Aux Confins de l’Aube

Parfois, au seuil du matin, lorsque la lumière hésite encore entre l’ombre et la clarté, je me trouve suspendu dans un instant qui échappe au temps. Rien ne m’appartient et, pourtant, tout semble émaner de moi. Il n’y a ni murs ni contours définis, ni objets auxquels m’accrocher pour me situer. Je ne suis pas en face du monde car Je Suis avec Lui. Comme si, en cet instant précis, je naissais à Lui, Lui à Moi, dans une seule et même respiration, dans un inspire et un expire.

Ce moment aussi fragile qui puissant, comme une brume sur un lac au lever du jour, contient une vérité que je n’ose souvent pas regarder en face. Elle défie mes catégories, mes certitudes, tout ce que j’ai cru savoir. Elle murmure que je ne suis pas une île isolée, un sujet enfermé dans une bulle d’individualité. Non. Je suis un mouvement, une éclosion, une co-présence avec l’Univers.

Lorsque je tends l’oreille intérieure à ce silence, il m’apparaît que ce n’est pas seulement une suspension, c’est un Éveil. Je ne suis plus le spectateur d’un monde qui se déroule, devant moi, comme un paysage derrière une vitre. Je suis le souffle qui s’élève dans l’air, l’étincelle qui fait vibrer la lumière. Le monde ne m’est pas extérieur. Il s’allume, en moi, comme une flamme s’unit à l’oxygène pour exister.

Dans cette Union silencieuse, je sais que Naître n’est pas un acte qui ne se produit qu’une seule fois. Chaque instant est une naissance à moi-même, aux autres, à l’invisible, à l’éthéré. Chaque regard, chaque battement de cœur, chaque souffle est une invitation à entrer dans cette trame primordiale où le monde et moi sommes tissés ensemble.

Pourtant cette évidence n’est pas toujours accessible. Souvent, je m’égare. Mon esprit construit des murs, érige des frontières. Il veut classer, nommer, enfermer dans des cases. Je deviens alors un étranger à cette unité. Je me sens coupé, isolé, perdu dans une multitude de fragments que je ne sais plus assembler. C’est ici que naît l’illusion, celle d’un « Moi » séparé du monde.

Pourtant, même dans cet égarement, quelque chose veille. Une intuition, un feu discret, tenace, qui me rappelle à l’essentiel. Il me suffit de me taire, de respirer, de regarder. Non pas avec les yeux avides du jugement, simplement avec une douceur ouverte comme si je caressais la texture même de l’Être. Alors, doucement, le voile se lève.

Je m’aperçois que la séparation est une illusion, une superposition d’habitudes, de peurs, de doutes. Ce que je prends pour « Moi » est en réalité un mouvement d’échange, un dialogue ininterrompu avec TOUT CE QUI EST. Je ne suis pas un point fixe. Je suis une confluence, un passage où le monde circule, se transforme, prend forme et se dissout.

Quand je regarde une rivière, elle coule, toujours changeante, toujours la même. Son eau, en perpétuel mouvement, ne s’attarde nulle part. Pourtant, elle dessine un lit, un chemin. Suis-je si différent d’elle ? Mon existence n’est-elle pas ce courant fluide, ce jeu incessant de formes qui apparaissent et disparaissent ?

Il y a des jours où je lutte contre ce flux. Je veux retenir, posséder, m’agripper à ce qui me semble stable. Pourtant dans cet effort, je me rends rigide, fermé, incapable de respirer. Ce n’est qu’en lâchant prise que je retrouve la plénitude, le calme, la sérénité. Non pas parce que je renonce à moi-même, simplement parce que je m’accorde enfin à ce QUE JE SUIS, un élan, une ouverture, un espace où le monde se reflète, se reconnaît.

Et si je suis attentif, je découvre que cette unité n’est pas vide. Elle est riche, infinie, pleine de nuances que mes pensées seules ne peuvent saisir. C’est un langage sans mots, un échange subtil entre le visible et l’invisible, entre l’aube et le crépuscule. C’est le chant d’un oiseau qui traverse le matin, le frisson d’une feuille sous le vent, la chaleur du soleil sur ma peau, une luciole éclairant la nuit. Chacun de ces instants est une porte qui s’ouvre sur l’infini, un rappel que je ne suis jamais seul.

Car même lorsque je me crois perdu, même lorsque le doute m’envahit, je fais partie de quelque chose de plus grand, de plus vaste que ma propre compréhension. Chaque pierre, chaque étoile, chaque souffle porte en lui cette vérité que nous sommes liés. Pas comme des maillons d’une chaîne, uniquement comme des notes d’une même mélodie, comme les vagues d’un même océan.

Et dans cette reconnaissance, je trouve la paix. Pas une paix qui efface les épreuves, les douleurs. Une paix qui les englobe, les transforme, leur donne un sens. Car tout, même l’obscurité, a sa place dans ce vaste tableau.

Alors, je ne cherche plus à fuir, à contrôler. Je me tiens ici, dans l’instant, ouvert, vulnérable, prêt à accueillir ce qui vient, à le laisser passer. Je ne suis pas un spectateur passif. Je suis l’acte même de la rencontre, le point où le visible et l’invisible se rejoignent.

Et, dans ce point, je sais que même je ne suis pas le centre du monde, je suis le centre de mon monde. Je suis son reflet, sa vibration, son souffle. Je ne le possède pas. Je l’habite comme il m’habite. Ensemble, nous sommes ce jaillissement, cet élan sans fin qui donne naissance à chaque instant, à chaque présent.

Et Toi qui lis ces mots, ne sens-tu pas, en Toi aussi, cette résonance ? Ne sens-tu pas cet appel à regarder au-delà des apparences, à goûter la profondeur cachée sous la surface ? Si tu fermes les yeux, si tu écoutes, peut-être percevras-tu, comme moi, que rien n’est séparé, que Tout est lié dans une même pulsation de vie.

Dans ce regard, il n’y a plus de murs, plus d’obstacles. Plus de « Je ». Plus de « Toi ». Il n’y a que le monde qui s’éveille à lui-même, à travers Nous, en Nous. Et c’est Ici et Maintenant, dans cette reconnaissance partagée, que Tout commence encore et encore.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250107-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Versa – 2024 – Picking Up the Slack)

Publié par

Categories: ,

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Ma Spiritualité

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture