Dépression Spirituelle – Des Pressions Spirituelles

Il est des moments où j’ai l’impression que mon Âme, telle une barque à la dérive, semble incapable de me faire avancer comme si j’étais retenu par un poids invisible. Je ne parle pas ici d’un simple chagrin, ni même de cette tristesse qui, parfois, colore le quotidien d’un gris uniforme. Non, ce dont je parle est plus profond voire plus insidieux 1️⃣. Cet état, je le nomme « Dépression 2️⃣ Spirituelle ». Cette « Dépression Spirituelle » n’appartient pas au domaine des humeurs passagères, des aléas de la vie même elle a un impact sur mon personnage. C’est comme si elle s’ancrait dans mon Âme. C’est comme si ce qu’il me reste de mes certitudes vacillaient. C’est comme si mon questionnement sur ma propre existence surgissait comme une mer trop longtemps restée calme et que ses vagues m’immergent de plus en plus.

Je n’ai jamais connu la dépression. Avant, je disais que la dépression n’était pas pour moi car j’avais cette capacité à toujours m’en sortir d’une façon ou d’une autre. Je savais aussi que la dépression est souvent perçue comme un trouble de l’esprit qui affecte, principalement, le domaine émotionnel et psychologique.

Quelle pourrait être ce que je nomme « Dépression Spirituelle ». Est-ce un état où je ressens un vide intérieur, une perte de sens, une absence de connexion avec quelque chose de plus grand que moi voire une rupture d’un lien qui, jusqu’ici, me portait ? Est-ce un sentiment de désespoir, de solitude existentielle voire même un manque de joie profonde ? Est-ce me sentir dépossédé de ma propre Spiritualité, de ma FOI voire même du sens même de mon Existence.

Je sais que j’ai souvent écrit : « Je ne suis pas tout le temps heureux et, en même temps, je suis dans la JOIE tous les jours ». Me suis-je fourvoyé en écrivant ceci ? Ma réponse sera duelle : Oui et Non.

J’ai écrit « Dépression Spirituelle » et, en même temps, ne serait-ce pas, aussi, « Des Pressions Spirituelles ». Oh, je sais que le jeu de mots est facile et, pourtant, il apporte, quand même un sens, il porte un message.

Je ressens cette pression, cet écrasement comme si j’étais pris dans un étau entre le Ciel et la Terre. Il y a des jours où même l’idée d’une conquête spirituelle me semble dérisoire. Ces moments où je me demande, pourquoi chercher. Pourquoi continuer à m’investir, en quelque chose, lorsque l’univers tout entier me semble être étranger ?

Je sais que tout ceci influe aussi bien sur mon personnage que sur mon environnement. Je réalise que cette dépression n’est pas simplement une absence de Lumière. Elle est la confrontation avec mes propres ténèbres. Elle naît de l’effondrement des illusions, de l’érosion des croyances confortables que j’avais bâties comme des forteresses autour de mon esprit, autour de mon personnage.

J’ai déjà écrit sur « La Nuit Noire de l’ego », ce passage aride, désertique où se perd tout repère. Je sais aujourd’hui que ces mots décrivent cette vallée où je me trouve, cet endroit où le silence de Dieu (peu importe le nom) résonne plus fort que toutes les prières, que toutes les intentions que j’ai dites à Haute Voix.

Ma « Dépression Spirituelle » est une pression intérieure qui semble vouloir m’écraser. Même si cette pression ne vient pas de l’extérieur, celui-ci peut en être le déclencheur. En écrivant ceci, peut-être que je cherche un.e responsable de ma situation. Cette dépression naît au croisement de mes aspirations les plus spirituelle et de mes limitations humaines. C’est comme si une partie de moi réclamait de s’élever, de transcender la banalité, tandis qu’une autre partie me retenait au sol, lestée par le doute, la peur et, même, une étrange apathie 3️⃣.

Je suis tiraillé entre l’appel du Divin et la lourdeur du terrestre. Ces deux forces opposées créent, en moi, une tension presque insoutenable voire insupportable. Parfois, je me demande si cette pression est nécessaire, pour engendrer une transformation, comme la chaleur et la pression transforment le charbon en diamant. Dans l’instant, tout ce que je ressens, c’est une fatigue écrasante, un désir de lâcher prise, un besoin de liberté, une envie de m’abandonner à l’oubli.

C’est comme je me retrouvais en perte d’espoir, en désespoir. Søren Kierkegaard 4️⃣ disait : « C’est donc en ce dernier sens que le désespoir est la maladie à la mort, cette torturante contradiction, cette maladie du moi qui consiste à mourir sans cesse, à mourir sans mourir, à mourir la mort ».

Avec cette citation tirée de son livre « La Maladie à la Mort », il explore une idée qui me parle, celle du désespoir en tant que condition existentielle et spirituelle. Ainsi, le désespoir n’est pas simplement une émotion de « polarité négative », un état psychologique passager, c’est une « maladie » enracinée dans la relation de l’individu à lui-même, à son existence. Quand il parle de la mort, je n’y ressens pas un mort physique plutôt la représentation d’une mort spirituelle, existentielle. Cette « maladie à la mort » représente l’incapacité à être pleinement moi-même, à m’accepter tel que je suis en relation avec Dieu (peu importe le nom). Mon désespoir résulte de mon « échec » à intégrer mon identité Finie, Humaine, avec ma dimension Infinie, Spirituelle.

Je sais que je suis un Être Fini, limité par le temps, l’espace, le corps et, en même temps, je suis un Être Infini portant, en moi, une aspiration à l’Éternité, à un sens supérieur, à l’Union. C’est cette dualité qui crée un conflit constant. Le désespoir surgit lorsque je « refuse » de me réconcilier avec cette condition paradoxale, en rejetant soit mon infinitude, en m’enfermant dans le matérialisme, dans la banalité, soit ma finitude, en me perdant dans une quête d’absolu irréaliste.

Le désespoir, c’est une mort intérieure répétée, une aliénation de soi-même, sans la libération qu’apporterait une mort véritable. L’individu désespéré est conscient de son vide, de son incapacité à être pleinement lui-même, il est piégé dans cet état sans possibilité de fuir, d’y mettre fin. En suis-je ici actuellement dans ma Vie ? Est-ce que je plonge, est-ce que je m’enfonce dans une sorte de tristesse alors que je suis quelqu’un de joyeux.

En fait, c’est l’expérience de vivre chaque jour avec la douleur d’un moi fragmenté, non aligné, une douleur qui semble interminable. Ceci reflète une condition d’inertie spirituelle. Je suis en vie, biologiquement, et, en même temps, je suis mort intérieurement, incapable d’accéder à un sens, à une plénitude authentique. Quelque part, c’est la souffrance ultime, celle d’un « moi » qui ne parvient pas à se réconcilier avec lui-même, ni à trouver la paix dans l’acceptation de son existence paradoxale.

Existe-t-il un « remède » à ce désespoir ? Oui, j’en suis convaincu en mon for intérieur. En même temps, ceci nécessite une réorientation totale vers une relation authentique en acceptant entièrement, totalement, intégralement ma condition humaine. Je rappelle que Judicaël disait : « Acceptation Maturée de l’Oeuvre de UR » (AMOUR). Ainsi, c’est reconnaître, embrasser la dualité de l’existence, sans tenter de fuir ni d’idéaliser une partie de soi.

Pour ma part, la FOI est la réponse « ultime ». Seule ma FOI personnelle me permet de transcender le désespoir. Ma FOI n’est une adhésion intellectuelle à des doctrines, à des dogmes, à des religions. Elle est une confiance totale en La Source.

Dans ce désespoir, dans cette dépression, dans ces pressions, j’y vois une alerte spirituelle, un appel, sans intellectualisation, pour que je regarde au-delà des illusions, des distractions afin de me confronter à la Vérité de mon Être. Cette vérité, bien que, parfois,  douloureuse, ouvre la voie à une vie véritablement Authentique 5️⃣ et Alignée 6️⃣ avec l’Infini qui réside en moi, la Terre Divine en Moi.

Alors ce vide que je ressens en moi, est-ce un abîme qui ne peut être combler et, ce, peu importe, combien, comment, pourquoi, avec quoi je tente de le remplir ? J’ai déjà ressenti ce vide comme un silence assourdissant, une absence de sens qui rend chaque effort vain. Et pourtant, dans mes moments les plus sombres, une pensée me traverse, est-ce que ce vide serait une invitation ?

Et si ce n’était pas un manque. Et si c’était un espace. Et si mon désespoir, ma dépression était un espace pour accueillir quelque chose de nouveau, quelque chose de vrai ? Cette idée me réconforte même si accueillir le nouveau implique de laisser mourir l’ancien 7️⃣, de renoncer à ce qui m’était familier et, même, si ceci était source de souffrance.

Rûmî 8️⃣ disait : « Venez, venez, qui que vous soyez, vagabond, adorateur, amant de l’abandon, Peu importe. Notre caravane n’est pas celle du désespoir. Venez, même si vous avez rompu vos vœux mille fois, Venez, encore, venez, encore ». Je l’ai reformulée ainsi : « Ne t’éloigne pas. Entre ! Même si tu as brisé ta promesse mille fois ».

Ces mots m’invitent à ne pas fuir, à ne pas m’éloigner de l’abandon, de cette dépression. Ils m’invitent à m’asseoir avec elle, à l’écouter, à accepter ce qu’elle a à me dire. Peut-être que ce vide, cette dépression, n’est pas une fin en soi, c’est simplement un passage, un seuil. Et, c’est à l’écriture de ce texte, maintenant, que je l’accepte.

Je sais que l’AMOUR DIVIN est inconditionnel. Il est toujours accessible, peu importe mes « fautes », mes « échecs humains ». Ainsi « Ne t’éloigne pas », c’est une invitation pour me rappeler que la Porte de l’AMOUR DIVIN reste toujours ouverte. « Entre ! » me dit, m’invite à ne pas fuir, à ne pas me détourner à cause d’un sentiment de culpabilité, d’indignité. « Même si tu as brisé ta promesse mille fois » me rappellent qu’en tant qu’humain, je ne suis pas infaillible et, en même temps, ceci n’annule jamais l’accès à la Grâce Divine. La récurrence des « fautes » est un élément inévitable de mon voyage spirituel, et, en même temps, elle n’empêche pas le Pardon, la Rédemption 9️⃣.

Je me rends compte que ma souffrance vient aussi de ma résistance au changement. Je m’accroche au personnage, à des idées, des croyances, des identités qui ne me servent plus. Et pourtant, les laisser partir me « perturbe » voire me « terrifie ». Qui serais-je sans elles ?

Il y a une part de moi qui voudrait croire qu’il est possible de revenir en arrière, de retrouver un état d’innocence, de paix. En même temps, je sais que ce n’est pas ainsi que fonctionne la vie, ma Vie. Le chemin spirituel n’est pas une ligne droite, c’est un labyrinthe, un voyage fait tout autant de pertes que de retrouvailles.

Dans la Deuxième Noble Vérité de Bouddha, il est dit « L’origine de la souffrance est l’attachement ». Cette vérité est facile à comprendre intellectuellement, pourtant l’incarner est une autre histoire. Je suis attaché à mes idées de ce que devrait être la vie, ma Vie, de ce que devrait être la spiritualité, ma Spiritualité. Et ce sont précisément ces idées qui me maintiennent prisonnier.

Alors que je chemine dans cette obscurité, une petite lueur commence à apparaître. Ce n’est ni une lumière éblouissante, ni une révélation soudaine. Cette souffrance que je ressens, cette pression, cette dépression, ce vide ne sont pas uniques à moi. Ils sont le lot commun de toutes celles et tous ceux qui cherchent à accepter le sens de leur Existence.

Même si je sais que Judicaël disait : « T’aimes-tu ? Pourquoi es-tu encore sur le boulevard de la souffrance et non sur l’avenue (la venue) de la douceur ? », je reconnais que ma souffrance, ma dépression a un sens, non pas parce qu’elle est nécessairement « juste », simplement parce qu’elle fait partie intégrante de mon Expérience Humaine.

Je sais maintenant que la « Dépression Spirituelle » n’est pas un obstacle à éviter, c’est une étape à traverser, une sorte de passage à gué. Elle me force à me dépouiller de tout ce qui est « faux », de tout ce qui est superficiel pour aller au Cœur de ce que je suis vraiment.

Je sais aussi que même si c’est un chemin ardu, il est aussi porteur de promesses. Comme le phénix qui renaît de ses cendres, je peux choisir de renaître de cette expérience. Cette renaissance ne viendra pas d’un effort de volonté, ni d’un désir de contrôle. Elle viendra de mon acceptation, de ma capacité à Être pleinement, totalement, intégralement présent avec CE QUI EST, sans jugement ni résistance.

Comme je l’ai déjà écrit, je ne prétends pas avoir toutes les réponses. En réalité, plus j’avance, plus je réalise à quel point les réponses sont rares et les questions infinies. Le véritable sens de la conquête spirituelle n’est pas de trouver des certitudes, c’est apprendre à « jongler » avec l’incertitude.

Ainsi, ma Lumière et mes ombres ne sont pas opposées. Elles sont les deux faces d’une même pièce, les deux aspects de ce mystère qu’est la vie, ma Vie.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250113-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Echolyn – 2025 – Time Silent Radio vii II)

1️⃣ :  à la relecture de ce texte, me vient « Ainsi Dieu ». C’est étrange cette homophonie ;

2️⃣ :  « Dépression » vient du latin « Depressio » signifiant « enfoncement », issu de « Depressus », participe passé de « Deprimere » signifiant « Presser de haut en bas » ;

3️⃣ :  « Apathie » vient du latin « Apathia » signifiant « Impassibilité », « Insensibilité », issu du grec ancien « ἀπάθεια », de « a- » signifiant « sans » et de « pathos » signifiant « sentiment » ;

4️⃣ :  Søren Aabye Kierkegaard, né le 5 mai 1813 et mort le 11 novembre 1855 à Copenhague, est un théologien, philosophe, écrivain et poète danois protestant, dont l’œuvre est considérée comme une première forme de l’existentialisme chrétien ;

5️⃣ :  voir le texte « Oser Être Authentique » ;

6️⃣ :  voir le texte « I.S.A. » ;

7️⃣ :  voir, notamment, les textes  » Laissez mourir l’ancien », « Renaître à son Pouvoir Intérieur » ;

8️⃣ :  Djalāl ad-Dīn, dit Rûmî, né le 30 septembre 1207 à Balkh et mort le 17 décembre 1273 à Konya, est un poète, théologien et mystique persan. Rûmî a profondément influencé le soufisme et est considéré en Orient comme un grand maître spirituel musulman (merci WikiPedia) ;

9️⃣ :  dans le texte « Redemptio », j’indiquais que le mot « rédemption » vient du latin « redemptio » signifiant « rachat ».

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