La Déconstruction de l’ego Spirituel

Le texte précédent se terminait avec la mention « à suivre ……. ». J’y parlais de ma « Dépression Spirituelle ». Récemment, j’ai également écrit sur « La Nuit Noire de l’ego ». Y-a-t-il un lien dans mes derniers écrits relativement « sombres » pour ne pas écrire « obscurs ».

Il est curieux de relire mes propres mots, ceux que j’ai couchés sur le « papier » lorsque je me sentais perdu dans « La Nuit Obscure ». Chaque phrase, chaque réflexion portait en elle une tentative d’accepter, d’expliquer, de donner un sens à cette souffrance intérieure qui semblait m’écraser. Avec ce présent texte, avec un regard plus lucide, je perçois autre chose comme une ombre encore plus subtile que l’ego.

J’ai déjà souvent parlé de l’ego comme d’un masque, une construction mentale qui crée la séparation. Il se nourrit des désirs, des peurs, du besoin de validation des autres. Il y a longtemps, bien longtemps, quelqu’un m’a parlé qu’il existait un autre ego, plus difficile à déceler, c’est « l’ego Spirituel ».

Contrairement à l’ego humain, qui cherche à se valoriser à travers le monde matériel par la réussite, l’image, les possessions, l’ego Spirituel trouve son terrain dans les sphères du Subtil, de l’invisible.

L’ego Spirituel n’est pas l’abandon de l’ego humain, c’est, quelque part, une transmutation, une métamorphose de celui-ci. Il se manifeste par un « besoin » latent d’être « comme plus éveillé, plus éclairé, plus proche de la transcendance ». Là où l’ego humain dit « Je suis important parce que j’ai réussi », l’ego Spirituel murmure : « Je Suis parce que je vois au-delà ».

Je vois maintenant que, dans le texte précédent (« Dépression Spirituelle – Des Pressions Spirituelles), c’était cette voix qui s’exprimait. Elle était subtile, déguisée dans les vêtements du personnage. Elle était bien là, présente dans chaque mot, chaque pensée tournée vers la souffrance, la dépression, le vide. Cette voix voulait être entendue, reconnue, comme si ma « Dépression Spirituelle » méritaient une forme de validation.

Quand je cherche à comprendre, à expliquer, à intellectualiser mes expériences spirituelles, je me rends souvent « coupable » d’une forme d’orgueil caché. Cet orgueil ne ressemble pas à celui qui est associé au succès matériel ou autre. Il est beaucoup plus subtil, presqu’imperceptible. Il se manifeste dans les moments où je me dis : « Je souffre d’une manière unique. Ma douleur est spéciale parce qu’elle est Spirituelle ».

Et pourtant, n’est-ce pas ici une manière détournée de maintenir une forme de séparation ? L’ego Spirituel me pousse à me voir comme différent, comme quelqu’un qui marche sur un chemin que peu empruntent. Il crée une nouvelle identité, celle du « chercheur », du « voyageur intérieur », qui, tout en rejetant les illusions matérielles, s’accroche désespérément à une illusion d’être spécial. Non pas d’être un élu, simplement d’être à part.

Je vois maintenant que mes réflexions précédentes étaient en partie façonnées par cet ego Spirituel. Il y avait un besoin de décortiquer, de rationaliser, de transformer mon expérience en quelque chose de beau, de compréhensible, peut-être même d’admirable. Pourtant la vérité est que la Spiritualité Authentique ne se trouve pas dans ces constructions. Elle n’est ni dans les mots, ni dans les concepts, ni dans les pensées complexes tentant de « capturer » l’Infini.

Lao Tseu, que j’ai déjà cité dans d’autres textes, dit dans le livre « Tao Tö King » : « Celui qui sait ne parle pas. Celui qui parle ne sait pas ». Lorsque je cherche à exprimer l’indicible, lorsque je tente de donner une forme à ce qui transcende toute forme, je m’égare dans les méandres de l’ego Spirituel.

Cette prise de conscience n’est pas facile. Elle exige une humilité que je ne « maîtrisais » pas encore lorsque j’ai écrit mes premières réflexions. Est-ce que je les « maîtrise » réellement ou est-ce mon ego Spirituel qui me fait croire que je les « maîtrise » ? En tout cas, je reconnais que, même dans mes moments les plus sincères, il y avait une part de moi qui cherchait à être vue, à être reconnue.

C’est une leçon difficile à accepter. Je vois maintenant que mon désir de transcender la douleur, la dépression Spirituelle était en partie motivé par une peur, celle de me confronter à l’inconnu, à cet espace où toutes les certitudes disparaissent.

Je sais que l’éveil véritable ne se trouve pas dans l’accumulation de savoirs, dans la maîtrise des concepts, dans les croyances. Il se trouve dans le lâcher-prise, dans la capacité à abandonner tout ce que je pense savoir, y compris mes idées sur la Spiritualité.

Dans cette exploration, un paradoxe apparaît. Que dois-je faire pour « dépasser » l’ego Spirituel. En premier, je dois d’abord reconnaître qu’il existe. Ce n’est pas parce que j’en parle, qu’il existe. Ainsi, je dois voir clairement comment il se manifeste, comment il se cache derrière mes aspirations les plus nobles. Mais une fois que je l’ai reconnu, je dois aussi accepter de ne pas le combattre. Car le combat lui-même alimente l’ego. Même les « Je dois » ne sont pas « appropriés ».

Je sais que l’éveil n’est pas un objectif à atteindre 1️⃣. Ce n’est ni une destination, ni un trophée que je peux exhiber fièrement. Ce n’est pas une montagne à franchir, un Everest 2️⃣ à dépasser. C’est un processus d’abandon, un dépouillement progressif de tout ce que je crois Être, jusqu’à ce qu’il ne reste rien.

Autant que cette idée me « perturbe », me « terrifie », elle me libère en même temps. Elle me terrifie parce qu’elle me confronte à ma propre impermanence, à cette vérité que je ne contrôle rien. Elle me libère, aussi, car elle me rappelle que je n’ai rien à prouver, ni à moi-même, ni aux autres.

En reconnaissant l’illusion de l’ego Spirituel, je commence à percevoir une autre manière d’Être. Cette manière n’est pas basée sur la quête voire le désir. Elle ne repose pas sur l’idée de devenir quelque chose, uniquement sur l’acceptation de CE QUI EST, Ici et Maintenant.

Dans Luc 17:20-21, il est dit : « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous ». Ces mots prennent un sens nouveau pour moi. Ils me rappellent que je n’ai ni besoin de chercher à l’extérieur, ni même dans les hauteurs de ma conscience. Tout ce que je cherche est déjà ici. Je ne peux le percevoir tant que je reste prisonnier de mes constructions mentales, qu’elles soient humaines ou spirituelles.

Je réalise que, même, ce « Je » qui écrit, qui pense, qui réfléchit, n’est qu’une illusion. Ce « Je » n’est qu’un rôle, un personnage, un masque temporaire porté par la conscience. Derrière ce masque, il n’y a ni séparation, ni distinction. En ce moment, me revient, encore et encore, ce que Judicaël disait : « Dès que tu crées une séparation, dès que tu juges, dès que tu penses que tu es à côté de…, tu n’es plus unifié. Je t’ai déjà expliqué que le péché n’était pas ce que ta religion t’a dit. Péché voulait dire ‘Être à coté, être séparé’ ». Oui, je sais. Je sais tout ceci. Pourtant, en écrivant ces textes, je crée, quelque part, une séparation. Paradoxe que tu me tiens !

Dans toutes les anciennes traditions, les Sages exprimaient à leur manière, cette Union avec La Source. Les Maîtres Zen, eux, évoquent le vide où toutes les formes se dissolvent. Tout ce que j’ai lu, tout ce j’ai entendu, tout ce que j’ai écrit m’invite à dépasser autant l’ego humain que l’ego Spirituel. Je sais que la véritable liberté ne réside pas dans ce que je fais, dans ce que je crois, ni même dans ce que je dis ou je ne dis pas. Elle réside dans la reconnaissance que, fondamentalement, il n’y a pas de « moi » et de « Moi ».

Ainsi, je reviens à la Simplicité où il n’y a rien à atteindre, rien à prouver, rien à comprendre même rien à accepter. Il y a juste cette vie, ma Vie dans toute sa beauté, dans toute sa Simplicité.

Cependant, je reste humble car je ne prétends aucunement avoir transcendé l’ego Spirituel. Je vois, ou plutôt, je n’en perçois, pour le moment, que ses contours. Cette vision me permet de lâcher prise un peu plus, de m’ouvrir à ce qui est, sans chercher à le saisir, à le contrôler.

Peut-être que le véritable éveil n’est pas une expérience extraordinaire tels que certain.e.s veulent le faire croire. Peut-être est-ce simplement une « Acceptation de l’ordinaire ». Non pas une illumination grandiose, uniquement une Simplicité Lumineuse.

Et dans cette Simplicité, je découvre une Paix que je ne cherchais même plus.

(à suivre ……. ou pas)

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250113-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Phil J Parr (PJP) – 2024 – Fractured World)

1️⃣ :  voir le texte « Le Doux Leurre de l’Éveil » ;

2️⃣ :  voir le texte « Everest » ;

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