Qui est Je ?
Comme vous l’avez constaté, mes récents textes commencent par une question. Je ne sais pas si c’est l’énergie actuelle qui fait que ceci se passe ainsi. Je ne sais pas si c’est une demande particulière de « quelqu’un » que je ne connais pas. En tout cas, si je pose cette question, c’est que, quelque part, en mon for intérieur, je me la pose aussi.
J’avais déjà écrit un texte intitulé « Je suis un Autre ». Dans ce texte, je faisais référence à Rimbaud avec son célèbre : « Je est un autre ». En fait, la phrase complète est « C’est faux, de dire je pense. On devrait dire ON me pense. Pardon du jeu de mot : ‘je est un autre’ ».
Qui parle quand je dis « Je » ? Est-ce moi en tant que Michaël, un « véhicule terrestre » ? Est-ce mon Âme en tant que « messagère » entre moi « véhicule terrestre » et ma Conscience Supérieure « SHICHEA » ? Est-ce ma Conscience Supérieure ? Ou est-ce un ensemble de « voix » qui résonnent dans ce monde ?
Que veut dire d’ailleurs « Être Moi« 1️⃣ avec ce que je viens d’écrire ? Pour ma part, en tant que « scribe », suis-je responsable de ce que j’écris ? Pour cette dernière question, la réponse simple, c’est « Oui, je suis responsable » 2️⃣. Je suis responsable de ce que j’écris, peu importe qui est le « Je » dans ce plan. En fait, chacun.e se fera son propre avis en lisant ce texte.
Quand je suis assis dans le silence, quand je suis assis dans cet espace où mes pensées s’échappent et où mon esprit cherche à se voir lui-même, à « savoir » lui-même, il y a une question s’élevant en moi. Elle est subtile, presque imperceptible : « Qui suis-je dans cette observation ? Suis-je celui qui regarde ou suis-je ce qui est regardé ? ». En d’autres termes, suis-je un observateur ou un observé ? Suis-je l’expérience ou le sujet de l’expérience ? Et c’est bien ici la question : « Qui est ce Je ? »
La perception du « Je » en tant qu’identifications, comparaisons, est assez facile. C’est ce que font la plupart des personnes, elles s’identifient à leur famille, à leur conjoint.e, à leur région, à leur nation, à leur religion ce qui conduit, généralement, à de grandes souffrances 3️⃣ et à des guerres.
le « Je », d‘un côté, il y a celui qui observe le monde et, de l’autre, celui qui le perçoit, qui le ressent. Cette division, cette séparation est comme un théâtre intérieur où les acteurs sont mes pensées. Pourtant ce n’est qu’une illusion, un jeu que mon mental crée pour échapper à lui-même.
Quand je regarde, quand j’observe une pensée du genre « tristesse », « douleur », « peur », le premier réflexe, comme un instinct primal, une sorte d’instinct de survie, est d’agir. Je peux la repousser, la fuir, l’ignorer ou l’analyser jusqu’à l’épuisement. Cette action n’est qu’un prolongement de moi-même. Ce que j’essaie de modifier, ce que à je tente d’échapper, c’est toujours moi. Un moi qui est sous une forme ou une autre. Et si je décide de m’arrêter ? Si, juste un instant, je n’agis plus ? Alors, une chose extraordinaire se produit. Ce que je perçois comme extérieur, ma tristesse, ma douleur, ma peur, mon désir, mon besoin, mon conflit, cesse d’être un objet séparé. Il devient une part de moi. Non, il est moi !
Ce n’est pas une conclusion intellectuelle « à la va-vite ». C’est une expérience, une lucidité. Lorsque je cesse de me battre contre ce que je vois, une autre qualité d’attention 4️⃣ émerge. Cette attention n’est ni jugement ni analyse. Elle est pure, libre de tout effort, et, dans cet état, il n’y a ni observateur, ni observé. Il y a simplement un flux, une énergie en circulation, une Unité. Je ne suis plus celui qui contemple un arbre, je suis cet arbre, dans sa stature, dans son mouvement, dans sa présence.
Me revient en mémoire, cet artiste, dont j’ai perdu le nom, ce peintre, chinois il me semble, qui, avant de peindre un arbre, devenait cet arbre. Il ne s’identifiait pas à lui car l’identification est encore une forme de division : « moi » et « lui ». Non, il était l’arbre dans son Essence la plus intime, la plus Pure. Et c’est seulement dans cet état d’unité qu’il pouvait le représenter avec sa vérité.
Pendant des années, j’ai cru que le changement nécessitait un effort. Il fallait travailler sur soi, s’améliorer, devenir quelqu’un de meilleur. Encore maintenant, dans ce qui est appelé le « développement personnel », il faut faire des efforts. Maintenant, je sais que tout effort est un mensonge, une fuite. Car cet effort part toujours de l’idée que « Je » dois changer quelque chose en « Moi ». Mais si je suis, à la fois, « l’agent » du changement et l’objet à changer, tout ceci n’est qu’un cercle, ni début ni fin, une illusion.
Alors, que reste-t-il ? Rien, sinon la réalité de ce QUE JE SUIS. Une réalité que je ne peux ni accepter ni rejeter car elle est simplement Ici et Maintenant. Et dans cette acceptation implicite, cette absence de résistance, quelque chose d’autre émerge. Une intelligence. Pas l’intelligence calculatrice qui divise et compare, qui additionne et soustrait, plutôt une intelligence plus profonde, une intelligence qui observe sans intervenir, une intelligence qui voit sans interpréter, une intelligence qui perçoit sans juger.
Cette intelligence est « Liberté ». Non pas la liberté de faire ce que je veux, uniquement la liberté d’être entièrement présent, sans séparation, sans conflit, sans jugement. Elle est une sensibilité aiguë à TOUT CE QUI EST, une ouverture dépassant mes limites habituelles. Dans cet état, il n’y a ni passé ni futur, seulement un présent intensément vivant qui se renouvelle à chaque instant 5️⃣.
De même, lorsque je cesse de me séparer de ce que je perçois, une transformation subtile se produit. Je ne suis plus un acteur qui joue un rôle dans un monde extérieur. Je suis ce monde dans sa Totalité, dans son Intégralité. Et, dans cette unité, le conflit disparaît. Car le conflit naît toujours de la séparation, de cette idée que « moi » et « l’autre », « moi » et « les autres », « moi » et « le monde », « moi » et « l’Univers », « moi » et « Dieu » (voir le texte « je suis dieu ») sommes deux entités distinctes.
Il n’y a pas un truc, un tour de magie, une méthode, une discipline, oserais-je dire un enseignement 6️⃣ pour vivre ceci, ne fut-ce qu’un instant. Tout surgit naturellement lorsque je cesse de chercher, lorsque je m’arrête simplement pour Être, lorsque je laisse la Vie me traverser 7️⃣. C’est un paradoxe étrange : « Tout ce que je peux faire, c’est ne rien faire ». Non pas dans l’inaction, plutôt dans une « vigilance » silencieuse, une observation pure.
Il y a une liberté immense dans cette absence d’effort. Dans cet état, je découvre que je n’ai rien à atteindre 8️⃣, rien à devenir. Tout est déjà ici, entier, complet. Et cette complétude n’est pas statique. Elle est vivante, dynamique, en perpétuel mouvement. C’est un peu comme le disait Jacques Martel dans les Bonshommes Allumettes : « Le mieux, je ne sais pas ce que c’est et, en même temps, je sais que c’est le mieux pour moi ». C’est ceci le mouvement, être dans le mieux sans savoir ce que c’est.
Quand je regarde le monde avec cette attention, je vois des choses que j’avais déjà remarquées auparavant sans pourvoir y « mettre des mots ». Une feuille qui tremble dans le vent, une ombre qui glisse doucement sur le sol, le jeu subtil des couleurs dans un ciel au crépuscule, le parfum d’un rosier sauvage qui m’étourdit, le sourire d’un.e inconnu.e. Ce ne sont pas de simples objets ou phénomènes. Ils sont moi et je suis eux. Il n’y a plus de barrière entre le « dedans » et le « dehors ». Tout est un et, dans cette Unité, il y a une Joie indescriptible.
En même temps, cette beauté n’est pas une chose que je peux posséder ou même décrire. Elle est dans l’acte même de voir, dans cette communion (commune union) silencieuse AVEC CE QUI EST. Et plus je reste dans cet état, plus je découvre une intelligence vaste dépassant, de loin, les limites de mon esprit rationnel. Une intelligence qui ne fait qu’un avec la Vie elle-même.
Alors, je m’assois à nouveau dans le silence, et je laisse cette lucidité m’envelopper. Je ne cherche pas à la retenir car elle n’appartient pas au domaine du vouloir. Elle est là, dans chaque souffle (voir inspire-expire qui contient tout), dans chaque battement de mon cœur. Et, dans cette présence, je découvre une Paix qui n’a rien à voir avec l’absence de conflit. C’est une Paix qui émane de l’Unité, de cette vérité simple : « JE SUIS TOUT CE QUI EST ».
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241128-2))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Bill Rhodes – 1988 – Interfaces)
1️⃣ : Judicaël parlait du « petit moi » et du « Grand Moi », ce sera pour un autre texte ;
2️⃣ : voir le texte « Jour 5 : La Responsabilité » de « La Formule Magique ou la JOIE (re)trouvée » ;
3️⃣ : voir le texte « Pourquoi la Source laisse-t-elle les atrocités se produire ? » ;
4️⃣ : voir le texte « Attention ! Attention ! Vous avez dit Attention ! » ;
5️⃣ : voir le texte « Fluidité » ;
6️⃣ : A propos d’enseignements : « Tous les enseignements Bouddhique, Atmique, Christique, Védique, … restent Justes. En même temps, ils ne sont plus adaptés à cette époque. Vous êtes dans une époque où la quête ne passe plus par le savoir mais celle du contact avec le Divin. Pas savoir mais laisser passer en vous ce qui Sait. Comment faire un cours pour dire qu’il ne faut surtout pas faire de cours ? Me vois-tu enseigner qu’il ne faut pas enseigner ? » Derria (Elohim) ;
7️⃣ : voir le texte « C’est ma Prière » ;
8️⃣ : voir notamment, les textes « Le Doux Leurre de l’Éveil » et « De ma Réalisation ».

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