L’Homme meurt en tous ceux qui se taisent devant la tyrannie (Wole Soyinka 1️⃣)

La tyrannie est un mal silencieux, une ombre qui s’étend sur les consciences et étouffe les voix. Le tyran 2️⃣, souvent drapé dans une légitimité factice, impose son pouvoir non seulement par la force, mais surtout par l’intimidation et la peur. Or, ce n’est pas la peur qui tue, c’est le silence. Celui qui ne s’élève pas contre l’injustice consent tacitement à son règne.

Parler, c’est exister. La parole est l’une des expressions fondamentales de l’HUmain. C’est à travers elle que l’individu fait entendre sa pensée, qu’il revendique son droit à être, à agir dans le monde. Lorsqu’une voix se tait face à l’oppression, elle ne se contente pas d’épargner sa sécurité immédiate, elle abdique une partie de son HUmanité. Cette abdication silencieuse équivaut à une mort spirituelle, un renoncement à la dignité.

Je peux « comparer » ceci à une sorte de mort en vie. L’Homme, par son silence, choisit l’existence biologique, la survie au détriment de la plénitude de l’Être. En se taisant, il s’ampute d’une part de lui-même, celle qui vit, vibre dans le cadre plus large de la justice et de la vérité. Ce n’est pas seulement un acte de prudence ou de lâcheté, c’est une capitulation devant l’oppression, et par là même, une dissolution du sens même de l’Homme en tant qu’Être conscient et moral.

La tyrannie ne se manifeste pas uniquement sous la forme d’un régime autoritaire, d’un despote capricieux, d’une dictature sanglante. Elle peut prendre des formes plus insidieuses et subtiles comme l’injustice sociale, la domination économique, la manipulation médiatique, la perversion narcissique, la pression culturelle ou les impositions religieuses. Dans chacune de ces manifestations, la tyrannie réduit l’individu à l’état de simple rouage d’un système. Ce n’est plus un Être libre 3️⃣, c’est un instrument soumis à des forces qui le dépassent et l’utilisent pour leurs propres fins.

Le silence face à ces formes de domination est non seulement une complicité mais également un renoncement à la capacité de résistance qui est, pourtant, l’essence même de l’HUmain. Car ce qui différencie l’Homme des autres êtres vivants, c’est précisément sa capacité à dire « Non », à refuser l’inacceptable, à défier le pouvoir arbitraire, fût-il invisible ou omniprésent. Lorsque l’Homme ne parle plus, il se soumet. Et, dans cette soumission, il trahit non seulement les autres mais aussi lui-même.

Il est des silences qui résonnent plus fort que des cris. Pourtant, chaque silence est une pierre ajoutée à l’édifice de l’oppression. Et cet édifice, plus il grandit, plus il pèse lourd sur les consciences et sur les épaules des générations futures.

L’Homme qui se tait ne protège pas seulement son confort personnel, sa sécurité, il compromet aussi la possibilité d’un avenir plus juste. Le silence est une trahison collective, une abdication de la responsabilité morale que chacun.e porte envers l’autre. C’est pourquoi la tyrannie prospère dans le silence. Ce silence n’est pas vide, il est plein de consentements implicites, de lâchetés partagées, de renoncements répétés.

Au contraire, la parole est un acte de Vie. Parler, c’est refuser de mourir intérieurement. C’est affirmer que, malgré les contraintes, malgré la peur, quelque chose en nous reste inviolable, c’est la capacité de dire la vérité, de défendre le juste. La parole, même étouffée, même isolée, a un pouvoir subversif. Elle ébranle les certitudes du tyran, elle fissure les murs de l’oppression. Chaque mot prononcé contre la tyrannie est une brèche dans le silence imposé.

Je reconnais que, parfois, la parole peut sembler vaine, surtout face à des forces oppressives qui paraissent inébranlables. Il suffit de voir le nombre de régimes totalitaires qu’ils soient idéologiques ou religieux qui veulent imposer leurs « lois » par l’oppression en réduisant l’Homme au silence.

Mais c’est une illusion. L’histoire regorge d’exemples de paroles qui, d’abord étouffées ou méprisées, ont fini par renverser les plus puissants systèmes. Le verbe, même solitaire, porte en lui une puissance collective, une force latente qui attend son heure pour éclater en révolte, en transformation sociale.

Ce combat, entre la parole et le silence, beaucoup l’ont mené parfois au péril de leur vie. De Socrate 4️⃣ à Martin Luther King 5️⃣, en passant par des figures telles que Rosa Luxemburg 6️⃣ ou Nelson Mandela 7️⃣, chaque époque a vu naître des voix qui ont refusé de se taire. Plus récemment, Paul Watson 8️⃣ a été emprisonné pour son combat contre les baleiniers japonais sans que les autres pays s’en émeuvent.

Ces voix sont souvent venues d’individus qui auraient pu choisir la sécurité, qui auraient pu préférer le confort du silence. Mais ils ont compris que l’Homme ne peut véritablement vivre que dans la vérité, que dans l’affirmation de sa liberté face aux forces qui tentent de l’étouffer.

En ce sens, l’Homme qui parle devient un symbole pour tous ceux qui l’écoutent. Sa parole transcende son individu et devient un écho qui résonne dans la conscience collective. Il incarne alors une résistance qui dépasse le simple fait de s’opposer à un tyran. Il rappelle à chacun que la liberté est toujours à défendre et qu’elle ne peut jamais être considérée comme acquise.

Lorsque l’individu cesse d’être un sujet libre pour devenir un simple spectateur de sa propre existence, il observe l’injustice, il la reconnaît peut-être même mais il n’agit pas. Dans cette inaction, il abdique sa propre capacité d’être un acteur du monde. Il devient un observateur passif et, dans cette passivité, son HUmanité s’étiole, disparaît peu à peu.

Pourtant, l’Homme n’est jamais totalement prisonnier de son silence. Il y a toujours, au fond de lui, une flamme, une lueur, une Lumière qui peut être ravivée. Dans le courage de parler, de se lever contre la tyrannie, peut naître dans les circonstances les plus inattendues. Souvent, c’est l’exemple d’un autre, le souffle d’une parole étrangère, un messager intérieur qui réveille cette étincelle. La parole a cela de magique qu’elle est contagieuse. Un mot de vérité en appelle un autre, un acte de résistance suscite des émules.

Ainsi, il est possible de rompre le cycle du silence. Cela demande du courage, j’en conviens, mais aussi de la FOI 9️⃣ en l’HUmanité. Il faut croire que, même lorsque tout semble perdu, même lorsque la tyrannie paraît inébranlable, la parole a le pouvoir de changer les choses. Elle est le germe d’une révolution intérieure qui peut, avec le temps, devenir une révolution collective.

En choisissant de parler, l’Homme s’épanouit dans sa pleine dimension. Il devient non seulement un Être conscient de sa propre liberté mais aussi un défenseur de la liberté des autres. Il incarne alors une forme de vie plus grande, plus noble et surtout plus HUmaine.

Dans chaque mot prononcé contre la tyrannie, c’est une part de l’Homme qui revit, qui retrouve son Essence et sa raison d’Être.

(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241006-1 & 20241014-4))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Le Silence & Astral Magic – 2024 – Those Who Came from the Stars)

1️⃣ :  Wole Soyinka, né le 13 juillet 1934 à Abeokuta au Nigeria, est un écrivain et metteur en scène nigérian. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, il est le premier auteur noir à en être honoré (merci Wikipedia) ;

2️⃣ :  Un tyran (du grec ancien τύραννος / túrannos, « maître absolu ») désigne dans l’Antiquité grecque un individu disposant d’un pouvoir absolu, après s’en être emparé de façon illégitime, en général par la force (merci Wikipedia) ;

3️⃣ :  voir notamment le texte « L’Homme est-il condamné à être Libre ? » ;

4️⃣ :  Acte d’accusation dirigé contre Socrate : Mélétos de Lampsaque accuse, sous la foi du serment, Socrate d’Alopèce, fils de Sophronisque, des crimes suivants : Socrate est coupable de ne pas croire aux Dieux reconnus par la Cité et d’en introduire de nouveaux ; il est également coupable de corrompre la jeunesse (merci Wikipedia) ;

5️⃣ :  Prix Nobel de la paix en 1964, le leader noir intégrationniste Martin Luther King est assassiné le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee), ville du sud profond des États-Unis, par James Earl Ray, un ségrégationniste blanc (merci Wikipedia) ;

6️⃣ :  Rosa Luxemburg a cofondé la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d’Allemagne. Deux semaines après la fondation de ce dernier, elle meurt assassinée à Berlin le 15 janvier 1919 pendant la révolution allemande, lors de la répression de la révolte spartakiste (merci Wikipedia) ;

7️⃣ :  Nelson Mandela incarne la lutte contre l’apartheid, ce système politique et juridique de séparation totale des Blancs et non-Blancs régissant l’Afrique du Sud de 1948 à 1991. Condamné en 1964 à la prison à perpétuité, Nelson Mandela, l’avocat engagé dans la lutte contre l’apartheid est libéré après 27 années, 6 mois et 6 jours d’emprisonnement (merci Wikipedia) ;

8️⃣ :  Les faits qui sont reprochés à celui qui a cofondé Greenpeace puis Sea Shepherd datent de 2010. Paul Watson est accusé d’avoir blessé une personne travaillant sur un navire japonais chassant la baleine, alors même que lui et son équipage de Sea Shepherd traquaient les baleiniers en pleine mer (www.lessurligneurs.eu) ;

9️⃣ :  voir le texte « La foi transporte les montagnes ».

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