Auprès de mon A….
Entre les fêtes de Noël et de Nouvel An de l’année passée, je suis parti remarcher dans la Réserve Naturelle de Sclaigneaux (Province de Namur, Belgique). Mon épouse et moi l’avons découverte pendant la « pandémie ». Cette réserve est située à quelques kilomètres de notre maison et nous n’avions jamais pris le temps d’y aller nous promener. Notre dernier passage était il y a plus d’un an et, comme mon épouse souhaitait rester à la maison, j’y suis allé seul. Eh oui, j’étais en « balitude » (balade en solitude dont j’ai déjà parlé).
Cette Réserve Naturelle domine la vallée de la Meuse. Cette vallée est ponctuée de carrières de pierres calcaires et de dolomie. Sur la réserve, les deux se mélangent, donnant une pierre friable, inutilisable, qui n’a donc jamais été exploitée par les carriers. Cette réserve originale est préservée par ce sol ingrat. Préservée ? En fait, en 1880, une usine de traitement du zinc s’installe dans la vallée. D’énormes cheminées posées sur les crêtes rocheuses rejettent des gaz sulfureux remplis de métaux lourds. Des pluies acides s’abattent sur le site et le mélange est tellement corrosif que la roche est mise à nu. Plus rien ne pousse sur ce sol acidifié. Aujourd’hui, les flancs de Meuse de la réserve se repeuplent d’une végétation originale qui a dû s’adapter à cette pollution massive. Elle crée une couverture quasi unique en Wallonie. Malgré les années, la couche d’humus est toujours quasi inexistante, et des plantes communes comme le plantain lancéolé ou la petite oseille sont atteintes de nanisme (Merci Natagora pour les informations).
Ce texte ne va pas parler de la faune et la flore présentes sur ce site. Cependant, elle a une beauté sauvage que j’apprécie, bien que sa surface de 50 ha soit relativement restreinte. La faune est représentée par les « alouettes lulu », des « pics noirs », des « merles à plastron », des « hérons cendrés ». La flore elle est un peu plus riche, une lande de bruyères, une pinède, une futaie aux chênes et hêtres imposants, des pelouses dolomitiques, une sablière, des lichens typiques des sols acides et une multitude d’orchidées différente. Voici pour le cadre de cette Réserve Naturelle.
Quand je vais dans cette Réserve Naturelle, il y a un endroit, un site où j’aime me « reposer » quelques instants avant de reprendre ma marche. Cet endroit n’a rien d’exceptionnel aux yeux de beaucoup de monde et, en même temps, pour moi, il est merveilleux, magique, attirant. Oui, attirant, il m’a attiré tel un aimant dès que je m’en suis approché. Il m’est impossible d’expliquer ce que j’ai ressenti. Quelque part, c’était comme une évidence. Même si je l’ai délaissé quelques mois, j’ai eu énormément de JOIE de le revoir.
C’est un peu comme le Renard dans « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry : « Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique ». Eh bien pour moi, ce n’était qu’un arbre semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami et il est maintenant unique. Cet endroit, ce site, c’est un arbre, que dis-je, mon Arbre. Oh, je sais qu’il ne m’appartient pas et, en même temps, c’est mon Arbre. Peu de personnes savent que c’est cet Arbre qui me procure autant de JOIE quand je l’aperçois, quand je m’en approche, quand je le ressens. Peu importe la saison, qu’il soit couvert de sa majestueuse parure ou qu’il soit nu, il est mon Ami.
Pourtant, je n’ai jamais osé le toucher, l’enlacer. Il me serait d’ailleurs difficile de toucher son tronc car il est peuplé de branches basses. Alors pour lui rendre hommage, je le prends en photo en fonction des saisons de passage. Cet Arbre, cet Ami, il est seul, il est ici dans l’endroit que l’on appelle les pelouses. Il y a bien quelques arbres un peu plus loin. Mais il est seul. J’ai parlé récemment de ma solitude, du vide. Est-ce que mon Ami se sent seul ? A-t-il des visiteurs comme moi ? Peut-être rencontre-t-il d’autres humains ? Peut-être des oiseaux viennent-ils le saluer ? Je ne sais pas.
Certain.e.s pourraient me dire : « Mais Michaël, dans cette Réserve Naturelle, il y a des arbres bien plus majestueux, bien plus grand que celui-ci ». Oui, il y en a sûrement. Mais moi, c’est celui-ci que j’ai choisi et c’est Lui qui m’a choisi. L’un et l’autre sommes des compagnons de route. Lui statique, ancré dans la terre. Moi en mouvement, parfois ancré dans la terre, parfois dans les étoiles. Je ne sais pas depuis combien de temps, il est là. D’après un site me permettant de « voyager dans le temps » sur les cartes, il me semble qu’il apparaît au début des années 1990, peut-être un peu plus tôt. Il est jeune par rapport à moi et, pourtant, il m’apprend beaucoup.
« Mais Michaël, que peut t’apprendre un arbre, qui plus est, solitaire ? Ce n’est pas un professeur. Ce n’est pas un maître ». Eh bien, pour moi, c’est un Maître. Le seul enseignement que puisse donner un Maître, un véritable Maître, c’est de dire « Tais-Toi » à chaque questionnement d’un disciple. Moi, devant cet Arbre, mon Arbre, je me tais, je suis en silence.
Sans parler, il m’apprend que j’ai une force intérieure. Un arbre solitaire, malgré les conditions environnementales parfois difficiles, continue de croître et de s’élever. Il symbolise, pour moi, la force intérieure que j’ai pour traverser les expériences de ma Vie.
Sans parler, il m’apprend la ConneXion avec la Terre. Il est profondément enraciné dans le sol, même si ce sol est aride dans cette Réserve Naturelle. Il me rappelle l’importance de rester connecté à mes racines, à mon essence, tout en cheminant sur mon parcours de Vie à travers les circonstances de ma Vie.
Sans parler, il m’apprend la patience et la persévérance. Il pousse lentement, très lentement. Sa durée de Vie sera supérieure à la mienne. Sa Vie solitaire me parle dans mon propre cheminement spirituel.
Sans parler, il m’apprend l’acceptation du changement. Il traverse les différentes saisons, perdant ses feuilles en automne et les retrouvant avec vitalité au printemps. Il me démontre l’importance d’accepter les cycles de changement dans ma Vie.
Sans parler, il m’apprend l’interconnexion de toute vie. Il fait partie intégrante de l’écosystème qui l’entoure. De même, je suis interconnecté dans l’Univers. Il m’inspire un sentiment de responsabilité aussi bien envers la nature qu’avec tous les autres êtres vivants.
Sans parler, il m’apprend la méditation silencieuse. Quand je le regarde, quand je l’observe, je suis comme en méditation. Il me montre l’importance de la tranquillité, du silence et de la contemplation dans ma propre Spiritualité.
Sans parler, il m’apprend la « croissance personnelle ». Comme lui, je grandis, je m’étends dans mon propre voyage spirituel.
Ainsi, un arbre, un simple arbre, un arbre simple, un ami, mon Ami me fait découvrir tout ce que je viens d’écrire comme un explorateur découvrant une terre inconnue. Il y avait tant d’inattendus dans cette rencontre.
Durant mon voyage auprès de mon Arbre, auprès de mon Ami, j’ai écouté une canalisation que mon Frère Léon m’avait partagée à propos de sa ConneXion avec le « Grand Tout », il y a plus de 2 ans. Bien qu’il lui soit difficile d’exprimer son expérience, j’ai apprécié l’image que Sylvain Didelot a donné à propos de l’éveil dont beaucoup parlent ou, en tout cas, en font la promotion comme s’il y avait une « recette » magique pour y arriver. J’en ai déjà parlé dans d’autres textes.
« Décrire l’Éveil, c’est comme vouloir décrire une couleur à un aveugle de naissance, c’est ‘impossible’ ». En effet, comment décrire une couleur à quelqu’un qui n’en a aucune connaissance, qui n’en a aucune référence. Dire que le rouge, c’est comme …, ne veut rien dire. Par contre, dire que c’est une couleur chaude permet déjà d’avoir une idée, une petite idée et, en même temps, une idée quand même. Ainsi, j’ajoute que « Seul.e celle ou celui qui l’a vécu peut le ressentir comme la ConneXion à Tout Ce Qui Est ».
Je n’ai pas vécu cette expérience d’éveil. J’ai vécu d’autres expériences mais pas celle-ci. En fait, peu importe car je ne « m’estime » par prêt de la vivre. C’est ainsi. Par contre, ma ConneXion avec mon Ami, je l’exprime avec mes mots, avec mes ressentis et, en même temps, je suis Celui qui a vécu cette Expérience de Connexion.
Pour terminer ce texte, avant que je n’arrive sur le site de mon Ami, j’avais, en tête, la chanson « Auprès de mon Arbre » de Georges Brassens. Le refrain est le suivant : « Auprès de mon arbre je vivais heureux – J’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre – Auprès de mon arbre je vivais heureux – J’aurais jamais dû le quitter des yeux ». Cette chanson parle, quelque part, du regret, du temps qui passe. Je n’ai pas cette vision du regret plutôt du temps qui passe, de l’impermanence, de l’éphémère.
Pour ma part, mon Ami me permet de prêter attention aux éléments, aux él-aimants qui forment mon environnement. Je ne vis pas près de Lui. Je ne vis pas sous Lui. Je vis avec Lui comme Lui vit en Moi.
Merci mon Âmi de m’avoir permis d’écrire ce texte, que dis-je, cet hommage dont seul moi en connaît l’Expérience et l’Importance dans ma Vie (et, maintenant, un petit peu les lectrices, les lecteurs).
(Michaël « Shichea » RENARD (20231228-3))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Photos : Michaël « Shichea » RENARD (2020,2022,2023))
(Musique lors de l’écriture : The Forty Days – 2023 – Beyond The Air)
P.S. : Sur le chemin du retour pour aller à ma voiture, je termine l’écoute de la canalisation et qu’entends-je ? Sylvain qui parle d’un arbre comme d’un Ami qu’il allait voir pour se ressourcer.

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