Le Voyage de l’Être

Je marche sur cette Terre. Je marche, encore et toujours. Un jour, quelqu’un m’a dit que j’étais un marcheur au grand Cœur. Pourtant, en étant un marcheur, je ne suis pas un visiteur pressé de collecter des souvenirs aussi éphémères soit-il. Je suis une Âme curieuse de s’imprégner du souffle du monde. Je me laisse traverser par l’expérience du mouvement. Je me laisser traverser par la Vie 1️⃣.

Chaque pas que je fais me relie à un espace où l’infini dialogue avec le fini, où le Divin s’intègre avec l’Humain. Les paysages me racontent des histoires que je ne connais pas. Les visages que je croise me racontent leur histoire. Les mots que j’entends murmurent à ma Conscience leurs vérités que je ne peux trouver dans l’immobilité. Partir, Être en mouvement, pour moi, n’est pas un acte volontaire : « C’est un impératif de l’Âme ». Il y a, en moi, une quête 2️⃣ refusant de se taire, une sorte de murmure ancestral, un appel d’un lointain tout en étant quelque chose de mon intimité spirituelle. Je suis comme un fil continu traversant le temps et l’espace. Un fil qui, tout en se déroulant, me tisse.

Je marche, encore et toujours. À chaque étape, je ne m’installe jamais totalement. Je ne pose que brièvement mes bagages comme pour honorer le passage. Cependant, je dépose des graines pour ancrer les chemins que j’ai empruntés. Pourtant, il n’y a pas de permanence 3️⃣ dans ce que je vis. Il y a seulement un équilibre entre les instants qui se succèdent. Je me laisse porter par les vents de l’inconnu, le souffle de l’inattendu 4️⃣. Ici, une montagne au sommet enneigé se dresse comme un témoin millénaire. Là-bas, un désert, vibrant sous la chaleur, m’invite à mesurer mon insignifiance. Entre les deux, je chemine sans jamais chercher à appartenir. Mon appartenance est au chemin lui-même, au flux incessant de mon Existence, de ma Vie.

Longtemps, très longtemps, j’ai cru qu’il fallait une maison, un lieu précis où reposer mon Corps et mes certitudes. Chaque fois que je m’attachais à un endroit, il devenait trop petit, trop rigide pour contenir l’immensité de mes expériences en devenir. J’ai compris que, vouloir appartenir à un lieu, c’était réduire l’infini en moi. Alors, j’ai cessé de m’attacher. Je me suis laissé transformer par chaque lieu tout en y laissant mon empreinte, tout en les consacrant 5️⃣. Ainsi, je deviens un fragment de chaque endroit où je passe, tout en restant insaisissable.

Les gens que je rencontre me regardent souvent avec curiosité. Ils me demandent d’où je viens, où je vais, je n’ai jamais de réponses qui leur conviennent. Je ne viens de nulle part et je vais partout. Ces réponses les troublent car elles ne correspondent pas à leurs attentes. Ils veulent des frontières, des limites, des balises, des repères. Mais moi, je suis le mouvement. Et le mouvement ne s’explique pas, il se Vit.

Lorsque je me mets en marche, le temps perd de sa linéarité. Il se dissout dans le rythme des pas, dans l’éclat des rencontres imprévues, dans la contemplation des ciels changeants, dans les parfums des forêts que je traverse. Chaque jour devient une éternité. Ce qui est appelé « retour » n’a plus de sens. Comment pourrais-je retourner à un endroit alors que je ne l’ai jamais quitté ? Les lieux que je traverse s’impriment en moi, deviennent des strates de mon Être, ils ne m’appellent jamais à revenir. Je suis déjà ailleurs, déjà autre.

Le voyage m’a appris à ne pas me hâter. Ceux qui cherchent à arriver manquent souvent l’essentiel : « Le Présent ». Moi, je ne suis pas pressé, car je n’attends rien de précis. Même si l’horizon est une promesse, elle n’exige pas d’être tenue. Je me contente de suivre le chemin, de savourer chaque détour, chaque hésitation. Les instants de doute, de perte ne sont pas des obstacles, ils sont des guides. Je sais depuis longtemps que le voyage n’est pas une ligne droite.

Je crois que l’humain se méprend souvent sur lui-même. Il se pense solide, permanent, figé. En réalité, il est fluide, changeant comme un fleuve qui ne cesse de s’écouler. Je ne cherche pas à figer ce que je suis. Je me laisse modeler par ce qui m’entoure. Une forêt bruissante m’apprend la patience, une mer déchaînée, l’humilité. Chaque lieu que je traverse me révèle une facette de moi-même que j’ignorais encore. Je suis le miroir du monde et le monde est mon miroir.

Certains me disent que ce que je fais est une fuite. Ils ne comprennent pas que ce n’est pas le monde que je fuis. Je fuis les illusions. Les illusions de permanence, de possession, de stabilité. La vérité est que rien ne dure, rien ne m’appartient. Le voyage me l’a appris avec une clarté lumineuse. Chaque rencontre est un adieu en puissance. Chaque instant est unique et fugace. C’est dans cette impermanence que réside la beauté. Apprendre à aimer ce qui passe, c’est apprendre à aimer la Vie.

Je voyage léger. Pas seulement parce que mes bagages sont minces, simplement que je me suis délesté du poids des attentes. Attendre quelque chose d’un lieu, d’une personne, d’un moment, c’est déjà le condamner à la déception. Je prends ce qui vient sans chercher à le retenir. Une conversation avec un inconnu au coin d’une rue, un repas partagé dans une langue que je ne maîtrise pas, un regard échangé dans le silence. Tout ceci est suffisant et Tout ceci est immense.

Il y a une liberté dans ce dépouillement, dans la simplicité 6️⃣ même si elle n’est pas toujours facile à porter. Être libre 7️⃣, c’est accepter de n’avoir aucune certitude. C’est marcher dans le brouillard sans savoir ce qui se trouve de l’autre côté. Parfois, le doute me questionne. Suis-je sur le bon chemin ? Mais très vite, je me rends compte que la question elle-même est inutile. Il n’y a pas de « bon » chemin. Seul existe celui que je trace, pas après pas.

Chaque lieu que je découvre m’accueille à sa manière. Certains me repoussent, d’autres m’étreignent. Mais aucun ne m’appelle à rester. Je suis, comme un oiseau migrateur, toujours en quête d’un ailleurs. Les villes que je traverse, avec leurs lumières et leur tumulte, me rappellent souvent ma propre solitude 8️⃣. Mais cette solitude n’est pas un fardeau, elle est une compagne fidèle. Elle me permet de me retrouver, de plonger dans les abysses de mon esprit sans craindre de m’y perdre.

Parfois, je m’arrête dans un village perdu où le temps semble s’être figé. Les habitants, méfiants au départ, finissent par m’accepter comme un passage, une brise étrangère qui vient troubler leur quotidien. Je leur raconte des histoires venues d’ailleurs, et eux, en retour, m’offrent un fragment de leur vie. Je sais que je ne suis qu’un visiteur. Leur monde n’est pas le mien et c’est très bien ainsi. Je repars, toujours, avec dans mon cœur un éclat de leur réalité.

Voyager, ce n’est pas accumuler des lieux ou des souvenirs, c’est s’ouvrir à l’intensité de chaque instant. Il m’arrive parfois de m’asseoir, au bord d’une route, simplement pour regarder le vent jouer dans les herbes. À cet instant précis, tout s’arrête. Le monde, avec sa frénésie, devient lointain. Je suis là, pleinement, intégralement, totalement, sans penser à l’avant ni à l’après. C’est dans ces moments de pure présence que je touche du doigt quelque chose de Sacré.

Peut-être est-ce ceci, le véritable voyage : « Apprendre à Être ». Non pas être quelqu’un ou être quelque part, simplement Être. Le mouvement, alors, n’est plus une fuite ni une quête, mais une façon d’habiter le monde, d’être dans la conquête 9️⃣ de ce monde. Chaque pas devient une prière silencieuse, chaque souffle, une offrande. Je ne cherche rien, car tout est déjà là.

Je ne sais pas où ce chemin me mènera. Peut-être n’a-t-il pas de fin. Et si fin il y a, elle n’est pas une destination, ni une dissolution, c’est une intégration dans le TOUT. Peut-être est-ce moi qui suis le chemin et non l’inverse. Ce que je sais, c’est que je ne peux pas m’arrêter. Pas parce que je suis poussé par une quelconque ambition, humblement parce que le mouvement est devenu ma nature. Je suis le voyage et le voyage est moi.

Dans cette absence de destination, je trouve une étrange sérénité. Je n’ai pas besoin de réponses car le voyage lui-même est la réponse. Traverser le monde, c’est traverser l’Être. Et tant que mes pas trouveront un sol à fouler, je continuerai d’avancer, porté par l’éternel appel de l’inconnu.

Ainsi, je vais, je chemine, je voyage, de Vie en Vie, sans hâte, sans crainte, sans attachement. Je suis un fragment de l’Univers en mouvement. Je suis une Étincelle de Vie, une Étincelle Divine incarnée dans l’AMOUR, la JOIE et la LIBERTÉ d’ÊTRE.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241123-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Tears For Fears – 2020 – The Seeds Of Love)

P.S. : Ce texte m’a été inspiré par une citation Paul Bowles* : « Il ne se voyait pas comme touriste mais comme voyageur, et il expliquait qu’il s’agit partiellement d’une différence temporale. Après quelques semaines, ou mois, le touriste s’empresse à rentrer à la maison; le voyageur, qui n’appartient à aucun endroit, se déplace doucement d’un point à l’autre du monde, pendant des années ».

* : Paul Bowles (30.12.1910-18.11.1999) est un compositeur, écrivain, et voyageur américain.

1️⃣ :  voir le texte « C’est ma Prière » ;

2️⃣ :  voir le texte « C’est ma Prière » ;

3️⃣ :  voir le texte « L’impermanence de l’ignorance » ;

4️⃣ :  voir notamment les textes « Merci la Vie, Merci », « L’inattendu.e », « 5 % » ;

5️⃣ :  Extrait d’une canalisation privée : «  Moi Lumia, je te salue. Je te remercie d’emprunter les ponts, les passerelles, les viaducs, les tunnels, les chemins, les routes, les sentiers qui t’amènent à ces endroits de rendez-vous. Et nous allons, et nous avons déjà, mais nous allons continuer à consacrer tous les endroits où tu te rends, clairière de forêt, bord de mer, lac de montagne, tous ces endroits où tu es enseigné et tu enseignes, conscient bien évidemment que ces espaces extérieurs que nous évoquons correspondent à ton espace, ton espace sacré intérieur. Et nous qui nous sommes nommés aujourd’hui, sommes bien sûr porte-parole de tous tes amis et de toutes tes amies de Lumière. Tu as raison de considérer que l’Assemblée est noble et que tu y as ta place, que tu es à ta place, que tu fais partie intégrante de cette famille spirituelle et de bien d’autres familles » ;

6️⃣ :  « J’ai trouvé un trésor immense dans la simplicité » ;

7️⃣ :  voir les textes « Severance » et « InCognito » ;

8️⃣ :  voir le texte « L’UN-Solitude » ;

9️⃣ :  voir le texte « C’est ma Prière ».

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