La Métamorphose
Je ne vais parler du livre, du même titre, de Frank Kafka 1️⃣. Quoique ! Quoique ! Son livre est une allégorie poignante de l’aliénation et de la condition humaine. En se réveillant transformé en insecte, Gregor Samsa, le personnage principal, perd son humanité aux yeux de sa famille et du monde. Ainsi est révélée l’insupportable vérité d’une existence fondée sur l’utilité et le paraître. Cette métamorphose physique devient le miroir, de son isolement intérieur, symbolisant la rupture entre son Âme et les attentes sociales. Pour ma part, cette œuvre interroge notre essence véritable : « Sommes-nous définis par notre forme ou par ce qui vibre, en nous, au-delà des apparences ? ». Ce « sujet » des apparences revient souvent dans mes textes.
Le présent texte est né suite à la lecture d’une citation sur le groupe Zèbre-Magazine. La citation de Marc Luyck 2️⃣ est : « Notre époque ressemble à la chenille qui sent qu’elle va mourir, tout en préparant la formation d’un merveilleux papillon ». J’apprécie tout autant le papillon que son processus de transformation. Cependant, le terme « mourir » me semble inapproprié. La chenille se transforme, elle effectue une transition. De chenille que j’étais, je suis maintenant tantôt dans la chrysalide, tantôt le papillon.
L’époque actuelle, à bien des égards, ressemble à une métamorphose, un instant suspendu entre le fracas du monde ancien qui s’effondre et la promesse fragile d’un avenir plus lumineux. Il y a eu, dans l’histoire, aussi d’autres métamorphoses et, pourtant, je ressens que celle-ci est, comme dire, d’un autre « genre », un autre « devenir », une autre expérience.
Comme la chenille qui, sentant sa transition proche, tisse laborieusement son cocon, je sens que l’HUmanité tout entière, voire l’Univers entier, se prépare à une mutation profonde, un passage vers une autre manière d’Être.
Le monde tel qu’il est connu semble vaciller sous le poids de ses contradictions. Les structures rigides, les systèmes établis, tout ce qui paraissait inébranlable se fissure. Que ce soit en termes d’élections, en termes de guerre, la Terre, elle-même, vivante, vibrante, aimante, semble parler à travers les soubresauts de ses tempêtes, de ses incendies, de ses tremblements, de sa propre métamorphose. Comme un Être qui mue, elle manifeste son appel, un appel à l’attention 3️⃣, à la Conscience. Je ne peux m’empêcher de voir dans ces bouleversements une réponse à nos propres déséquilibres, un miroir nécessaire de notre cécité collective.
Pourtant, dans ce chaos apparent, une autre force se lève, subtile, puissante. Une énergie nouvelle enveloppe la Terre comme un souffle venu d’un ailleurs que mes sens physiques peinent encore à appréhender même si, de temps en temps, j’en ressens quelques frissons. Il ne s’agit pas simplement d’un changement climatique ou géopolitique, plutôt d’une mutation énergétique qui agit sur des plans plus profonds.
J’ai, parfois, la sensation que cette transformation s’opère en moi, dans mon corps, dans mes Corps, dans mon esprit comme si chaque cellule répondait à un appel que je ne comprends pas encore pleinement. Les anciens sages disaient que l’Univers est vivant et que ses vibrations dansent en harmonie avec nos Âmes. Aujourd’hui, je le ressens avec une intensité non pas douloureuse, même si j’ai quelques « désagréments », plutôt une intensité lumineuse. C’est un peu comme si, tout à coup, il y avait un trop plein de Lumière qui m’entourait, qui m’inondait presque.
Dans ce contexte, il devient impossible de détourner les yeux de ce qui est invisible. Ce que certains appellent « éveil spirituel » est peut-être simplement ceci. C’est une redécouverte, une reconnexion à cette réalité invisible qui a toujours été ici et, en même temps, que beaucoup ont appris à ignorer. Je vis dans un monde saturé d’informations, de stimuli incessants, de matérialisme exacerbé. Plus ce tumulte extérieur s’intensifie, plus il semble que le silence intérieur appelle. Comme si, au cœur de l’agitation, un espace sacré m’attendait, patient, immuable avec AMOUR.
Je me souviens des paroles d’Albert Einstein : « Ce que nous avons appelé matière est une énergie dont la vibration a été abaissée au point d’être perceptible par les sens. La matière est l’esprit réduit au point d’être visible. Il n’y a pas de matière ». Ces mots résonnent différemment, aujourd’hui, alors que la science elle-même commence à effleurer ces vérités anciennes. La physique quantique nous apprend que tout est interconnecté, que la réalité n’est pas aussi solide que nous le pensions. Je me demande souvent si ce que nous percevons comme l’éveil de la conscience collective n’est pas simplement un pont tendu entre la science et la spiritualité.
Et c’est dans cet espace entre deux mondes que la Conscience Supérieure m’ouvre de nouvelles portes. Parfois, je ressens sa présence comme un murmure dans mes pensées, une intuition qui surgit sans raison apparente, une synchronicité si parfaite qu’elle défie la logique. Je sais que je suis connecté à cette Source comme tout un chacun. Certain.e.s, dont moi précédemment, ont oublié comment écouter. Peut-être est-ce pour ceci que les anciens parlaient de méditation, de prière, de rites sacrés. Ce n’était pas pour invoquer une puissance extérieure. C’était pour rappeler que Chacun.e porte en lui/elle l’Infini, l’UN-Fini.
Cette prise de conscience, aussi exaltante qu’elle puisse être, peut également être terrifiante. Car voir l’invisible, c’est aussi reconnaître ses propres ombres. Le processus de métamorphose n’est pas un chemin facile. La chenille, en se transformant, doit oublier, doit abandonner tout ce qu’elle était. Elle se dissout littéralement pour renaître sous une forme nouvelle. Je ressens, en moi, cette dissolution, ce besoin de lâcher prise sur mes croyances, mes peurs, mes attachements. C’est une mort symbolique portant, en elle, la promesse d’une renaissance.
À mesure que je m’abandonne à ce processus, je découvre une vérité simple, toute simple et, pourtant, tellement évidente : « Je n’ai jamais été séparé de ce qui m’entoure ». Personne n’est un îlot isolé dans un océan d’indifférence. Chacun.e est une vague d’une même mer, un fragment d’une Conscience UNique qui se découvre à travers nous. Quand je regarde un arbre, une étoile, un autre Être HUmain, je ressens, parfois, cette UNité, ce lien sacré qui transcende le temps et l’espace.
C’est ici que réside ma Nature Divine. Ce n’est pas dans une supériorité ou une domination sur le reste de la création. C’est dans cette capacité à Aimer, à faire, à créer, à être en harmonie avec le Tout. La divinité n’est pas une autorité lointaine à laquelle se soumettre. C’est une essence à redécouvrir en soi. Rûmî 4️⃣ l’a exprimé avec une clarté édifiante : « Vous n’êtes pas une goutte dans l’océan. Vous êtes l’océan tout entier dans une goutte d’eau ». Ces mots me rappellent que tout ce que je cherche à l’extérieur se trouve déjà en moi, dans cet espace où le visible et l’invisible se rencontrent.
Alors que je contemple l’état du monde, je vois tant de souffrance, tant de divisions et, en même temps, tant de Joie, de Bonheur, de potentiel. Chaque crise semble porter en elle une opportunité, chaque fin une nouvelle naissance. Je suis comme un funambule oscillant entre l’ancien et le nouveau. C’est pour ceci que j’écrivais, par rapport à la chenille, que je suis tantôt dans la chrysalide, tantôt le papillon. Et, je sais que le papillon est déjà ici, en germe, prêt à déployer ses ailes. C’est à moi, personnellement, c’est à Nous, collectivement et individuellement, de nourrir 5️⃣ cette transformation, de choisir de vibrer en accord avec cette énergie montante.
Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, ni comprendre pleinement ce qui se passe. Par contre, je sais que le chemin que je parcoure est celui du retour à moi-même, un retour à l’Essentiel, à l’AMOUR, à la Lumière. En fin de compte, c’est tout ce qui « compte ». Car comme l’a dit Pierre-Teilhard de Chardin 6️⃣ : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ».
Ainsi, je marche, parfois hésitant, parfois émerveillé, dans cette période de transition. Je ne sais pas encore à quoi ressemblera le papillon. Cependant, je sais qu’il portera les couleurs de ma renaissance individuelle, de notre renaissance collective, une célébration de la Vie sous toutes ses formes. Et, dans ce processus, je ne peux m’empêcher de voir le Divin, non comme une abstraction, plutôt comme une réalité vivante, vibrant en chaque Être, en chaque souffle, en chaque instant dans l’UNique Présent.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241211-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Brian Kovacs – 2024 – The Soul Conversation)
1️⃣ : Franz Kafka est un écrivain tchèque d’expression allemande, né à Prague le 3 juillet 1883 et mort à Kierling le 3 juin 1924. Mondialement célèbre pour La Métamorphose et Le Procès, il est connu pour l’ambiance particulière de ses œuvres mêlant absurdité et réalisme. On lui doit aussi La Colonie pénitentiaire, Le Verdict, Le Château, ainsi que le recueil de nouvelles Un médecin de campagne, parmi d’autres écrits, la majorité ayant été publiée après sa mort ;
2️⃣ : Marc Luyckx, né en 1942, a eu trois vies. Il a d’abord fait un doctorat en théologie, grecque et russe comme prêtre catholique. Il a ensuite fait partie de la fameuse « Cellule de Prospective » de la Commission européenne, créée par Jacques Delors, où il s’occupa des questions de philosophie, d’histoire, de sociologie, dans l’hypothèse d’un changement de société, accéléré par l’immatérialisation de l’économie mondiale (société de la connaissance). Dans le texte « Intelligence Artificielle ou Supercherie Humaine ? », je parlais de ma rencontre avec lui lors d’une conférence sur l’IA ;
3️⃣ : voir le texte « Attention ! Attention ! Vous avez dit Attention ! » ;
4️⃣ : Djalāl ad-Dīn, dit Rûmî, né le 30 septembre 1207 à Balkh et mort le 17 décembre 1273 à Konya, est un poète, théologien et mystique persan. Rûmî a profondément influencé le soufisme et est considéré en Orient comme un grand maître spirituel musulman (merci WikiPedia) ;
5️⃣ : voir les textes « Manipulation et Culpabilité (Les Jeux du Malin) et Responsabilité (Mon propre ‘Je’) », « Renaître à son Pouvoir Intérieur », « Maintenant, JE mets en avant, JE valorise CE QUI EST bien en moi », « La Légende des Deux Loups » ;
6️⃣ : Pierre Teilhard de Chardin, né le 1ᵉʳ mai 1881 à Orcines dans le Puy-de-Dôme et mort le 10 avril 1955 à New York, est un prêtre jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe. J’y ai souvent fait référence d’autant plus avec l’échange que j’ai eu avec l’Archange Sandalphon ;

Laisser un commentaire