La Médiocrité est une forme de sabotage

Récemment, j’ai lu cette phrase qui a donné le titre de ce texte.

Un bien étrange titre pour un groupe parlant de Spiritualité. Le titre lui-même pourrait exprimer une sorte de jugement. Il n’en est rien.

J’ai trouvé sur le net, une explication intéressante sur le mot « sabotage ». Elle a été écrite par Pierre Chanut 1️⃣. Il dit ceci.

Le sabotage peut-être défini comme l’arme de destruction matérielle relevant d’un acte humain direct ainsi que d’une volonté forte de nuire à une personne ou à une institution.

Les origines de ce mot sont incertaines, mais ses premières traces dans l’histoire remontent au XVIème siècle. Dans le royaume de France, l’acte de sabotage représentait alors le fait de taper du pied (équipé de sabot) pour gêner la prise de parole de quelqu’un.

Le mot s’est enrichit de sens par la suite en représentant les actes des ouvriers en colère (certains cassaient les machines à coups de sabot pour obtenir des congés le temps des réparations), pour enfin symboliser les actes des groupes anarchistes du XIXème siècle.

Pour le mot « médiocrité », c’est plus « simple », il vient du latin « mediocritas » signifiant « juste milieu », « qui est au milieu », « insignifiance ». Ceci me semble très intéressant. Il est nécessaire de ne pas confondre « médiocre » avec « moyen ». J’ai trouvé dans le journal « La Voix du Nord », un exemple, cité par Bruno Dewaele 2️⃣, qui m’a autant fait sourire qu’interpeller.

En substance, il dit ceci : « allez demander à un élève d’aujourd’hui s’il préfère présenter à ses géniteurs, avec le sacro-saint bulletin, un ‘ensemble moyen’ ou un ‘ensemble médiocre’ ? Avant que les châtiments corporels n’aient été (fort opportunément) rayés de la carte familiale, c’eût été à coup sûr une moue pour le premier, une taloche pour le second ».

Les dictionnaires actuels justifient ce qui précède. Pour le Larousse, ce qui est médiocre est « au-dessous de la moyenne », « plus mauvais que l’ordinaire » et donc « insuffisant ». Le Robert va même jusqu’à « assez mauvais », au point, dans certaines acceptions au moins, de proposer pour synonymes « pitoyable » et « minable ». Sic !

Pourtant, l’étymologie du mot, comme je l’ai écrit plus haut, signifie « juste milieu ». En fait, il vient du latin « medius » signifiant « qui est au milieu ». Ceci me rappelle « La Voie du Milieu » prônée par les Bouddhistes. Ce concept a été introduit par Aristote qui parlait du « juste milieu » comme une manière d’être et d’agir.

Ainsi, en extrapolant un peu, ceci pourrait signifier que si quelqu’un ne s’extirpe pas de la masse, il est vu comme quelqu’un de banal, de quelconque presqu’insignifiant surtout dans une société qui n’a d’yeux que pour celle ou celui qui se distingue, qui sort du lot. Molière disait « In medio stat virtus » indiquant que « C’est au milieu que réside le courage ». J’ai trouvé une référence ou plutôt une incitation de l’Académie Française sous la forme « Il faut garder la médiocrité en toutes choses », pour dire, « Il faut garder en tout un juste milieu ». Intéressant, n’est-il pas ?

Je reviens à l’esprit de ce texte : « La médiocrité est une forme de sabotage ». À première vue, ceci semble sévère presqu’injuste au vu de ce que je viens d’écrire.

Pourtant la médiocrité n’est pas un état extérieur que je peux blâmer sur les circonstances, sur les expériences. C’est une sorte de compromis intérieur sur mes propres potentiels. Quand je me laisse glisser dans la médiocrité, je ne me contente pas de vivre en deçà de ce que je suis capable d’être : « Je sabote activement ce que je pourrais devenir ». C’est, quelque part, une trahison silencieuse, non envers les autres, uniquement envers moi-même.

Dans chaque action que j’entreprends, il y a une possibilité soit celle d’aspirer à l’excellence, soit celle de me contenter d’un résultat moyen. Lorsque je choisis délibérément la voie la plus facile, lorsque je renonce à m’investir pleinement, je creuse une brèche dans ma propre intégrité. Cette médiocrité, loin d’être neutre, agit comme une force corrosive qui érode ma confiance et ma capacité à aspirer à quelque chose de plus grand.

Je sais qu’il y a des moments où je me justifie, où je me dis que l’effort supplémentaire est inutile, que les résultats ne valent pas le prix à payer, que j’ai déjà assez donné. En vérité, ces excuses ne sont qu’un masque pour dissimuler une peur plus profonde : « Celle d’échouer même en donnant tout ce que j’ai ». C’est une peur insidieuse car elle me pousse à ne jamais tenter sérieusement, à rester dans une zone de confort qui me protège de la déception tout en m’enfermant dans une forme de stagnation.

Ainsi ce sabotage ne se limite pas qu’à moi. Il s’étend, telle une vague, à tout ce que je touche. Quand je choisis de donner moins que ce dont je suis capable, je réduis la qualité de mes interactions, la portée de mes contributions et l’impact que je peux avoir sur le monde. Chaque fois que je cède à la tentation de faire juste assez, je renforce une culture où la valeur est diluée, où l’engagement véritable est rare et où la grandeur devient l’exception.

En même temps, la médiocrité n’est pas seulement un manque de qualité, c’est aussi un manque de confiance, de conscience. Elle naît lorsque je perds de vue ce qui est en jeu dans mes choix. Elle se manifeste lorsque je me coupe de la vision plus large, lorsque je refuse de reconnaître que mes actes, même les plus modestes, ont des répercussions. Choisir la médiocrité, c’est agir comme si rien n’importait vraiment comme si le monde pouvait se passer de ma pleine participation.

Il est facile de confondre médiocrité et humilité. Parfois, je me dis que « viser » moins, c’est faire preuve de modestie, de réalisme. La véritable humilité ne consiste pas à nier mes capacités. Elle réside dans l’effort de les honorer, de les utiliser pour servir une cause plus grande que moi. En me satisfaisant du minimum, je ne fais preuve ni de modestie ni de pragmatisme. Je m’ampute volontairement de mes possibilités les plus nobles.

Ce sabotage, je le vois à l’œuvre dans des détails quotidiens. Il se cache dans ces moments où je choisis la facilité, où je préfère une solution rapide à une solution réfléchie. Il se manifeste lorsque je renonce à la créativité, lorsque je m’accroche à ce qui est déjà connu et éprouvé plutôt que d’explorer l’inconnu. Chaque acte de médiocrité est une décision de détourner mes efforts de ce qui pourrait être exceptionnel pour les consacrer à ce qui est seulement acceptable.

Mais pourquoi, alors, suis-je tenté par la médiocrité ? Je pense que, parfois, elle me donne l’illusion de la sécurité. Elle me permet de passer inaperçu, de ne pas prendre le risque d’être critiqué, de décevoir. Être médiocre, c’est choisir de ne pas déranger, de ne pas attirer l’attention, de ne pas bousculer un ordre établi. C’est tout autant un acte d’autoprotection qu’un refus de grandir, d’évoluer.

Grandir demande un engagement profond. Cela exige que je me confronte à mes peurs, que j’accepte l’incertitude, que je prenne des risques. Cela implique aussi de reconnaître que l’excellence n’est pas une destination fixe, plutôt un chemin sans fin. Être excellent, c’est être constamment en quête, c’est accepter que chaque accomplissement ne soit qu’une étape et qu’il y aura toujours plus à apprendre, à faire, à créer, à donner.

Quand je choisis de dépasser la médiocrité, je ne le fais pas seulement pour moi. Je le fais pour honorer les personnes qui m’entourent, pour contribuer à un monde où chacun peut s’épanouir. Si la médiocrité est contagieuse, l’excellence l’est aussi. En me donnant pleinement, je crée un élan, une inspiration, une possibilité pour les autres de faire de même.

Cela ne signifie pas que je dois aspirer à la perfection. La perfection est un piège, une illusion qui paralyse plus qu’elle ne libère. Viser l’excellence, c’est autre chose. C’est m’engager avec tout ce que j’ai, en acceptant mes limites tout en les poussant, en m’efforçant de donner le mieux de moi-même sans chercher à être irréprochable.

La médiocrité, elle, me vole cette liberté. Elle me confine dans une version rétrécie de moi-même, une version qui s’accroche à la peur, au confort plutôt que d’embrasser le défi, la transformation. Chaque fois que je cède à la médiocrité, je sabote ce que je fais et ce que je suis en train de devenir.

Alors, je choisis de résister à cette tentation. Je choisis de m’élever, non pas pour atteindre un idéal abstrait, uniquement pour me rapprocher de ce que je suis vraiment, pour donner du sens à mes actions, à mes interactions,  à ma Vie tout simplement. En refusant la médiocrité, je ne me sabote plus. Je choisis de construire, de faire, de créer, de m’épanouir.

Et dans ce choix, il y a une JOIE profonde. Car chaque effort sincère, chaque engagement véritable, me relie à quelque chose de plus grand que moi. Cela m’offre une opportunité précieuse : « Celle de vivre pleinement, de contribuer pleinement, de devenir pleinement moi-même ».

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241205-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Red Sand – 2021 – The Sound of the Seventh Bell)

1️⃣ :  Pierre Chanut est un spécialiste en création de noms de marque. J’ai également découvert qu’il y avait un Pierre Chanut (1601-1662) qui était diplomate et philosophe. Il est celui avec lequel René Descartes correspondit et le premier destinataire de ses réflexions sur le souverain Bien et sur l’Amour. Quel est le lien me direz-vous ? Le lien a été donné dans le texte « Je doute donc je suis » dans lequel j’écrivais qu’il faisait partie, sans prétention aucune, de ma lignée d’incarnations ;

2️⃣ :  Bruno Dewaele se définit comme un « chroniquer de langue ». Il œuvre pour « La Voix du Nord » et « Lire Magazine Littéraire ». Il est également le créateur du site « Par Mots et Par Vaux ».

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