L’Échappatoire
Il y a quelques mois, ma Bienaimée et moi avons regardé deux téléfilms policiers intitulés simplement « Tout le monde ment » et « Tout le monde ment 2 ». Le synopsis est : « Vincent, un policier qui en a trop vu, persuadé que tout le monde ment, ne sait plus dire que la vérité, ce qui ne lui simplifie pas toujours la vie ». Au-delà de ces téléfilms, deux questions interconnectées se posent : « Est-ce que tout le monde ment ? » et « Si tout le monde ment, pourquoi ment-on ? ».
J’ai quelques recherches et j’ai trouvé ceci : « En psychologie sociale, on considère ainsi qu’il existe cinq motivations au mensonge : valoriser notre image, éviter les conflits, ne pas peiner notre interlocuteur, persuader quelqu’un afin d’en tirer un avantage et, enfin, dissimuler ou justifier un manquement ».
À la lecture de cet extrait tiré d’un article, je peux dire que je me suis retrouvé, à un moment ou à un autre, dans une de ces cinq situations. Cependant, il y a en une qui n’est pas évoquée et qui m’a été « donnée », si je peux m’exprimer ainsi, dans une canalisation de Sainte-Anne, Mère de Marie, disponible gratuitement sur le site de Sylvain Didelot. Cette « nouvelle » situation est l’échappatoire. La définition d’un dictionnaire donne : « Moyen détourné par lequel on cherche à se tirer d’embarras » et, dans un autre, c’est « Subterfuge auquel on a recours pour échapper à une situation difficile ».
D’aucun.e.s pourraient me dire qu’un mensonge et une échappatoire, ce n’est pas la même chose.
Oui ! Oui mais … 1️⃣ !
Le mensonge, c’est une altération directe de la vérité (ou de ce qui est considéré comme la vérité). Il consiste à dire, à représenter, sciemment, quelque chose de faux, ou considéré comme faux, dans l’intention de tromper autrui, de masquer la réalité ou, en tout cas, une certaine réalité. Donc, il est une opposition frontale à la vérité. Il consiste à nier, à altérer, à cacher une information véridique. Ainsi, l’intention 2️⃣ derrière le mensonge est, souvent, d’influencer la perception d’une autre personne que ce soit pour manipuler, protéger voire éviter une conséquence désagréable.
L’échappatoire, elle, est une fuite indirecte de la réalité. Une échappatoire est une manière d’éviter une situation, une responsabilité, un inconfort en utilisant une justification, un prétexte ou en adoptant une attitude passive (le silence). Contrairement au mensonge, l’échappatoire peut ne pas altérer, directement, la vérité. Elle repose souvent sur des demi-vérités, des omissions, des détournements de l’attention 3️⃣. L’intention derrière une échappatoire est, généralement, de se soustraire à une confrontation avec une réalité sans nécessairement tromper autrui.
Quelque part, la différence est entre l’opposition active (mensonge) et une fuite passive (échappatoire). D’un côté, une stratégie active visant à manipuler la perception de la réalité. De l’autre, une stratégie passive, indirecte visant à éviter une confrontation avec la réalité.
Dit d’une autre façon, un mensonge est une manipulation visant à faire croire à autrui ce qu’il n’aurait pas cru s’il avait su la vérité (ou supposée comme telle). C’est comme un déguisement, un masque, une sorte de porte dérobée pour ne pas montrer ce qui se cache derrière, quel que soit ce qui s’y cache d’ailleurs. Et qu’ainsi, l’échappatoire n’est pas un mensonge plutôt une conséquence d’un mensonge. Certain.e.s pourraient me dire que c’est « capillotracté ».
Ce groupe parle de spiritualité. Dans ce contexte, le mensonge peut être vu comme une rupture consciente avec l’Authenticité 4️⃣ tandis que l’échappatoire représente une forme de déni face à un défi, une épreuve, une expérience nécessaire pour pleinement incarner le choix de son Âme, de sa Conscience Supérieure.
Si je m’échappe, c’est pour aller quelque part sinon pourquoi s’échapper. Ce n’est pas nécessairement aller loin, parfois même c’est pour simplement aller à l’intérieur de soi, dans son désert 5️⃣.
Ainsi, il y a un questionnement sur la nature des départs, des changements, des mutations, des transformations dans ma Vie humaine. Je peux même dire dans mes Vies humaines. Pourquoi est-ce que je pars ? Pourquoi est-ce que je ressens un élan irrésistible vers l’ailleurs ? Et que vais-je trouver réellement au bout du chemin, au bout de cette échappée ?
À chaque croisement de ma Vie, à chaque instant où l’idée de partir a germé en moi, j’ai ressenti un tiraillement, une tension entre deux forces. L’une, une pulsion évasive, un désir presque primal de fuir un inconfort, une tristesse, une douleur, une stagnation, une peur même. L’autre, plus subtile, une aspiration douce à suivre une évidence qui, bien que silencieuse, m’appelait irrésistiblement à quelque chose de plus grand, de plus authentique.
Voici, après cette introduction, j’en viens au propos de ce texte qui invite au discernement 6️⃣ entre ces deux énergies.
Saint-Anne disait : « Jamais le fait de partir d’un couple, d’une entreprise ou d’un lieu ne doit être une échappatoire au travail qui vous est proposé ». Je précise que le terme « travail », je l’accepte comme étant une expérience. Je sais l’esprit de ce que Saint-Anne a dit, en fait, partir ne peut être un acte impulsif, dicté par l’inconfort, la tristesse, la douleur, la stagnation, la peur.
Je sais que la fuite est une illusion, un mirage où beaucoup cherchent à éviter un « travail » intérieur qui, pourtant, suivra partout dans cette vie ou de vie en vie. Je sais aussi que ce n’est pas évident quand quelqu’un vit une situation difficile, douloureuse de ne pas essayer de fuir. J’en avais parlé dans le texte « La Vie est un Jeu … ».
Ainsi pour moi, je me suis souvent demandé : « Moi, qu’est-ce que je cherche à fuir ? Est-ce une situation ? Une personne ? Ou peut-être, plus fondamentalement, une partie de moi-même que je refuse de regarder en face ? ».
Il est vrai que l’envie de changement, lorsqu’elle naît d’une réaction à la souffrance, peut égarer. Je peux espérer qu’un autre lieu, un autre emploi, une autre relation m’apportera, enfin, la paix. Mais si ce désir repose sur une fuite alors j’emporte mes blessures avec moi. Le monde extérieur reflète le monde intérieur, j’en ai déjà souvent parlé. Ce que je refuse de « guérir », de prendre en considération, d’aimer en moi continuera de se manifester, sous d’autres formes, peu importe où je vais. C’est un peu comme le châtiment de Sisyphe consistant à pousser une pierre au sommet d’une montagne d’où elle finit toujours par retomber. Ici, ce n’est pas un châtiment, c’est plutôt comme un « fardeau » 7️⃣ que l’on ne veut plus porter, que l’on ne veut plus voir, dont on veut s’échapper.
Pourtant, il y a aussi, parfois, un appel différent. Un murmure étrange qui ne naît pas de la peur plutôt d’une évidence. Un nouveau lieu, une nouvelle personne, un nouveau travail, ces choses sont déjà présentes en moi avant même que je les rencontre dans le monde physique. Comment accepter ce paradoxe que l’ailleurs que je cherche est déjà en moi ?
Peut-être que la réponse réside dans la nature même de la création. Je porte en moi, des germes, des potentiels qui, lorsque les circonstances sont propices, éclosent dans la réalité extérieure. Ainsi ce que j’appelle évidence n’est pas une surprise, c’est la révélation de ce qui a toujours été. Ceci a la couleur de l’inattendu, le goût de l’inattendu et, pourtant, ce n’est pas de l’inattendu. Le nouveau lieu, la nouvelle personne, le nouveau travail, ils ne surgissent pas de nulle part. Ils sont l’expression tangible, dans le monde visible, d’une transformation déjà accomplie en moi. Et c’est précisément cette réalité intérieure qui me permet de reconnaître que c’est le bon moment pour partir. Quelque part, pour laisser derrière moi, ne plus nourrir 8️⃣ ce qui ne m’est plus nécessaire.
Je repense à certaines décisions dans la Vie, des départs non toujours compris sur le moment. Pour certain.e.s, c’est une maison, d’autres un amour, d’autres encore un emploi, une situation qui sont quittés sans savoir pourquoi. Pourtant, il y avait une certitude inexplicable que c’était la chose à faire. En rétrospective, je vois que ces choix étaient guidés par une force intérieure. Ce n’était pas une fuite, c’est une ouverture à quelque chose qui était déjà présent en germe dans mon Être. Comme si l’Univers avait orchestré une confluence parfaite entre mon monde intérieur, mon intériorité et le monde extérieur, mon extériorité.
Ainsi, cette acceptation m’amène à une responsabilité 9️⃣. Si chaque départ est porteur d’une révélation alors je « dois » apprendre à être à l’écoute. L’écoute de ces murmures intérieurs, ces signes qui, bien que subtils, pointent vers le chemin à suivre. Cela demande du discernement car la peur peut facilement se déguiser en intuition. Comment distinguer une envie passagère d’une réelle évidence ?
La clé, pour moi, est dans la profondeur avec laquelle je suis connecté à moi-même. Lorsque je suis ancré* dans le présent, en paix avec mess ombres et alignés avec ma vérité intérieure, l’évidence se présente sans effort. Elle n’a pas besoin d’être cherchée, découverte, forcée. Elle est simplement, ici, claire et irrésistible. Ce ne sera pas une envie. C’est une opportunité réelle, quelque chose qui sera comme une évidence, comme un principe révélateur qu’il est temps de passer à autre chose.
Ce passage me rappelle les paroles de Rûmî ** : « Ce que tu cherches te cherche aussi ». Et je continue avec : « Si tu es à la recherche de l’Âme, tu es une Âme. Si tu es en quête d’un morceau de pain, tu es du pain. Si tu peux saisir le secret de cette subtilité, tu comprendras : ‘Chaque chose que tu recherches, c’est cela que tu es’ ».
En d’autres termes, le départ juste, celui qui appelle à grandir, n’est jamais un acte unilatéral. Il y a une réciprocité entre moi et l’a-venir qui attend (en fait, il est déjà ici). Le lieu où je vais, la personne que je rencontre, le travail que j’accepte, ils me cherchent autant que je les cherche. Ils sont déjà inscrits dans mon chemin, tout comme je suis sommes inscrits dans le leur.
Ainsi, chaque départ devient une opportunité sacrée de renaissance. Ce n’est pas une rupture, c’est une continuité. Ce n’est pas une fuite, c’est une progression. Le nouveau lieu, la nouvelle personne, le nouveau travail, ils ne me changent pas. Ils révèlent simplement ce que je suis déjà. Et, en ce sens, partir n’est pas un acte de courage ou de rébellion, c’est un acte de fidélité envers soi-même.
Pourtant, il reste un paradoxe. Si tout est déjà présent en moi, pourquoi ai-je « besoin » de partir ? Pourquoi ne puis-je pas, simplement, rester ici où je suis et permettre à ces révélations de se manifester ? Peut-être parce que le mouvement *** est une loi fondamentale de la Vie. « Toute vie véritable est rencontre » disait Martin Buber. Tout dans l’Univers est en perpétuel changement. Les étoiles naissent et meurent, les rivières coulent vers la mer, les saisons se succèdent. En partant, je ne fais que refléter cette dynamique cosmique. Je deviens un instrument de la Vie, je laisse la Vie me traverser en participant à son flux créateur.
Et alors, partir n’est pas un échec. Ce n’est pas un abandon. C’est une manière de dire OUI À CE QUI EST. Oui à la Vie qui m’appelle à évoluer. Oui à ces opportunités réelles qui se présentent lorsque je suis prêt à les accueillir. Oui à moi-même dans toute ma plénitude.
Je sais que chaque départ est une invitation à l’intériorité. Une invitation à aller au-delà des apparences, à explorer les résonances profondes de mon Être, à avancer avec confiance vers ce qui m’attend. Ce n’est pas une échappatoire, c’est un voyage vers l’intégrité. Et pour ceci, je suis Infiniment reconnaissant.
P.S. : Ce n’est pas parce que j’ai parlé de partir qu’il est nécessaire de partir. Le départ n’est pas nécessairement un départ physique, peut-être simplement un départ symbolique vers un autre ailleurs. Je reconnais que ce présent texte a, comment dire, une tout autre résonnance en fonction du niveau de Conscience **** avec lequel il a été lu.
P.P.S. : J’ai conscience, je sais que ce texte va poser plus de questions qu’il ne donne de réponses. En même, les réponses sont déjà en Chacun.e de Nous avant que les questions ne soient posées.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea »RENARD (20241214-1 & 20241215-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : The Arc Light Sessions – 2024 – Parts & Pieces)
(Musique lors de la relecture : Vangelis – 2019 – Nocturne (Piano Version))
1️⃣ : « Oui, mais … » est un film de Yves Lavandier avec Emilie Dequenne et Gérard Jugnot. Le synopsis est : « Églantine, une adolescente de 17 ans en pleine découverte de la sexualité, est entourée d’une mère étouffante, d’un père absent et d’un petit ami trop entreprenant. Pour se libérer du poids de son enfance et de ses parents, elle décide de suivre une brève thérapie avec un psy hors du commun. Son existence va s’en trouver bouleversée ». C’est un film que j’invite à regarder pour toutes les personnes qui sont « soumises » au « Oui, mais … » ;
2️⃣ : voir le texte « L’intention secrète » ;
3️⃣ : voir le texte « Attention ! Attention ! Vous avez dit Attention ! »;
4️⃣ : « Ose être Authentique. Le monde n’a pas besoin de copies. Il a besoin de l’éclat UNique de chaque Âme » ;
5️⃣ : voir le texte « Le Désert »;
6️⃣ : voir le texte « Le Discernement »;
7️⃣ : voir le texte « Elios »;
8️⃣ : voir les textes « Manipulation et Culpabilité (Les Jeux du Malin) et Responsabilité (Mon propre ‘Je’) », « Renaître à son Pouvoir Intérieur », « Maintenant, JE mets en avant, JE valorise CE QUI EST bien en moi », « La Légende des Deux Loups » ;
9️⃣ : voir le texte « Jour 5 : La Responsabilité » de « La Formule Magique ou la JOIE (re)trouvée » ;
* : voir le texte « L’Ancrage » ;
** : Djalāl ad-Dīn, dit Rûmî, né le 30 septembre 1207 à Balkh et mort le 17 décembre 1273 à Konya, est un poète, théologien et mystique persan. Rûmî a profondément influencé le soufisme et est considéré en Orient comme un grand maître spirituel musulman (merci WikiPedia) ;
*** : voir le texte « Le Voyage de l’Être » ;
**** : voir le texte « Niveaux de Conscience ».

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