ce n’est pas une épreuve, ni une malédiction, ni même une bénédiction. C’est simplement CE QUI EST. Ce qui appelle. Ce qui demande à être vécu.
Ce qui est fascinant, c’est que ces expériences n’ont pas besoin de justification, d’explication. Même si j’avoue, parfois, qu’une partie de moi voudrait s’accrocher à ces moments, les disséquer, les comprendre, pourtant ceci reviendrait à enfermer l’infini dans une cage de mots. Alors, je les laisse couler, ces instants, comme des gouttes sur une vitre. Elles laissent des traces éphémères, des empreintes sur ma conscience et elles continuent leur chemin, libres de toute emprise.
Et pourtant, malgré cette liberté, il demeure en moi un sentiment d’incomplétude. Comme si je vivais à la lisière d’une forêt immense, quelque chose qui ne peut être saisi uniquement pressenti. Cette référence, à la forêt, me parle car le nom que s’est donnée ma Conscience Supérieure est « Shichea » 8️⃣. Ce nom, cette vibration signifie, dans une langue que je ne connais pas, « Grand Arbre dans la Forêt » (tout un programme !).
Les mots que je pose, les idées que je formule, les questions que je pose, les réponses que je propose ne sont, en fait, que des ombres. Être, simplement Être, semble l’ultime réponse. Comment « Être » lorsque tout en moi s’agite pour faire, pour comprendre, pour analyser, pour ressentir ? Cette tension entre l’abandon et le contrôle est un feu constant, une énergie qui nourrit ma conquête tout en me défiant d’être dans le lâcher prise.
Il y a des jours où je réussis à me tenir, au seuil, dans cet équilibre fragile entre l’ego et l’immensité. Dans ces moments, je ressens une communion silencieuse avec tout ce qui est. Je ne suis plus un observateur extérieur. Je deviens le flux lui-même, l’onde qui traverse, la vibration qui résonne. Même si ces instants sont rares, ils m’enseignent, pourtant, ce que je sais déjà, que la séparation est une illusion, que l’individu et le Tout ne sont qu’une seule et même réalité, jouant à se masquer l’un à l’autre.
Cependant, revenir de ces espaces n’est pas toujours facile. Une fois que l’on a goûté, ne fut-ce qu’un instant fugace, à cette Unité, ou ce qui me semble être l’Unité, le monde ordinaire me semble terne, fragmenté, dénué de sens. Alors il me faut réapprendre à (re)voir la beauté dans le « banal », à percevoir l’extraordinaire dans l’ordinaire. Chaque visage croisé, chaque arbre, chaque souffle d’air devient une invitation à retrouver ce lien perdu, à raviver cette flamme qui vacille, qui ne s’éteint jamais.
C’est dans ces moments que je me rappelle qu’il est nécessaire d’embrasser ce monde au lieu d’essayer de le fuir. Les zones vibratoires, ces espaces d’éveil, ne sont pas un ailleurs. Elles sont déjà ici, toujours présentes, cachées sous la surface des apparences. Ce n’est pas en fuyant la pluie que je ne serai plus mouillé.
Revenir de ces espaces vibratoires est comme descendre une montagne après avoir goûté à l’immensité de son sommet. Le monde en bas paraît étroit, étriqué, comme si les horizons s’étaient refermés. Pourtant, je sais que la montagne, elle-même, ne disparaît pas. Elle demeure, majestueuse, même lorsque je ne peux plus en apercevoir la cime. Je porte en moi cette hauteur, cette vue dégagée, même au cœur des vallées les plus sombres.
Chaque expérience, chaque souffle de vent contre mon visage est une part de cette grande orchestration qu’est la Vie. Les turbulences que je ressens ne sont pas des accidents. Elles sont les notes d’un mouvement, d’une mélodie que je ne peux entendre dans son ensemble, tout en sachant que j’en fais partie. C’est comme être une feuille emportée par un fleuve. Même si je ne peux choisir le courant, je peux choisir de flotter, de ne pas m’opposer, de me laisser porter vers des rivages inconnus.
Et je vois alors que chaque rencontre, chaque expérience, est un apprentissage déguisé. Le repli, la peur, le désir de contrôle ne sont que des mécanismes de défense, des tentatives de l’esprit pour échapper à l’immensité qui l’effraie autant qu’elle l’attire. En les dépassant, je suis la pluie, je suis le vent, je suis les étoiles et le silence entre elles. Ce n’est pas une idée à comprendre. C’est une réalité, propre à chacun.e, à vivre.
Alors, dans ce grand moment de solitude qui me traverse parfois, je trouve une forme de gratitude. Gratitude pour le chemin, même s’il est difficile. Gratitude pour les questions, même si elles restent sans réponse. Gratitude pour cette étincelle en moi, qui ne cesse de chercher, d’apprendre, d’AIMER. Et j’accepte que cette quête n’ait pas de fin, car elle est le mouvement même de la Vie, ce souffle éternel qui nous anime tous.
C’est dans cette reconnaissance que je trouve ma paix. Je ne cherche plus à devenir autre chose. Je ne cherche plus à fuir ce que je suis. Je m’ouvre simplement à l’instant, à ce qui est, sans résistance, sans attente. Car au bout du compte, il n’y a rien d’autre à faire que ceci : « ÊTRE ». Complètement. Entièrement. Intégralement. Avec tout ce que cela implique de vertige, de beauté et de mystère.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250114-2 & 20240515-1))
(Illustration : Flux(Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Jerry Kawalek – 2025 – Sounds of MikroKosmic Adventures)
1️⃣ : « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » (Airplane!) est une comédie américaine sortie en 1980, réalisée par les frères Zucker (David Zucker et Jerry Zucker) et Jim Abrahams au sein du collectif ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker). Le film est une parodie très ressemblante du film catastrophe À l’heure zéro (1957) ainsi que d’autres films du même genre des années 1970 centrés sur les catastrophes aériennes, comme le film Airport (1970) (merci Wikipedia) ;
2️⃣ : voir, notamment, les textes « La métaphore de la pomme », « Le Phare » ;
3️⃣ : voir, notamment, les textes « Balitude », « L’UN-Solitude », « Souhait du Cœur » ;
4️⃣ : voir le texte « Le dévoiement de la spiritualité » ;
5️⃣ : voir le texte « Fluidité » ;
6️⃣ : voir le texte « L’Écho des Âmes Inachevées » ;
7️⃣ : voir le texte « J’ai trouvé un trésor immense dans la simplicité » ;
8️⃣ : voir le texte « Créateurs – Créatrices » ;

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