L’Appel de l’UN-Visible

Depuis quelques temps, le silence 1️⃣ m’appelle comme s’il m’était proposé de prendre tant une pose qu’une pause. Dans mon silence, je sais que le monde poursuit son mouvement incessant. Je suis conscient que, tout autour de moi, il y a des « sons » comme le vent caressant les arbres, les voix étouffées d’une conversation lointaine, le murmure mécanique d’une horloge, la pluie tapotant aux fenêtres, le ventilateur même de mon ordinateur portable.

Pourtant, en moi, il y a quelque chose de plus subtil, un souffle ténu, presqu’imperceptible. Je sais que c’est une « voix » qui n’appartient qu’à moi, un chuchotement qu’aucune autre oreille ne peut entendre. Et pourtant, c’est de ce murmure que dépend l’étoffe de ma Vie, ce fil d’or fragile me reliant à ce que je pourrais devenir, tout en sachant que je le suis déjà, si seulement je m’arrêtais assez longtemps pour l’écouter.

Ce chuchotement, je l’ai entendu pour la première fois lorsque j’étais adolescent, sans même en comprendre la nature. Je me souviens de ces moments où, installé dans mon lit, une question surgissait : « Qui Suis-Je et pourquoi Suis-Je ici ? ». Cette question n’était pas une formule intellectuelle. C’était comme une résonance, une ouverture, un appel. Je me sentais partir comme attiré par une sorte de vortex. J’ai pris peur et j’ai fermé cette porte vers l’invisible. Certain.e.s y reconnaîtront, peut-être, une expérience de sortie de corps comme pour un voyage astral. À l’époque, je ne savais pas ce que c’était. Et cette porte est toujours fermée.

Avec le temps, le bruit du monde a recouvert cette « voix ». Il fallait courir, agir, répondre aux attentes. Cependant, parfois, dans les moments de calme inattendu, cette « voix » revenait insistante, douce, comme une présence familière que j’avais oubliée.

Dans ces moments, je sais que ce chuchotement n’est pas une injonction extérieure. Il ne me dit pas ce que je dois faire, il éclaire un chemin. Il est comme une lanterne 2️⃣ dans l’obscurité, fragile et pourtant constante. Écouter cette « voix », c’est apprendre à me tenir immobile 3️⃣ au cœur du tumulte, à laisser se dissiper l’agitation qui m’habite pour ressentir ce que la Vie elle-même tente de me dire.

Il y a cette phrase de Rainer Maria Rilke 4️⃣, que j’ai découverte, il y a quelques mois : « Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez-vous à vivre, peu à peu, sans vous en rendre compte, un jour lointain, l’entrée dans la réponse » 5️⃣. Cette phrase est pour moi une nouvelle clé. Ce chuchotement intérieur, cette « voix » ne donne pas de réponses immédiates. Elle me pousse à m’interroger, à me dépouiller des certitudes qui m’enferment pour explorer l’inconnu, l’inattendu. C’est une invitation à être vulnérable, à oser regarder au-delà des masques que je porte, au-delà des rôles que je joue.

Écouter cette « voix » demande du courage. Car elle ne m’emmène pas toujours ici où je pensais aller. Elle me pousse à quitter les sentiers battus, à traverser des zones d’ombre, d’incertitude. Elle me rappelle que la vie n’est pas une ligne droite 6️⃣. Elle est, quelque part, un mouvement incessant de « mort » et de « renaissance », un mouvement incessant de transition. Elle m’invite à lâcher prise sur ce qui est confortable pour accueillir ce qui est Authentique 7️⃣.

Je dis souvent que je me contente de peu. Je sais, je connais l’origine de ce peu via mon histoire familiale. Fils d’ouvrier, dans une fratrie de 6 enfants, nous n’avions que l’essentiel, aucun superflu. Pourtant ce peu ne m’a jamais semblé exister car je ne savais pas ce que c’était d’avoir de « trop ». Je sais que la société veut imposer des modèles préfabriqués, poursuivant des buts qui bien qu’acceptés, souvent contraints, laissent les Âmes assoiffées. Si je cherche à plaire, à réussir, à accumuler alors je perds le contact avec cette « voix ». Elle est ici pourtant, patientant dans le silence, prête à me guider vers ce qui est vraiment mien.

Je suis, de plus en plus, attiré par les grands esprits anciens. J’avais déjà cité Socrate, Aristote, Marc-Aurèle, Sénèque, Epictète et, plus récemment, Héraclite d’Éphèse. Comme quoi ce qui a été dit dans des temps anciens est toujours d’actualités, peut-être avec d’autres mots plus contemporains, et, en même temps, ceci indique comme si le temps n’existait pas.

Socrate parlait d’un « daimonion ». Si certain.e.s ont vu, dans ce mot, une connotation démoniaque, il n’en est rien. Le « daimonion » de Socrate était sa petite « voix » intérieure qui lui indiquait ce qu’il devait faire ou ne pas faire. C’est un peu comme ce que j’ai repris de Judicaël en le transformant suivant le « Je » : « À chaque instant, ce que je dis, ce que j’écris, ce que j’entends, ce que je ressens, ce que je ne dis pas, ce que je n’écris pas, ce que je n’entends pas, ce que je ne ressens pas est juste. Tout est Parfait ». En fait, le « daimonion » de Socrate n’est rien d’autre que la Divinité elle-même. C’est un peu comme « Conversations avec Dieu » de Neale Donald Walsch 8️⃣ ou « Dialogues avec l’Ange » de Gitta Mallasz 9️⃣. Pour moi, chacun.e a son « daimonion ».

Ainsi n’est-ce pas ce même murmure que chacun.e porte en soi, cette source Unique et Universelle à la fois, qui relie à quelque chose de plus grand ?

Pourtant, écouter ce chuchotement n’est pas une fin en soi. C’est un appel à agir, à transformer ce qui est perçu dans le silence en un geste, une parole, une œuvre qui porte la trace de cet écho intérieur. C’est là que réside la véritable audace qui est prendre ce que l’on entend dans la profondeur et l’incarner dans le monde, même si ceci semble étrange, inconfortable voire risqué.

Concrètement, qu’est-ce que ceci signifie ? Cela signifie accepter d’être soi-même, non pas comme une figure figée, plutôt comme un Être en devenir. Ceci signifie prendre le risque de l’Authenticité 7️⃣, même si ceci implique de déplaire, d’aller à contre-courant. Cela signifie oser explorer ses rêves, même ceux que l’on croyait fous, inaccessibles car ce sont souvent eux qui contiennent les germes du devenir.

Pour ma part, sans jugement, le monde a besoin de ce que chacun.e peut offrir lorsqu’il écoute cette « voix » intérieure. Car ce que cette « voix » murmure est toujours singulier. Elle ne me pousse pas à imiter, plutôt à faire, à créer, à innover, à révéler ce qui, en moi, est unique, irremplaçable. Et, en même temps, en suivant cette voie, je découvre, encore et encore, que je suis relié aux autres d’une manière plus profonde. Car ce qui est Authentique touche toujours à l’Universel.

J’ai souvent hésité à suivre ce murmure. La peur me retenait comme la peur de l’échec, la peur de l’inconnu, la peur de décevoir, même la peur d’Aimer et d’être Aimé. Cependant à chaque fois que je l’ai écouté, que j’ai osé m’aligner avec ce qu’il révélait, j’ai senti une forme de liberté qui dépasse toute description. Ce n’est pas une liberté extérieure, c’est une liberté intérieure, celle d’être pleinement totalement, intégralement Être soi-même, Être Vivant.

Et Toi, qui lis ces lignes, n’entends-Tu pas aussi ce chuchotement ? Peut-être est-il faible, étouffé par le bruit de tes pensées, par les injonctions du quotidien. Pourtant il est ici, je le sais, car il est ici en chacun.e. Il ne demande qu’à se révéler. C’est une Lumière dans l’obscurité, un guide dans le labyrinthe de l’Existence, un phare qui illumine le Chemin de l’Être.

Peut-être te demande-t-il de ralentir, de t’arrêter un moment, de te poser la question : « Qu’est-ce qui m’appelle vraiment ? ». Peut-être te montre-t-il une direction que tu n’as pas encore osé emprunter, un rêve que tu n’as pas encore osé vivre, un Amour que tu n’as pas osé découvrir.

Ce que je sais, c’est que je n’accomplirai jamais rien de vraiment « remarquable » si je n’écoute pas ce murmure. Car ce n’est pas dans le conformisme que réside ma « grandeur », c’est dans la capacité à m’aligner avec ce que Je Suis véritablement. Le monde n’a pas besoin de copies 7️⃣. Il a besoin d’Âmes éveillées, audacieuses, prêtes à risquer l’inconnu pour apporter leur Lumière Unique.

Alors, écoute. Écoute au-delà des bruits du monde, au-delà des peurs, au-delà des doutes. Écoute ce chuchotement intérieur qui est ton fil d’or, ton étoile polaire. Il te guidera, non pas vers une vie rêvée, il te mènera vers une Vie Parfaite, pleine, vibrante, fidèle à ce QUE TU ES. Et c’est ici que réside le véritable Miracle de l’Existence.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250110-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Art & Intel – 2024 – In the Blink of an Eye)

1️⃣ :  voir le texte « Ode au Silence » ;

2️⃣ :  La Carte de l’Hermite, parfois écrit l’Ermite, représente un vieil homme appuyé sur son bâton de pèlerin et levant devant ses yeux une lanterne. Au sommet de la montagne, il est arrivé à la fin de son cheminement Spirituel. Il se connait lui-même, il connait les hommes et le monde (IX – L’HERMITE du Tarot de Marseille). J’ai toujours apprécié cette carte à l’endroit  ;

3️⃣ :  voir le texte « I.S.A. » ;

4️⃣ :  Rainer Maria Rilke, né le 4 décembre 1875 à Prague en Bohème et mort le 29 décembre 1926 à Glion près de Montreux, est un écrivain autrichien ;

5️⃣ :  voir le texte « Le plus sûr de l’avenir, c’est qu’il n’aura rien de ce que nous tenons pour sûr » ;

6️⃣ :  voir le texte « La Ligne Directe ? (sous-titre : La Non-Linéarité de l’Existence) » ;

7️⃣ :  voir le texte « Oser Être Authentique » ;

8️⃣ :  Neale Donald Walsch, ancien animateur de radio, est un écrivain américain, principalement connu pour ses livres dans lesquels il transcrit ses « conversations » avec Dieu survenues à la suite d’un accident de voiture qui provoqua une crise majeure dans sa vie (merci Wikipedia) ;

9️⃣ :  Margit Eugénia Mallász dite Gitta Mallász ou en France Gitta Mallasz, née le 21 juin 1907 à Laibach et décédée le 25 mai 1992 à Tartaras, s’est fait connaître par la publication du livre « Dialogues avec l’ange » dont elle se disait être le « scribe » et non « l’auteur » (merci Wikipedia).