Un caillou est un caillou
Dans le conte « J’ai trouvé un trésor immense dans la simplicité », j’avais écrit « un caillou est un caillou » dont la phrase complète est « Dans un monde obsédé par la recherche incessante de la grandeur, il est parfois nécessaire de s’arrêter, de respirer et de reconnaître que, fondamentalement, un caillou est un caillou« .
Jusqu’ici, rien de bien « transcendant ». Pourtant, depuis quelques mois, je suis dans un groupe, en présentiel, basé sur les accords toltèques. Récemment, l’animatrice du groupe a proposé un lien vers un groupe facebook « Les 4 accords Toltèques – Groupe Officiel du Cercle de Vie ». J’ai donc été faire un petit tour sur ce groupe qui compte 286000 membres.
Je vois une publication qui dit ceci : « Jugement ou pas Jugement ? – Aujourd’hui il fait beau – Hier il faisait mauvais temps ».
Par facilité, je reproduis ce que sont les 5 accords toltèques que j’avais déjà énuméré dans le texte « Joie Céleste ».
Accord 1 : Que votre parole soit impeccable.
Accord 2 : Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle.
Accord 3 : Ne faites pas de suppositions.
Accord 4 : Faites toujours de votre mieux.
Accord 5 : Soyez sceptiques, mais apprenez à écouter.
La question posée, par le membre dans le groupe des accords, parle du jugement. J’ai déjà beaucoup écrit sur le jugement, notamment, en utilisant la langue des oiseaux via le juge-ment. Il y a un texte complet intitulé « Le Dernier Jugement » qui en parle en « détails ».
Ainsi, si quelqu’un dit « Aujourd’hui, il fait beau. Hier, il faisait mauvais temps », est-ce un jugement ? Dans le groupe, la publication a généré 60 commentaires. Quelque part, ceci semble interpellé plusieurs membres. Voici ce que j’ai écrit.
« Le jugement, le Juge-Ment.
Le jugement amène en nous une altération de notre perception.
Le jugement est basé sur des croyances, sur nos croyances héritées ou acquises.
Si je regarde un caillou et que je dis : « C’est un beau caillou », c’est un jugement.
Si je regarde le même caillou et que je dis : « C’est un caillou malfoutu », c’est un jugement.
En fait, un caillou est un caillou.
Cependant, pour « faciliter » la communication, on peut exprimer un « sentiment », un « ressenti », « une opinion » : « J’aime cette fleur car elle me rappelle un parfum de mon enfance ». Est-ce un jugement ? »
Un membre m’a répondu ceci.
« Est-il pertinent de faire appel au « langage des oiseaux » pour disserter sur un sujet ? … J’ai quelques doutes. Oui, un jugement est toujours fonction de références, il ne peut pas en être autrement … (là (autrement), je ne vais pas jouer au jeu du langage des oiseaux). Oui, intrinsèquement, une chose est une chose, rien de plus. Mais comme les fleurs (exemple) nous pouvons les apprécier (apprécier est plus correct qu’aimer (je ne peux pas me donner à une fleur) ; si j’apprécie, ceci est fonction d’éléments (fleur, parfum, souvenir) « mis en balance » ; donc, il y a eu, à un instant particulier, un jugement. Et, pour aller plus loin : Si je dis ceci est un caillou, pour le nommer, il m’a fallu des références, des comparaisons, donc j’ai jugé que ceci est un caillou, pas autre chose. Tout est jugement, mais tous les jugements ne sont pas du même ordre. Ma démonstration vous parait-elle pertinente ? »
Cette réponse est intéressante et m’a amené à répondre ceci.
« J’aime la langue des oiseaux ou devrais-je dire j’apprécie la langue des oiseaux, c’est une langue intéressante car elle cache bien des sens. Pour ma part, il n’y a pas de « petits » ou de « grands » jugements, un jugement est un jugement.
Et je suis d’accord avec vous concernant « un caillou est un caillou » car c’est une convention de langage permettant un échange même si les mots sont limitatifs. Si je rencontre un peuple ou quelqu’un parlant une autre langue que la mienne et que je lui montre un caillou, il va le nommer à sa façon. Si je lui montre un autre caillou, il va peut-être le nommer du même nom. Je lui en montre un troisième et là, il me dit un autre nom. Je serai « perdu » car, dans sa langue, il a des références autres ou plus subtiles que dans la mienne. Pour autant, il n’y a pas de jugements car les références sont différentes.
C’est une convention de dire que ce que je perçois comme « un caillou est un caillou » car on m’a appris que cette « chose » est un caillou. Après je peux y ajouter des « qualités » physiques ou esthétiques voire même émotionnelles.
Si j’apprends à un enfant que le « caillou » dont j’ai ma référence, est un « oiseau », chaque fois qu’il va voir un « caillou », il va dire « oiseau » et sa compréhension avec les autres va s’en trouver altérée. Donc, ce n’est qu’une convention et non un jugement.
Et, bien évidemment, ceci n’est que mon expérience« .
Voici pour cette introduction comme quoi un simple (oups !) caillou peut amener à parler de bien des choses. Pour certain.e.s, ce caillou peut-être un caillou dans la chaussure ou comme le dit Didier Nordon (mathématicien et enseignant français) : « des cailloux dans les choses sûres« .
J’apprécie bien les accords toltèques. Je sais que c’est un « outil » à succès et que beaucoup de personnes l’apprécient.
* Accord 1 : Que votre parole soit impeccable :
Ce premier accord me rappelle le pouvoir de la parole en tant que force créatrice. Dans le monde de la pensée toltèque, les mots sont perçus comme des incantations, capables de donner forme à la réalité. L’impeccabilité de la parole va au-delà de simplement éviter le mensonge. Elle m’engage à utiliser les mots de manière consciente, bienveillante et constructive. En faisant preuve d’impeccabilité verbale, je deviens l’artisan de ma réalité tout en respectant l’autre.
* Accord 2 : Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle :
Cet accord permet de dépasser l’ego en ne prenant pas les choses de manière personnelle. En acceptant que les actions des autres ne sont pas nécessairement dirigées contre moi, je libère mon esprit des affres de l’offense et du ressentiment. Cela rejoint une perspective philosophique stoïcienne (voir le texte « Marc Aurèle, Sénèque, Epictète, et moi, émois ») invitant à ne pas laisser les actions des autres déterminer mon état intérieur. En comprenant que chacun agit selon sa propre perception du monde, je développe ma sagesse et ma paix intérieure.
* Accord 3 : Ne faites pas de suppositions :
Les suppositions sont des ombres obscurcissant la clarté de la communication. Cet accord m’encourage à abandonner mes préjugés et à chercher la clarté par le biais du dialogue ouvert. En limitant voire en éliminant les suppositions, je crée un espace pour la compréhension mutuelle (voir le texte « l’UN-Compréhension Mutuelle ») favorisant ainsi ma croissance personnelle et mon harmonie interpersonnelle.
* Accord 4 : Faites toujours de votre mieux :
C’est celui que je préfère. J’ai même un texte s’intitulant « J’ai fait de mon mieux ». J’ai trouvé un concept similaire dans la philosophie chinoise du WuWei,. Il propose de suivre le flux naturel des choses et l’ordre cosmique originaire sans le perturber, ni tenter de le modifier (peut-être moins adapté, à notre époque, car la Conscience Supérieure donne plus de libertés). Dit d’une autre façon, c’est être dans l’action sans effort. Ceci ne signifie pas la recherche de la perfection mais plutôt un engagement sincère dans chaque moment, dans chaque expérience.
* Accord 5 : Soyez sceptiques, mais apprenez à écouter :
De mon expérience, c’est le discernement dont j’ai déjà parlé dans le texte « Le Discernement ». C’est une invitation à cultiver un esprit « sceptique » tout en développant la capacité d’écoute profonde. Être sceptique ne signifie pas être cynique, à exprimer systématiquement des opinions contraires mais plutôt maintenir une ouverture d’esprit face à de nouvelles idées, de nouveaux concepts, de nouvelles expériences. En apprenant à écouter véritablement, je me connecte avec la sagesse Uni-vers-elle résidant en chaque être. Et surtout ne pas dans le « piège » de « La plupart des gens n’écoutent pas dans l’intention de comprendre, ils écoutent dans l’intention de répondre » (Stephen Corey).
Ainsi, il y a de nombreux outils de communication, d’échange avec les autres. Il y a un peu plus d’un an, j’ai créé mon propre « outil ». Il s’appelle PIMAO, c’est un acronyme et a fait l’objet d’un texte du même nom. J’avais même réservé le nom d’un groupe facebook.
P : Prends la Vie comme elle vient sans te soucier du lendemain ;
I : ne t’Interdis rien tant que ton prochain n’est pas blessé ;
M : Manifeste ton verbe dans l’Amour des autres ;
A : Aimes-toi ;
O : n’Oublie jamais que tu es celle/celui qui apporte sa Lumière IDÉALE au monde.
En fait, dans le cheminement spirituel, il est nécessaire, à mon sens, de ne pas se focaliser sur un seul « outil » de communication. En se focalisant sur un seul « outil » même le « meilleur » (une sorte d’idéal) qui soit, c’est un peu comme un artisan utilisant le même ciseau jusqu’à l’émousser et qu’il ne souhaite pas le remplacer c’est un « outil » qui se transmet de générations en générations. Il est, à mon sens, intéressant d’affûter sa perception pour s’ouvrir à d’autres « outils », à d’autres rencontres.
Comme le disait Haruki Murakami dans « Kafka sur le rivage » : « Tout en ce monde est constamment en mouvement. La Terre, le temps, les idées, l’amour, la vie, la foi, la justice, le mal. Tout est fluide, tout est transitoire. Rien ne reste éternellement au même endroit, sous la même forme. L’univers lui-même est une sorte d’énorme service postal« .
Pourtant, il y a des « choses » qui restent immuables : « Un caillou est un caillou« . Même si le caillou est en mouvement, même si le caillou roule, même s’il coule, il reste un caillou. Peut-être que, dans des milliers, voire des millions d’années, il se transformera en « joyau » sous les modifications de ce monde. En même temps, au départ, il était un caillou.
(Michaël « Shichea » RENARD (20231218-2))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Bobby Shock – 2023 – All Growed Up)

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