Écoute la Forêt Qui Pousse !
Récemment j’ai lu un proverbe africain : « Quand un arbre tombe, on l’entend. Quand la forêt pousse, pas un bruit ». Je ne peux qu’être d’accord avec ce proverbe qui semble si simple, si anodin en apparence. En fait, il dit beaucoup de choses, en peu de mots, sur la perception du monde, du temps et surtout du changement, de l’évolution.
Pourquoi les personnes sont-elles captivées par le bruit de la chute alors que l’essentiel se joue dans le silence patient de ce qui croît ? J’y vois une image, une métaphore de la période actuelle avec certains dirigeants qui, si je peux m’exprimer ainsi, « tirent » tous azimuts. Beaucoup inondent l’espace public de vérités, de contre-vérités, de mensonges, de « fake news ». Peu importe, en fait, ce qui est dit, tant que c’est dit, tant que l’espace médiatique est occupé. Et le temps qui passe pour vérifier ces « dires » ne fait qu’amplifier le nombre de « tirs » tous azimuts. C’est un peu comme un tsunami déferlant sur une place bondée.
Quand je regarde autour de moi, je constate que mon attention est attirée par ce tumulte. Un événement spectaculaire, un scandale, une catastrophe, une guerre, une agression, une crise, une faute politique, un accident, tout ceci veut capter mon regard, monopoliser mon énergie, saturer mon esprit.
Le bruit de ce tumulte résonne, envahit l’espace, s’impose sans que j’aie à le chercher. Quelque part, il cherche à s’imposer à moi alors que je n’ai rien demandé. Pourtant, ce qui construit, ce qui évolue, ce qui se régénère se fait sans fracas, sans heurts, sans bruits. Ceci se fait dans l’humilité du silence. Alors, oui, la forêt pousse sans bruit, et moi, souvent, je ne l’entends pas, je ne l’entends plus.
Ce proverbe me renvoie à ma propre croissance, à ce qui, en moi, se transforme sans que j’en prenne toujours conscience. Je cherche des signes visibles, des messages à déchiffrer, des synchronicités à percevoir, des preuves tangibles de mon évolution. J’oublie, parfois, que le véritable changement est souvent imperceptible à l’œil nu. Ce que j’apprends, ce que je développe, ce qui grandit en moi se fait dans la patience du quotidien, dans des actes répétés, dans des choix discrets.
Pourtant, la Nature m’a déjà enseigné qu’une racine s’enfonce en silence, que la sève nourrit dans un murmure, qu’une feuille se déploie sans bruit. Je sais que ce qui est essentiel ne s’accompagne pas de vacarme. Tout ce processus donne naissance à la forêt, façonne les paysages, transforme le monde, enchante les Cœurs. Si j’accordais autant d’attention à ce qui grandit qu’à ce qui s’effondre, peut-être mon regard sur l’Existence s’en trouverait-il bouleversé.
Je me suis souvent identifié à l’arbre qui tombe. Quand un obstacle me fait vaciller, quand un échec retentit en moi, quand un drame frappe à ma porte, je ressens toute sa force, toute sa présence. Je dramatise, j’amplifie, je m’y attarde, je me questionne, je doute. Mais combien de fois ai-je pris le temps d’observer tout ce qui, en moi, continue à pousser ? Toutes ces graines plantées, il y a longtemps, bien longtemps dans d’autres temps, dans d’autres époques, dans d’autres Vies, tous ces efforts invisibles, ces compréhensions lentes, profondes, maturées tissent ma réalité présente.
Je sais que les médias amplifient le bruit des chutes, des crises, des ruptures, des effondrements. Le silence de ce qui progresse est ignoré car il ne frappe pas, ne secoue pas, ne capte pas l’attention immédiate. Je sais que si je n’y prête pas attention, je perçois une autre réalité. Pendant qu’un arbre tombe quelque part, mille autres poussent ailleurs. Pendant que le monde parle de chaos et de fin, la vie, elle, continue son œuvre dans l’invisible.
Alors, que puis-je faire ? Comment puis-je transformer ma perception pour apprendre à voir la forêt qui pousse ? La première étape est sans doute d’apprendre à écouter différemment. Être attentif non pas seulement au bruit éclatant, simplement aussi au frémissement infime de ce qui croît. Observer les petits progrès, les détails insignifiants, les petites victoires, en apparence, qui témoignent pourtant d’une construction réelle, profonde, parfaite.
Qui dit croissance dit temporalité. L’arbre ne pousse pas en un jour. Si je suis trop pressé de voir les fruits de mon évolution, je risque de me décourager, de croire que rien ne change alors qu’en réalité, tout se met en place lentement, silencieusement, parfaitement. La confiance en ce processus est essentielle.
Enfin, il est nécessaire d’apprendre à donner plus d’importance à ce qui construit qu’à ce qui détruit. Il est facile de se laisser happer par le bruit du monde, par l’écho du négatif, par la fascination du chaos. Si je décide, si je choisis, en conscience, en mon Âme et à mon Niveau de Conscience, de porter mon regard ailleurs, je découvre une réalité bien plus riche, bien plus essentielle. Elle est celle du renouvellement constant, de la résilience silencieuse, de la Vie qui poursuit son œuvre sans jamais attendre d’être remarquée.
Ainsi, en moi comme autour de moi, il y a toujours une forêt qui pousse. Peut-être que le véritable chemin vers la sérénité est d’apprendre à l’écouter.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250228-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Lyrian – 2008 – Nightingale Hall)

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