Désert
Quand je lis ou quand j’entends ce mot « désert », je pense directement à une étendue de sable. Et le premier désert qui me vient, c’est le Sahara. Pour celles et ceux qui ont l’habitude de me lire, vous savez que j’apprécie de faire référence à l’étymologie des mots. Oh, je savais bien que « désert » signifiait également, par analogie, un lieu abandonné, sans âme qui vive. Cependant, l’origine latine « desertus » donne aussi bien « désert » que « inculte », « sauvage », « abandonné ».
Le texte qui va suivre a été inspiré d’une homélie de l’Abbé Jacques Boever que j’ai rencontré, il y a ~1 an. J’apprécie mes rencontres inattendues. Cette rencontre a eu lieu alors que j’étais en retraite à l’Abbaye de Brialmont 1️⃣. Lors des repas, j’étais assis à côté de lui sans savoir qu’il était Abbé. A la fin de ma retraite, je lui ai demandé de m’envoyer ses futures homélies. J’en avais fait de même avec le Père Jacques Pineault lors d’une retraite à l’Abbaye d’Orval. En recherchant dans mon document rassemblant tous mes textes, je constate qu’il y a ~2 ans, à la date de l’écriture de ce texte, j’avais fait référence au Père Jacques dans le texte « Joie Céleste ».
Le Père Jacques parlait de la JOIE et c’est ce qui m’avait inspiré le texte « Joie Céleste ». Ce texte débutait par « Je ne suis pas tout le temps heureux, et, en même temps, je suis dans la JOIE tous les jours ». Ainsi, à la lecture du présent texte intitulé « Désert », certain.e.s pourraient se dire : « Michaël ! Tu vas parler de Désert. Où est passée ta JOIE ? ». Ma JOIE est toujours présente dans mon Cœur 2️⃣. Elle ne disparait pas, au gré du vent, des orages, des tempêtes dans ma Vie. Quand je parle de « Désert », je ne le ressens pas comme quelque chose de négatif. Je le ressens comme une expérience dans ma Vie.
Dans l’homélie de l’Abbé Jacques Boever, il est dit : « Aller au désert, c’est entrer en nous-mêmes. Nous vivons dans une société où le bruit nous envahit de tous côtés. Et pourtant, le silence est absolument essentiel à notre équilibre ». Il reprend également des phrases de Jean-Louis Étienne 3️⃣ : « Nous sommes trop sollicités par ce monde qui va trop vite. Nous ne prenons pas le temps de nous arrêter, de faire silence pour que nous puissions nous poser la question de savoir si la vie que nous menons est bien accrochée à l’essentiel ».
Ainsi, dans ce texte, je vous invite dans mon désert. Il est tout aussi vaste que fascinant que le sont les différents déserts sur Terre. Cependant, je ne le ressens pas comme un lieu de désolation. C’est un espace où tout bruit cesse, où l’agitation se tait, où je me tiens face à moi-même, face à ce qui me dépasse. En fait, non, pas à ce qui me dépasse, plutôt à ce qui m’est invisible et, pourtant, tellement présent.
Mon désert intérieur n’est pas une fuite du monde. Il est un retour vers ce qui m’est essentiel. Dans le tumulte des jours où chaque instant semble emporté par une frénésie de devoirs, de distractions, je ressens l’appel de ce silence profond, une invitation à entrer en Moi pour écouter. Pour m’écouter.
Dans mon désert, je n’apporte rien. Les apparences que je porte comme des vêtements usés, les rôles que j’endosse, les masques que je présente au monde, tout ceci tombe. Ici, je ne suis pas le fruit des attentes des autres, je suis simplement Moi, entier, totalement entier, intégralement entier sans vulnérabilité. Et, dans la nudité 4️⃣ de mon Âme, quelque chose commence à naître comme un murmure, une vérité qui s’élève du fond de mon Existence.
Je sais, depuis longtemps, que le désert n’est pas confortable. Combien s’y sont perdu.e.s ? Autant, il expose mes doutes, mes peurs, mes failles, autant il m’offre aussi un espace où ces ombres peuvent se transformer. Il ne s’agit pas de nier les épreuves, les expériences, plutôt de les traverser, de les habiter totalement, intégralement. Le désert m’invite à regarder mes blessures non comme des faiblesses, uniquement comme des passages, des portes ouvertes sur une vie plus large, plus vraie, plus authentique. Chacune de mes failles 5️⃣ est une invitation à la Lumière, chaque absence un appel à la plénitude.
Il y a dans mon désert une Pureté déroutante. Le temps semble suspendu, les repères s’effacent et je me tiens ici, seul. Je sais, pour en avoir souvent parlé, que cette solitude 6️⃣ n’est pas un isolement. Elle est un rendez-vous avec moi-même et avec ce qui m’échappe, ce souffle qui traverse le monde, ce souffle que je ressens comme une promesse. Ce silence, loin d’être un vide, est une plénitude discrète. Il ne crie pas, il ne s’impose pas, il est ici comme une présence qui enveloppe tout.
Dans mon désert intérieur, je découvre un paradoxe : « C’est dans l’abandon que je trouve ma force, c’est en lâchant prise que je me sens tenu ». Chaque pas que je fais dans ce vide apparent est, en réalité, un pas vers une vie plus pleine, plus riche. Ce dépouillement volontaire n’est pas une perte, c’est un gain immense. Lorsque je laisse tomber ce qui m’encombre, je découvre ce qui m’anime réellement.
Le silence dans mon désert me met face à une question essentielle : « Que suis-je, vraiment, au-delà de mes titres, de mes possessions, de mes certitudes ? ». Je sais, depuis longtemps, que cette question n’a pas de réponse immédiate. Elle ne se résout pas en une formule ou en une évidence. Elle est un chemin, une conquête 7️⃣, un appel. Dans mon désert, je commence à comprendre que cette quête n’a pas pour but une réponse, simplement une transformation. Ce n’est pas un savoir que je cherche, c’est un Être que je deviens tout en sachant qui IL était déjà.
Le désert, je le porte en moi. Il est aussi partout autour de moi. Je le vois dans les regards fatigués de celles et ceux qui m’entourent, dans les silences lourds des incompréhensions, dans les absences que la vie creuse, parfois, dans les Cœurs. Chaque désert, qu’il soit intérieur ou extérieur, est une invitation à créer, à reconstruire, à naître à Soi-Même, à renaître à Soi-Même. Il ne s’agit pas de fuir ces lieux arides, humblement les habiter avec courage, conscience, confiance 8️⃣.
En moi, le désert se transforme, parfois, pour prendre la forme du doute, de la peur, de l’échec. Et dans cette transformation comme un désert terrestre, en perpétuelle mutation, il est aussi l’espace où tout devient possible, où le poids des attentes se dissout pour laisser place à l’inattendu 9️⃣. C’est dans ce vide apparent que je rencontre l’absolu. C’est un peu comme une page blanche *. L’absolu n’est pas une vérité imposée. C’est comme une promesse discrète, une Lumière qui se lève à l’horizon de mes questionnements.
Dans ce lieu où tout semble dépouillé, je découvre une richesse insoupçonnée. Ce n’est pas une richesse matérielle. C’est bien au-delà toutes considérations matérielles, c’est une abondance intérieure, une plénitude que rien ne peut altérer. Cette richesse, c’est le simple fait d’Être, Ici et Maintenant, pleinement vivant, pleinement présent, intégralement Vivant et Présent. Ce n’est pas un accomplissement, c’est une ouverture, une disponibilité à CE QUI EST.
Ce n’est pas dans le bruit et l’agitation que je trouve un sens. C’est dans l’écoute, dans la présence attentive à ce qui m’entoure et à ce qui m’habite. Chaque instant, même le plus simple, porte en lui une infinité de possibles. Et c’est dans le silence que je peux les percevoir.
En entrant dans mon désert, je découvre que je ne suis pas seul. Il y a en moi une Voix, un Souffle, une Lumière qui m’accompagne. Cette présence peut être ma Conscience Supérieure, mes Transincarnations, mes Vies antérieures, mes Vies futures ou, « simplement », toutes mes connexions. Cette présence est ici, constante, patiente, prête à m’accueillir chaque fois que je me tourne vers elle. Ce n’est pas une force extérieure qui s’impose à Moi. C’est une réalité intérieure qui se révèle lorsque je lui fais de la place, lorsque je lui offre de la place pour s’exprimer, pour s’épanouir.
Comme les dunes qui apparaissent, disparaissent, qui changent de trajectoire, mon désert m’apprend que le chemin n’est pas toujours droit. Il y a des détours, des hésitations, des chutes. Chaque détour est une occasion de découvrir quelque chose de nouveau, chaque chute une invitation à me relever avec plus de force. Je ne suis pas en recherche de perfection **. Ce qui m’habite, c’est l’Authenticité.
La vie est un Don ***. Ma Vie est un Don. Ce n’est pas un poids que je porte. C’est une Grâce que je reçois. Mon désert est un commencement, un lieu de renaissance où tout devient possible.
Quand je sors du désert, je ne le quitte pas vraiment. Il reste en moi, comme un espace sacré où je peux toujours revenir. Il est ce lieu intérieur où je peux écouter, où je peux AIMER, où je peux Être. Et à chaque fois que je retourne dans ce silence, je découvre une nouvelle profondeur, une nouvelle Lumière, une nouvelle vibration dans ma Vie. Mon désert est le Royaume des Possibilités dans lequel je goûte à chaque Oasis.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241207-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Moonshine Blast – 2024 – Realm Of Possibilities)
1️⃣ : voir le texte « Le Discernement » ;
2️⃣ : voir le texte « Revenir dans le Cœur » ;
3️⃣ : Jean-Louis Étienne, né le 9 décembre 1946 à Vielmur-sur-Agout dans le Tarn, est un médecin et explorateur français. Il est connu pour ses multiples expéditions en Arctique – il a été le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986 – et en Antarctique, notamment la Transantarctica réalisée en 1989-1990 (merci WikiPedia) ;
4️⃣ : voir le texte « NU ! » ;
5️⃣ : voir le texte « Kintsugi » ;
6️⃣ : voir le texte « L’UN-Solitude » ;
7️⃣ : voir le texte « C’est ma Prière » ;
8️⃣ : voir le texte « InCognito » ;
9️⃣ : voir les textes « Inattendu », « L’Inattendue » ;
* : voir le texte « Sens Cosmique » ;
** : voir le texte « Quod imperfectio divinae consilium est perfectus » ;
*** : voir le texte « L’Étincelle du Don ».

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