Merci Alda
Certain.e.s me diront que la sensibilité est l’apanage des femmes telle une délicate fleur s’épanouissant dans le jardin de leur Être. Pour ma part, la sensibilité n’est pas que pour les femmes. La sensibilité, c’est la faculté de percevoir des sensations, d’éprouver des sentiments. Oh, je sais que beaucoup d’hommes ferment l’armoire de leur sensibilité, à double tour, tel un trésor qu’il ne faut surtout pas montrer. Cependant, de plus en plus d’hommes la manifestent et, quand ceci arrive, elle devient une symphonie poétique.
Je me souviens du premier frémissement qui m’a traversé. C’était comme une douce brise caressant les pétales d’une rose, une émotion qui s’insinuait délicatement dans mon Être. Quelle mag(nif)ique sensation. J’avais été éduqué dans une époque où l’on « enseignait » aux hommes à masquer leurs sentiments derrière un masque d’indifférence. Mais, contre vents et marées, la sensibilité a émergé de l’ombre telle une lueur chaleureuse dans la froide nuit de la retenue émotionnelle.
J’ai écrit « mag(nif)ique » pour indiquer qu’il y a de magie quand un homme se (re)découvre, se dévoile, se met à nu. Il y a une magie particulière dans la sensibilité masculine. Je sais qu’elle ne s’exprime pas de la même manière que chez les femmes et, en même temps, elle n’en est pas moins puissante. Elle réside dans le battement d’un cœur qui ose ressentir profondément. Elle réside dans un regard amoureux pour l’Être aimé. Elle se perçoit dans le regard attendrissant pour ses enfants. Elle s’amplifie de sourire en sourire, de rire en rire. Elle réside dans le regard d’un homme contemplant le monde avec une tendresse infinie. C’est comme une poésie silencieuse écrite par l’Âme pour se magnifier dans l’Esprit.
Certain.e.s diront que la sensibilité affaiblit l’homme. Que du contraire, elle le fortifie. Elle lui donne la capacité d’appréhender le monde avec une acuité particulière, de se connecter aux autres d’une manière profonde, Sincère et Authentique. Quand un homme embrasse sa sensibilité, chaque larme, chaque éclat de rire devient une strophe dans le grand poème de sa Vie.
Cependant, la société, la société des masques n’est pas toujours indulgente envers l’homme sensible. Il lui est demandé souvent de se conformer à des normes rigides de mâle, de virilité, de réprimer ses émotions pour correspondre à une image préconçue de la masculinité. Mais ceux qui ont le courage, oui, ceux qui osent défier ces conventions d’un autre temps, découvrent un trésor caché, une richesse intérieure pour sauter au-dessus des barrières du superficiel.
Il y a de la beauté dans la vulnérabilité d’un homme sensible. C’est comme contempler un jardin secret où chaque fleur a ses propres nuances, où chaque pétale raconte une histoire. La sensibilité masculine n’est pas une faiblesse, mais une force qui lui permet de naviguer à travers les tempêtes de la Vie avec Grâce et Résilience.
Pourtant, il est essentiel de reconnaître que la sensibilité n’est pas exclusive à un genre particulier. Certain.e.s diront qu’elle n’est pas genrée (terme à la mode). Effectivement, elle n’appartient ni aux hommes ni aux femmes. Elle appartient à l’HUmanité tout entière. Elle est un fil d’or tissé dans le grand tapis de la Vie reliant tous les êtres dans une trame complexe d’expériences partagées.
En plus, au-delà du « genre », elle n’est ni définie par le pays, ni par la couleur de la peau, ni par le statut, encore moins par la religion. Elle est Universelle. C’est une force mystérieuse circulant à travers les veines de l’HUmanité reliant ainsi les Cœurs et les Esprits.
Lorsque la sensibilité s’éveille, ou devrais-je dire se réveille, chez un homme, elle prend la forme d’une poésie unique. Une poésie qui résonne avec les échos de son essence la plus profonde. Ses mots deviennent des pinceaux traçant des tableaux vivants de son monde intérieur. Chaque regard, chaque geste, chaque soupir devient une expression artistique, une offrande dans le grand théâtre de la Vie.
Ainsi alors que je n’avais pas « encore » écrit en utilisant le « Je », ma sensibilité n’est pas une menace pour ma virilité. C’est une célébration de la diversité de mon Expérience Humaine (Merci Pierre-Teilhard). Elle me rappelle que ma force réside aussi dans la douceur. Mon courage se manifeste aussi bien dans les larmes que dans les rires. Ma sensibilité est une invitation à embrasser la Totalité de mon Être, à reconnaître qu’elle est aussi une source infinie de puissance créatrice.
Grâce à ma sensibilité, je suis devenu un poète parlant, écrivant avec mon Âme. Je suis devenu un explorateur dans mes territoires intérieurs. Chaque émotion est ainsi devenue une étoile dans le ciel de ma Conscience éclairant le chemin de ma propre perception et de la perception du monde qui m’entoure. J’avais déjà écrit que « J’éclaire, pour d’autres, le chemin sur lequel je trébuche ». C’est ceci aussi Être Sensible, accepter de tomber, de chuter pour que d’autres puissent se relever, se révéler.
Quelque part, je suis devenu un Gardien. Un Gardien de ma sensibilité en acceptant la Lumière Sacrée éclairant, non seulement, mon Cœur mais également le Cœur de chaque Être.
Ainsi, je me tiens, ici, en tant qu’homme sensible. Je suis le témoin de la poésie émanant de cette sensibilité. Sans prétention aucune, mes mots sont des éclats de Lumière dans l’obscurité.
(Michaël « Shichea » RENARD (20231227-1))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Le Silence)
P.S. : Ce texte m’a été inspiré par une citation de Alda Merini. Alda Merini est une poétesse et femme de lettres italienne contemporaine. Le président Giorgio Napolitano la définit comme une Voix Poétique Inspirée et Limpide. Sa Vie n’a pas été un long fleuve tranquille. À 16 ans, une maladie mentale nécessite son hospitalisation pendant un mois. Cette maladie, un trouble bipolaire qu’elle dénomme « ombre della mente » (ombres de l’esprit), la poursuivra tout au long de sa vie. En 1986, par choix, elle vit dans des conditions d’indigence. Les repas quotidiens lui sont apportés par les services sociaux. Dans son œuvre, elle exalte les exclus desquels elle est très proche. Le 1er novembre 2009 elle meurt des suites d’un cancer des os.
P.P.S. : Le présent texte est un hommage à une phrase, une citation qu’elle a écrite : « La sensibilité n’est pas femme, elle est humaine. Quand on la trouve chez un homme elle devient poésie ».
P.P.P.S. : Et puis, en cherchant quelques citations qu’elle a écrite, j’arrive sur celle-ci qui a déclenché, en moi, un tsunami et même un peu de jalousie : « J’aime la simplicité qui s’accompagne avec l’humilité. J’aime les gens qui savent sentir le vent sur leurs propres peaux, sentir les arômes des choses, en capturer l’âme. Ceux qui ont la chair en contact avec la chair du monde. Car là il y a la vérité, là il y a la douceur, là il y a la sensibilité, là il y a encore l’amour ».

Laisser un commentaire