Ce que la Nature murmure à l’Âme
(sous-titre : Voir au-delà de la Forme)
Je me promène souvent dans la nature, sans autre but que de laisser mes pensées errer, portées par le vent dans les arbres, le chant des oiseaux, le craquement de branches sous mes pas. Parfois, je me laisse envahir par l’étrange et douce impression que tout autour de moi m’observe comme si la faune et la flore me regardaient en silence, attendant que je lui parle, que je l’écoute, que je lui réponde. Dans ces moments, les formes les plus anodines prennent une teinte presque mystique. La roche devient visage, l’arbre, silhouette, les herbes folles, des partitions. Dans les nuages se dessinent des contours familiers que je ne peux m’empêcher de scruter avec intensité.
En plongeant mon regard dans ces formes, j’ai souvent l’impression de franchir une frontière invisible, celle qui sépare le tangible de l’invisible, le visible de l’inconnu. Il y a un jeu de correspondances secrètes entre mon esprit et ce qui m’entoure. Le monde extérieur devient le miroir de mon monde intérieur. C’est comme si ces apparitions n’étaient pas de simples hasards mais des échos, des reflets de pensées cachées, des messages chuchotés par l’Uni-vers, dissimulés dans des détails que seul un œil attentif peut capter.
Je me souviens d’une journée particulière. Le ciel était chargé de nuages lourds, menaçants. Une épaisse couche de brume s’accrochait aux collines, floutant les contours et plongeant la vallée dans une atmosphère presque irréelle. En scrutant les formes changeantes de ces nuages, j’ai cru, pendant un bref instant, le visage d’un être familier mais impossible à identifier, un visage à la fois étranger et proche, comme une mémoire ancienne. J’ai ressenti un frisson, une sorte de reconnexion immédiate à quelque chose de lointain, un souvenir qui ne m’appartenait pas tout à fait.
Cette expérience, je la vis régulièrement. Et à chaque fois, elle me bouleverse, me confronte à l’idée que la réalité n’est peut-être pas si simple. Ce que je vois dans ces formes naturelles n’est pas seulement le fruit de mon imagination. Il semble y avoir une intention, une intelligence dissimulée derrière ces apparitions. Comme si le monde, à travers ses formes hasardeuses, cherchait à me montrer quelque chose, à me guider sur mon chemin.
Ainsi je m’interroge : « Suis-je celui qui impose des images à la matière brute ou est-ce la matière elle-même qui cherche à s’exprimer, à se révéler à moi à travers des visages et des symboles ? ». Je me dis souvent que le regard que je porte sur le monde crée la réalité que je perçois et, pourtant, cette réalité semble parfois me précéder, comme si elle s’offrait volontairement à moi pour être déchiffrée. C’est un dialogue étrange, silencieux, profondément intime.
Les anciens voyaient des dieux, des esprits, des présages dans les formes naturelles. Ils comprenaient les nuages comme des signes divins, lisaient dans le vol des oiseaux des messages célestes. Aujourd’hui, beaucoup considèrent cela comme des superstitions. Pourtant, je me surprends à comprendre pourquoi ils percevaient le monde ainsi. En prêtant attention à ces signes, il me semble que j’entre dans une relation plus profonde avec le vivant, que je touche du doigt une connaissance intuitive qui dépasse les mots et la logique.
Dans la forme d’un arbre noueux, je vois parfois la sagesse d’un vieil être qui a traversé des siècles. Dans le murmure du vent, j’entends des voix anciennes, des fragments d’une sagesse oubliée résonnant en moi comme une vérité perdue. Il m’arrive même de ressentir une forme de dialogue silencieux, une présence subtile qui m’invite à ouvrir mon esprit à quelque chose de plus grand que moi. Comme si le monde, dans sa matière même, possédait une conscience, une intention, une volonté.
Cette impression de rencontre avec l’invisible me fait parfois penser à ce que certains appellent la transcendance, cet au-delà du quotidien où tout prend une dimension sacrée. Le monde ordinaire se pare d’un éclat inédit, les objets et les paysages deviennent vivants, vibrants, porteurs d’une Âme. C’est dans cette vision poétique et spirituelle que je trouve du réconfort et du sens. C’est comme si le monde s’animait pour me révéler sa beauté cachée.
Mais alors, pourquoi ces formes se révèlent-elles à moi ainsi ? Peut-être est-ce une sorte de communion, un langage primitif que mon esprit s’efforce de comprendre. Parfois, je me demande si ce n’est pas un dialogue que je poursuis avec moi-même à travers le monde qui m’entoure. Chaque visage, chaque figure, que j’aperçois dans les nuages ou dans le bois d’un arbre, serait alors le reflet d’une partie cachée de moi-même, une sorte de miroir extérieur de mon inconscient.
Je me rends compte, alors, que l’expérience n’est pas seulement esthétique ou imaginative, elle est aussi spirituelle et profondément introspective. En voyant ces formes, je découvre une partie de moi que je ne connais pas encore, une facette cachée, un symbole enfoui. Ces apparitions sont comme des indices d’un cheminement intérieur, des balises placées sur mon chemin pour m’inviter à explorer mes propres profondeurs. Ce n’est plus seulement le monde qui se dévoile, c’est mon propre esprit qui se révèle à moi dans ce miroir mouvant de la nature.
Il y a une grande humilité à adopter devant ces visions fugaces, une reconnaissance que je suis un infime fragment d’un tout plus grand, d’une immensité que je ne saurais comprendre totalement. Ces images sont comme des fenêtres vers l’invisible, des rappels d’un mystère qui dépasse ma compréhension et qui, pourtant, se manifeste, discrètement, à travers des signes ordinaires. Elles me rappellent que le monde recèle des secrets que seule l’intuition peut appréhender, que le sacré se niche dans les interstices du quotidien, dans les détails que je pourrais facilement négliger.
Je crois qu’en prêtant attention à ces symboles, je me rapproche de ma propre essence, de ce noyau intérieur qui vibre en écho avec l’Uni-vers. C’est comme si, en contemplant ces images éphémères, je renouais avec une part archaïque et universelle de l’HUmanité, une sagesse ancienne qui a traversé le temps et que nous portons tous en nous, quelque part. Cette vision du monde est une ouverture à l’inconnu.
Il est étrange de penser que nous avons perdu ce lien naturel avec l’invisible, cette capacité à voir au-delà des apparences pour y discerner des présages, des visages, des signes. Aujourd’hui, nous cherchons des explications rationnelles à tout, oubliant que le monde n’est pas seulement matière mais aussi mystère. En réapprenant à regarder ainsi, en laissant libre cours à cette intuition ancienne, je ressens une joie profonde, un sentiment de communion avec tout ce qui m’entoure.
Ces visages mystérieux, ces silhouettes éphémères, ne sont-ils pas, en fin de compte, le moyen pour l’univers de se manifester, de communiquer avec nous de manière subtile et poétique ? Dans cette vision, chaque être, chaque objet devient un symbole, un fragment d’un tout qui dépasse notre compréhension.
Nous ne sommes pas des observateurs passifs du monde, nous sommes des témoins, des participants d’un langage sacré que nous portons en nous depuis les premiers âges. Nous faisons partie d’un réseau de significations qui dépasse le simple regard et nous relie à quelque chose de plus grand.
Et ainsi, je réalise que ce phénomène que je vis, que je nomme parfois dans mes réflexions, n’est autre que la paréidolie. Cette tendance humaine à voir des visages et des formes dans l’informe n’est pas seulement un jeu d’esprit. C’est une ouverture vers le mystère du monde, une porte vers une perception élargie de la réalité où le visible et l’invisible se confondent, où l’imaginaire et le réel se rejoignent dans un dialogue intime. Dans cette danse entre l’esprit et la matière, la paréidolie devient une expérience de l’âme, une invitation à redécouvrir le sacré qui se cache au creux de chaque instant, de chaque forme, de chaque regard posé sur le monde.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241115-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Kornmo – 2024 – Varjevndognsnatt)

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