L’Homme est-il condamné à être Libre ?
En voici une question intéressante, n’est-il pas. J’ai écrit l’Homme et j’entends par ici aussi bien la Femme. Ce questionnement n’est pas de moi mais de Jean-Paul Sartre. Le même Jean-Paul Sartre dont j’avais repris certaines « citations » comme dans sa pièce « Huis Clos » : « Tous ces regards qui me mangent. […] Pas besoin de gril, l’Enfer, c’est les autres » ainsi que « Être libre, ce n’est pas pouvoir faire ce que l’on veut, mais c’est vouloir ce que l’on peut » 1️⃣ .
En fait, ce n’est pas une question que Jean-Paul Sartre a posée, c’est une affirmation basée au cœur de son œuvre philosophique « L’Être et le Néant » et de son discours « L’existentialisme est un humanisme ». L’affirmation est que « L’Homme est condamné à être Libre ».
Pour Jean-Paul Sartre, l’Homme est condamné à être Libre car il n’est pas le produit d’une intention créatrice. Suis-je d’accord avec lui ? Ma réponse est Non. Cependant, je peux comprendre son « raisonnement ».
J’imagine, un instant, un stylo ou une plume pour écrire. Pour ma part, j’écris sur un clavier et, en même temps, l’exemple est simplement ici pour « éclairer ». Le stylo a été créé dans un but prédéfini. Il a été pensé et créé avec une intention préalable. Cette intention était de pouvoir écrire sur un support, généralement du papier. Anciennement, il y avait la plume et le parchemin. Il (le stylo) a répondu à un besoin. Il est le fruit d’une réflexion, d’un plan et, in fine, d’un geste créateur. Dit d’une autre façon, son essence, permettant d’écrire, précède son existence. Le stylo n’a aucune liberté car il est condamné à être et à accomplir ce pour quoi il a été créé.
Et justement, à propos de création Jean-Paul Sartre a fondé, a créé un courant philosophique nommé « Existentialisme athée ». Ce courant tend vers l’exclusion de toute forme de transcendance, de théologie ou de croyance religieuse dans la pensée philosophique existentialiste. Il nécessite un combat contre la peur de la mort sans avoir à espérer être sauvé par un dieu, et sans recours à une quelconque force surnaturelle ou réincarnation. Il refuse le déterminisme divin. Il ne conçoit que des influences qui ne peuvent pas être d’origines divines. Ces influences sont sociales provenant de groupes « souverains ». Voici qui est dit ! Autant je respecte chacun.e, chaque opinion, le premier mot qui m’est venu en lisant ceci sur Wikipedia, c’est « Bigre ! ».
Autant je suis d’accord avec lui sur les croyances religieuses d’un Dieu aimant et punissant, autant je suis en désaccord sur le reste. Comme le disait Tonton David : « Chacun sa route, chacun son chemin – Chacun son rêve, chacun son Destin ».
Pour Jean-Paul Sartre, l’Homme, dans sa perspective athée, n’est pas le produit d’une intention préalable. Ainsi à la différence du stylo, il existe « avant » de posséder une essence. Pour lui, il n’acquière son essence qu’une fois qu’il existe et celle-ci n’est ni fixe ni prédéterminée. Son essence se construit au fil de ses choix et de ses actes. En ce sens, il n’a pas d’autres options que d’être libre. Être libre car il est condamné à faire des choix. Et ces choix fondent ce qu’il est. Pour Jean-Paul Sartre, même l’option de ne pas choisir est un choix.
Cette dernière phrase me ramène en mémoire un échange que j’ai eu avec une vendeuse dans un magasin de bijoux et d’objets ethniques. Mon épouse essayait différents colliers et la vendeuse me dit : « Monsieur n’a pas d’avis ? ». J’ai répondu : « Ne pas avoir d’avis, c’est déjà un avis ». Donc, je suis d’accord avec Jean-Paul Sartre : « Ne pas choisir est un choix ».
Ainsi est-ce que l’existence précède l’essence (est-ce sens ?) ou l’essence précède l’existence ? En voici une bonne question pour un sujet de baccalauréat. Pour Jean-Paul Sartre, c’est l’existence avant l’essence et pour moi, c’est l’essence avant l’existence. Ceci revient à un questionnement similaire : « L’Homme a-t-il créé par Dieu ou l’Homme s’est-il créé à travers Dieu ? ». Dans le texte précédent intitulé « De mon Ambiguïté », je parlais déjà de cette ambiguïté en reprenant Pierre-Teilhard de Chardin qui a écrit : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ». Ainsi, je pouvais aussi affirmer que : « Nous ne sommes pas des êtres spirituels vivant une expérience humaine, nous sommes des êtres humains vivant une expérience spirituelle ».
Si je transpose la citation de Pierre-Teilhard de Chardin suivant la philosophie de Jean-Paul Sartre, je peux écrire que, pour Pierre-Teilhard de Chardin et pour moi, « l’Être Spirituel précède l’Être Humain » alors que pour Jean-Paul Sartre, pour autant qu’il puisse accepter (Paix à son Âme) de Spirituel que « l’Être Humain précède l’Être Spirituel ». Oui Mais ! Oui, mais je reviens à mon ambiguïté. En fait, tout dépend du point de vue que l’on a et, pour ma part, surtout du niveau de conscience dans lequel je suis.
J’imagine un instant que si l’essence ne répond pas à une intention préalable, elle répond, à tout le moins, à une nécessité de « survie » existant depuis la nuit des temps. Cette essence à façonner l’Homme pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
N’est-ce pas un peu « simpliste » de dire que « l’Homme est condamné à être Libre ». Comment oublier l’héritage millénaire de cellules, de poissons, de mammifères et surtout le cerveau reptilien ? Ce cerveau reptilien dénommé aussi comme cerveau primitif, archaïque, primaire. Il est dit, et je ne suis pas scientifique, que le cerveau reptilien est un concept censé expliquer nos comportements primitifs. Ces comportements qui sont les besoins les plus élémentaires comme s’alimenter ou se reproduire ainsi que nos pulsions les plus violentes. Est-ce aussi « simple » que ceci pour de dédouaner des actions que l’Homme fait ?
Tiens « Bigre ! » se réinvite. « Tu sais, Chérie, je n’y peux rien si je t’ai trompé, c’est mon cerveau reptilien qui m’a poussé à le faire ». « Monsieur le Juge, je ne suis pas responsable de mes actes, c’est à cause du cerveau reptilien qui est en chacun de nous ».
Existe-t-il des « circuits » purement émotionnels ou purement cognitifs dans le cerveau. Pour ma part, les fonctions cérébrales dépendent de réseaux interdépendants et non pas de structures cérébrales distinctes. En d’autres termes, il n’y a pas un « fonctionnement » isolé les uns des autres. Eh oui ! Le cerveau, cet outil magnifique que la science ne comprend pas « encore ». J’écris souvent que nous sommes toutes et tous interconnectés, pourquoi le cerveau ferait-il exception lui-même à ce fonctionnement d’interconnexion ?
Est-ce que ceci m’éloigne de la liberté de l’Homme. Que nenni ! l’Homme n’est libre que s’il a Conscience de lui-même, peu importe d’où il vient, peu importe où il va.
La liberté se découvre par le regard que l’on a sur Soi.
Ma Liberté se découvre par mon propre regard sur Moi.
(Michaël « Shichea » RENARD (20240104-1))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Good NightOwl – 2023 – Belief)
1️⃣ : voir le texte « Treize à table »

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