Si vous voulez être heureux, soyez-le par vous-même.
Voici une citation comme je les aime. L’idée selon laquelle le bonheur réside en moi et non dans des circonstances extérieures me semble, à première vue, contre-intuitive. En effet, la société, qu’elle soit contemporaine ou ancestrale, qu’elle soit d’un pays ou d’un autre, qu’elle soit d’une culture ou d’une autre, associe souvent le bonheur à l’acquisition de biens matériels 1️⃣, à la reconnaissance sociale, à des événements particuliers.
Pourtant, cette vision du bonheur, comme étant dépendant de facteurs externes, présente, à mon sens, une faiblesse évidente, pour ne pas écrire une faille, elle le rend extrêmement précaire. Précaire ? Oui, précaire !
J’apprécie un coucher de soleil magnifique. Ce moment où le ciel se pare de couleurs chaudes et changeantes. Ce moment où l’instant semble suspendu dans le temps. Le bonheur est présent et, en même temps, il ne dure que quelques minutes avant que la nuit ne déploie son voile. C’est un moment magique, je peux m’en rappeler et, en même temps, il est fugace, évanescent.
J’apprécie, un jour de pluie, sentir les premières gouttes fraîches sur ma peau s’évaporant à la chaleur de mon corps. J’apprécie humer, sentir l’odeur de la terre humide, mouillée. Je savoure ces moments uniques. Puis la pluie s’arrête, le moment est passé, reste le souvenir.
J’apprécie un bon repas avec ce plaisir gustatif intense d’une saveur qui envahit mes sens. Après quelques bouchées, ne reste que la « simple » satisfaction d’avoir savourer de bons plats.
J’apprécie ce moment, cet instant précis où une mélodie, une parole, un solo d’instrument, un chant d’oiseaux touche quelque chose de profond en moi. L’émotion est vive, j’en ressens des frissons et, en même temps, ceci s’évanouit dès que la musique passe à la note suivante.
Et des exemples, des situations, des vécus, des expériences, je peux en citer à l’envi : un baiser délicat déposé sur les lèvres humides de mon Amour, un parfum familier évoquant un souvenir, le premier flocon de neige, une étreinte chaleureuse, le sourire d’un.e inconnu.e dans la rue, l’éclat d’un feu d’artifice, une brise légère lors d’une chaude journée, un fou rire avec un.e ami.e , un compliment inattendu et même le plaisir d’enlever mes chaussures après une longue journée.
Ici, dans mes exemples vécus, j’ai parlé de situations « impalpables », avec peu ou pas du tout de « matérialité », qu’en est-il alors avec les biens matériels, avec les possessions ?
Ce qui est externe, palpable peut être modifié, détérioré, perdu, volé même, sans que je puisse avoir le moindre « contrôle » sur ces éléments. Ainsi, si je place mon bien-être dans ces circonstances volatiles, mon bonheur devient tout aussi instable. Je ne dis pas que c’est « bien » ou « mal ». La question est « Y-a-t-il ‘mieux’ que le bonheur ? ».
Se recentrer vers mon propre intérieur, me semble être une clé. Plutôt que d’attendre des personnes, des événements, des expériences qu’ils m’apportent le bonheur, je peux apprendre, comme un jardinier, à le cultiver en moi-même et non plus aller le chercher « en magasin ». Quelque part, je suis celui qui plante les graines et qui récolte ce qu’il a semé 2️⃣, au lieu de celui qui ne fait que récolter ce que d’autres ont semé.
Bien que je ne puisse pas toujours « contrôler » tout ce qui m’arrive, je peux toujours CHOISIR comment agir. Ce choix, cette liberté de perception, d’action, est, à mon sens, le véritable levier pour atteindre un bonheur plus durable, plus stable.
La liberté intérieure consiste à se libérer des passions, des phantasmes, des idéaux, des désirs irrationnels qui me détournent souvent du bonheur véritable. Mes désirs, lorsqu’ils ne sont pas « maîtrisés », je peux même dire « canalisés », me projettent dans une quête sans fin 3️⃣. Dès que j’obtiens ce que j’ai voulu, un nouveau désir prend le relais. Cette spirale crée une insatisfaction permanente.
Ainsi parvenir à maîtriser mes « pulsions » et mes attentes revient à construire un espace de sérénité en Moi, à l’abri des évènements extérieurs. Le bonheur ne devient plus alors une condition dépendante du monde extérieur, il devient un état d’apaisement, de calme, de tranquillité intérieure.
Il suffit de regarder ce qu’il se passe avec les sollicitations des publicités que celles-ci soient visuelles ou auditives. Ces publicités vantent un idéal de vie dans lequel acheter telle voiture, habiter telle maison, faire ces courses dans tel magasin, posséder tel ou tel équipement, serait la clé du bonheur. Je dirai même que ce n’est pas un idéal de vie, c’est un monde idéal. Qui plus est, les réseaux sociaux, les influenceurs, les égéries, les bloggeurs, les stars du web amplifient cette illusion en exposant les personnes, qui « tombent dans leur filet », à des représentations filtrées, idéalisées de la vie des autres. Tout ceci alimente ainsi l’idée que le bonheur est ailleurs, dans ce que je n’ai pas encore, dans ce que je ne possède pas encore.
Tout ceci, quelque part, génère une attente perpétuelle. Je peux même écrire une atteinte perpétuelle. Et comme souvent quand il y a une attente, il peut y avoir déception. Si je dis à quelqu’un : « Attends-toi à quelque chose de merveilleux » ou « Attends-toi à quelque chose d’inattendu », quelle sera sa « réaction » : Satisfaction ou Déception. La satisfaction peut être de courte durée et la déception, elle, sera certainement de longue durée. Le cycle incessant de désirs et de frustrations est alimenté en permanence.
Je propose, et ce n’est qu’une proposition, une alternative à cette illusion du bonheur extérieur. Cette alternative est l’autosuffisance. Se suffire à soi-même, c’est reconnaître que je possède déjà en moi tout ce qu’il faut pour être heureux. Je ne parle pas d’égoïsme ou d’égocentrisme, simplement Être Soi. Être dans l’Être et non dans le Paraître.
L’état dont je parle, je l’ai déjà cité, décrit souvent, très souvent dans différents textes sous différentes façons.
Cet état, je l’appelle la JOIE 4️⃣. J’avais ajouté « intérieure » et, en fait, je n’ai besoin de rien ajouté comme qualificatif car elle se suffit à elle-même. Elle est pleine, entière, totale. Elle est dans sa Totalité.
Bien évidemment, ceci ne signifie pas que je doive renoncer à toute forme de confort ou de plaisir. Simplement, amener à ma Conscience, que ces éléments ne sont plus perçus comme des prérequis au bonheur.
Ainsi, l’autosuffisance, c’est l’Art de trouver du contentement dans le moment présent avec ce que j’ai déjà plutôt que de toujours aspirer à ce que je n’ai pas encore 5️⃣. Cette attitude, cette posture demande une sorte de renoncement aux attentes excessives envers l’avenir ou envers autrui. Elle requiert aussi de cultiver une gratitude sincère pour les petites joies et les expériences, qu’elles soient « simples » ou « complexes », de la Vie.
C’est aussi une discipline intérieure demandant du temps, de la patience. Il s’agit d’une véritable transformation de mon rapport au monde. Cette transformation repose sur la modération et, surtout, surtout, la capacité à accepter la Vie telle qu’elle est avec ses hauts et ses bas, avec ses joies et ses peines.
Alors oui, je reconnais et je sais que c’est un effort qui exige du courage, de la volonté, parfois de l’abnégation car il s’agit souvent de nager à contre-courant des injonctions sociales.
Sénèque, auteur de la citation en titre de ce texte, l’a bien compris. 2000 ans me séparent de lui et, pourtant, c’est un sujet toujours d’actualités.
(Mon Essence Spirituelle)
(Michaël « Shichea » RENARD (20241005-1 & 20241014-1))
(Illustration : Microsoft Designer suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Bill Bressler – 2024 – A Second Past & Karmamoi – 2024 – Strings From The Edge Of Sound (Remixed) (Emilio Merone Remix))
1️⃣ : voir notamment les textes « Toujours plus ! », « L’Abondance », « ‘Tea for Two’ et ‘Two for Tea’ », « Marc Aurèle, Sénèque, Epictète, et moi, émois » ;
2️⃣ : voir le texte « S’aimer soi-même, c’est semer »;
3️⃣ : voir le texte « C’est ma Prière »;
4️⃣ : voir notamment les textes « Joie Céleste », « La Flamme », « Ode à la Vie », « La Formule Magique ou la JOIE (re)trouvée » ;
5️⃣ : voir le texte « Toujours plus ! ».

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