Gråkappan
Un titre bien étrange n’est-il pas pour un texte sur un groupe parlant de spiritualité. J’ai trouvé ce titre grâce à la série télévisée « Severance ». J’avais déjà écrit un texte sur cette série. J’avais reporté à de multiples reprises sa publication pour je ne sais quel motif. « Severance » est un mot anglais signifiant « rupture », « interruption », « séparation ». Si vous n’avez pas vu cette série, je vous invite à la regarder. Au Québec, elle s’appelle « Dissociation ». La saison 1 comporte 9 épisodes. La saison 2 est en cours de diffusion à l’écriture du présent texte. Cette série ne parle pas de spiritualité. Quoique ! Quoique !
« Severance » est une série télévisée dystopique, psychologique créée par Dan Erickson 1️⃣ et diffusée sur Apple TV+ à partir de 2022. Dans l’univers de la série, la « Severance » est une procédure chirurgicale qui implante une puce dans le cerveau des employés de Lumon Industries. Cette puce divise leur mémoire en deux.
La version « extérieure », appelée « outie » mène sa vie normale en dehors du travail mais ignore tout de ce qu’elle fait dans l’entreprise. Elle décide volontairement, dans la plupart des cas, de subir la procédure, souvent pour fuir un traumatisme personnel voire améliorer son équilibre de vie.
La version « intérieure », appelée « innie », n’a aucun souvenir de la vie extérieure et ne connaît que son environnement de bureau. Son existence se limite au travail. Chaque fois qu’elle quitte le bureau, elle réapparaît au même endroit le lendemain sans avoir conscience du temps écoulé.
Cette séparation, qui est un choix radical des héros de la série, m’amène à différentes questions que je me suis déjà posées sous d’autres formulations : « Peut-on vraiment dissocier une partie de soi-même du reste de son identité ? », « L’innie est-il une personne à part entière ou juste une version asservie d’un individu ? », « Les employés ‘séparés’ sont-ils des esclaves de leur propre choix ? »
Ainsi, « Severance » pousse à l’extrême la notion de séparation entre vie professionnelle et personnelle. Les employés ne sont que des outils déshumanisés au sein d’une entreprise qui contrôle totalement leur réalité. J’ai déjà vécu cette difficile séparation entre vie professionnelle et vie privée. J’avais même suivi une formation sur le sujet. Je sais qu’il est difficile de séparer ces deux « vies » car, au final, elles s’interpénètrent.
Les 3 questions que j’ai citées plus haut, je peux les reformuler comme suit : « Puis-je dissocier une partie de moi-même du reste de mon personnage ? », « La version intérieure est-elle une personne à part entière ou juste une version asservie de l’Âme, de la Conscience Supérieure ? », « Suis-je en tant qu’être ‘séparé’ (je devrais écrire ‘illusionné’) un esclave du choix de mon Âme, de ma Conscience Supérieure ? ».
Ces questions, je ne vais pas y répondre car les réponses que je donnerai sont le « résultat » de mes propres expériences en tant qu’Être Humain et en tant qu’Être Divin. Et mon « but » n’est pas d’influencer le choix de chaque Être sur son Chemin de Vie. Pourtant, ce que je vais écrire, est, au final, une sorte d’influence.
Avec le temps, j’ai appris à me dépouiller. Quand j’écris « dépouiller », je ne suis pas comme Saint Thomas d’Aquin 3️⃣ qui a expérimenté ce qu’est d’être dans la pauvreté. Je précise bien qu’il a accepté de vivre dans la pauvreté et non dans la misère.
Il m’est nécessaire, ici, de faire une distinction entre « pauvreté » et « misère ». La pauvreté, c’est l’état dans lequel il n’y pas de superflu à ma disposition. La misère, c’est l’état dans lequel il y a un manque du nécessaire. Moi-même dans ma famille, quand j’étais étions jeune, nous étions pauvres sans être miséreux. Nous n’avions pas de superflu et le nécessaire était à notre disposition. Il me semble en avoir déjà parlé dans certains textes en disant : « Nous n’avions rien et pourtant nous avions Tout ».
J’entends la question : « Michaël, merci pour cette belle introduction et, en même temps, qu’est-ce que le ‘Gråkappan’ vient faire dans ton texte ? ». J’y viens. Je vais y venir.
Depuis longtemps, très longtemps, peut-être trop longtemps, j’ai choisi de cheminer sur un sentier plus discret, plus dépouillé. Chacun de mes pas était un retour à l’essentiel. Je savais que je n’avais pas besoin de me draper d’argent, d’or, de titres pour m’élever. Je savais que je n’ai pas besoin de l’exubérance des apparences, des honneurs. Je savais , sans l’avoir nécessairement expérimenté, que tous ces atours étaient des illusions qui enchaînaient.
Mon chemin n’a pas toujours été évident. Il a été un temps où l’envie de reconnaissance me tenaillait. Que ce soit une reconnaissance des autres et aussi de mon Papa. Cette sorte de quête d’approbation me dictait mes gestes. J’ai vu beaucoup de personnes se noyer dans l’attente d’un regard bienveillant. J’ai failli moi-même me noyer dans cette attente. J’ai vu beaucoup de personnes se rabaisser, se dévaloriser, se déshonorer, pour briller, ne fut-ce qu’un instant, dans la lumière d’un.e autre. Je suis aussi passé par ces états. J’ai appris. Je sais que l’opinion est un vent capricieux. Elle flatte aujourd’hui ce qu’elle détruira demain.
Ainsi, j’ai appris à me dépouiller, à enlever mes couches superflues. Je prends Diogène 4️⃣ comme « exemple ». Diogène, ayant aperçu un enfant qui buvait dans le creux de ses mains, lui jeta le gobelet qu’il portait dans sa besace, en disant : « Un enfant m’a donné une leçon de simplicité ». Pour Diogène, voir cet enfant boire directement dans le creux de ses mains, sans artifice ni objet superflu, révèle une connexion directe, authentique avec la nature, avec les besoins essentiels de la vie.
Pour moi-même, en laissant tomber ce qui alourdissait ma marche comme les vanités, les certitudes trop rigides, les jugements prématurés, je me dépouille. Je sais que le fardeau le plus éprouvant n’est pas celui que l’on porte sur ses épaules, il est celui que l’esprit (avec un petit ‘e’) s’impose à lui-même.
En fait, j’ai constaté qu’avec le temps, j’avais choisi une sorte d’invisibilité. J’ai longtemps porté un manteau « gris ». Ce manteau « gris » n’était pas un renoncement, c’était, pour moi, une liberté d’être. Celle ou Celui qui se fond dans le décor peut observer sans être vu, sans être distrait. Lao-Tseu disait : « Celui qui dirige les autres est peut-être puissant, mais celui qui s’est maîtrisé lui-même a encore plus de pouvoir ». Cette citation, pour moi, indique simplement que la véritable puissance ne réside pas dans le pouvoir que l’on exerce sur autrui, elle l’est dans la maîtrise de son propre esprit (toujours avec un petit ‘e’).
Ma route a été longue, semée d’embûches, de tentations, d’expériences. J’ai eu mes jours de doute, mes nuits où l’envie de retourner en arrière m’effleurait. À chaque épreuve, à chaque expérience, je trouvais refuge sous mon manteau « gris ». Ce n’était pas une armure rigide qui isole, qui freine, qui ralentit. C’est réellement un manteau qui abrite sans m’enfermer. Comme un moine dans sa robe, comme un ermite dans son silence, j’ai trouvé, dans cette humilité volontaire, un chemin vers mon Essentiel.
Je sais que le monde s’agite autour de moi, ivre de distractions, de conquêtes futiles, de bonheurs éphémères. J’en ai déjà souvent parlé. Je ne cherche ni à éblouir ni à dominer. Je n’ai besoin ni d’applaudissements, ni de témoignages, ni même de reconnaissances. L’Essentiel ne se clame pas, il se Vit.
Et si Toi, Âmie Lectrice, Âmi Lecteur, tu te demandes pourquoi je portais un manteau « gris », je te dis que ce n’était pas un manteau, c’est un chemin, c’est mon chemin. C’était une manière d’être au monde sans m’y perdre, d’y avancer sans m’y enchaîner. Je te réponds que je ne suis plus « Gråkappan ».
Je te réponds que je ne suis plus porteur d’un manteau « gris ». Je te réponds que je porte maintenant un manteau Lumineux, Divinement Lumineux. Je Suis Celui qui couvre sans masquer, qui réchauffe sans étouffer, qui accompagne sans jamais peser.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20250215-1))
(Illustration : Flux (Pro) suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Pattern-Seeking Animals – 2025 – Friend Of All Creatures)
P.S. : Je sais que je n’ai pas répondu, entièrement, à la signification de « Gråkappan ». Gråkappan est un surnom donné au roi Charles XI de Suède. Selon la légende, Charles XI voyageait à travers le pays déguisé en fermier ou en simple voyageur, portant une cape grise, d’où le surnom de « Gråkappan » (la Cape Grise). Il le faisait pour découvrir et identifier la corruption et l’oppression contre la population ;
1️⃣ : Dan Erickson est un scénariste, showrunner et producteur de télévision américain. Concernant la création de la série « Severance », il a indiqué que « L’idée de la série m’est venue lorsque je voulais effacer mes 8 heures de travail dans un métier que je haïssais » (source : France Info) ;
2️⃣ : Lumon est une société fictive. C’est une société de biotechnologie de premier plan dans la série. Bien qu’elle soit fictive, le bâtiment est situé au centre d’un parc de bureaux elliptique de banlieue où les routes qui y mènent et le parking qui l’entoure sont disposés en parfaite symétrie. Ainsi Lumon est imaginaire, le bâtiment ne l’est pas. Il se trouve à Holmdel, dans le New Jersey , et abritait autrefois les laboratoires Bell, les opérations de recherche d’AT&T (source site : curbed) ;
3️⃣ : Thomas d’Aquin, né en 1225 ou 1226 au château de Roccasecca près d’Aquino, dans la partie péninsulaire du royaume de Sicile, et mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova près de Priverno dans les États pontificaux, est un religieux italien de l’ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Il a été canonisé le 18 juillet 1323 en Avignon par le pape Jean XXII (merci Wikipedia) ;
4️⃣ : Diogène de Sinope, souvent simplement appelé Diogène, était un philosophe grec de l’Antiquité, né vers 413 avant J.-C. et mort vers 327 avant J.-C. Il est l’un des fondateurs de l’école cynique, un courant philosophique qui prône une vie simple, en accord avec la nature, et rejette les conventions sociales et les biens matériels (merci Mistral.ai).

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