« Vieillir. c’est comme escalader une grande montagne en grimpant, les forces diminuent, mais le regard est plus libre, la vue plus large et plus sereine » (Ingmar Bergman)
Vieillir, c’est un voyage singulier, une ascension solitaire à travers les vallées du temps. Chaque pas est une empreinte laissée sur le sol de mon existence, chaque ride une marque gravée sur mon visage par les années écoulées. Ma Vie, elle-même, est un sommet mystérieux et souvent insaisissable. Tout au long de cette escalade, mes forces déclinent, mes muscles fatiguent, mais, curieusement, c’est dans cette lente montée vers cet Everest de ma maturité que mon regard devient plus libre, la vue plus large et plus sereine.
Quand j’étais jeune, ma Vie était une montagne à escalader avec une énergie débordante, une insouciance éclatante et une certitude inflexible que chaque sommet était à ma portée. Ma jeunesse a souvent été imprégnée de cette croyance naïve en mon invincibilité, en ma capacité à surmonter tous les obstacles. Mes premiers pas dans cette escalade étaient empreints d’une arrogance délicieuse, comme si la montagne elle-même se pliait à ma volonté.
Puis, au fil des ans, j’ai gravi les versants escarpés de la Vie. Les expériences se sont présentées sous la forme de rochers glissants de responsabilités, de crevasses profondes de doutes et de tempêtes imprévisibles de peines et de tristesses. Les forces qui m’avaient propulsé vers le haut ont commencé à décliner, à se transformer en une énergie plus mesurée, plus réfléchie. Les muscles qui avaient, jadis, supporté le poids de mes rêves ambitieux ont ressenti le fardeau croissant du temps qui passe.
Pourtant, au sommet de cette montagne, au-delà des nuages de mon ambition effrénée, une perspective nouvelle a émergé. Les horizons lointains sont devenus visibles, les vallées profondes se sont révélées et la sérénité a remplacé l’agitation. Vieillir n’est pas simplement un déclin physique, loin d’être une perte de Vitalité, c’est une Transformation, une exploration de chaque pas, de chaque souffle, de chaque battement de Cœur, une métamorphose de l’Esprit. C’est comme si les yeux, autrefois obscurcis par l’urgence de la jeunesse, s’étaient adaptés à la Lumière douce et apaisante du crépuscule de la Vie.
La montagne de la Vie offre des expériences inattendues. Elle enseigne la modestie lorsque les intempéries me rappellent ma vulnérabilité. Elle enseigne la gratitude lorsque chaque pas en avant est une victoire sur la gravité implacable du temps. Elle enseigne la résilience lorsque les vents glacés de l’adversité menacent de me faire chuter.
Le regard qui devient plus libre avec l’âge n’est pas simplement une vision physique mais une clarté émergeant des expériences accumulées. Les illusions de la jeunesse se dissipent pour laisser place à une compréhension plus nuancée de la réalité. Je réalise que la montagne n’est pas seulement faite de sommets éblouissants mais aussi de vallées ombragées et de plaines fertiles. Chaque élément du paysage a sa propre beauté, sa propre importance et la sagesse consiste à reconnaître la richesse de l’ensemble.
La vue devient également plus large à mesure que l’on prend conscience de l’interconnexion de toutes choses. Chaque rencontre, chaque relation, chaque choix façonne le panorama de ma Vie. Les amitiés deviennent des chaînons de montagnes solides et fiables. Les amours passées sont des rivières qui ont sculpté des vallées profondes dans le paysage de l’Âme. Chaque Être cher laisse une empreinte indélébile, une silhouette sur l’horizon de notre existence.
Cependant, la vue la plus large et la plus sereine survient lorsque j’ai accepté la nature éphémère de chaque instant. La montagne elle-même existe dans un éternel présent, indifférente aux préoccupations humaines. Vieillir devient un acte de contemplation, une célébration de la beauté fugace du monde qui nous entoure. Chaque lever de soleil devient un miracle, chaque sourire devient une étoile brillant dans le ciel de la mémoire.
La sérénité découle de l’acceptation, de la reconnaissance que la montagne de la Vie n’est pas seulement une épreuve à surmonter, mais une source infinie de découvertes. Les sommets peuvent être des moments de gloire, mais les vallées sont des moments d’introspection et de croissance. La sérénité émerge lorsque l’on cesse de lutter contre les courants du temps, lorsque l’on se laisse porter par le flux calme de l’existence.
En vieillissant, je réalise que la montagne elle-même n’est qu’une partie d’un paysage beaucoup plus vaste. L’horizon ne se limite pas aux sommets que l’on a atteints, mais s’étend à l’infini au-delà de la portée de notre regard. La Vie devient une exploration constante, une aventure sans fin dans les méandres de l’inconnu. Chaque jour apporte son lot de surprises, de défis et de beautés insoupçonnées.
Et ainsi, je continue à escalader ma montagne, à mesure que les saisons de la Vie changent autour de moi. Les printemps de la jeunesse cèdent la place aux étés de la maturité, aux automnes de la réflexion et aux hivers de la sagesse. Chaque étape est précieuse, chaque instant est unique. La montagne, fidèle compagne de ma Vie, me guide avec sa sagesse silencieuse me rappelant que vieillir n’est pas simplement une progression linéaire mais une danse complexe avec le temps.
Au sommet de la montagne, je contemple le paysage de ma Vie avec gratitude. Les traces de mes pas sont comme des poèmes gravés, dans la roche, racontant l’histoire de mes victoires et de mes défaites, de mes joies et de mes peines. Et alors que le soleil se couche lentement à l’horizon, je réalise que la véritable récompense de l’escalade n’est pas simplement le sommet atteint, mais le voyage lui-même avec tous ses hauts et ses bas, ses ombres et ses lumières.
(Michaël « Shichea » RENARD (20231224-2))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Le Silence)

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