L’Effondrement
Je reconnais que le titre de ce texte ne fait pas très spirituel. En même temps, de temps en temps, j’estime qu’amener des pistes de réflexion sur des « sujets de société » me semble intéressant pour se questionner sur les effets de ladite société sur mon état d’Être.
J’ai un abonnement sur une célèbre plateforme de « streaming ». Cet anglicisme est une technique de diffusion et de lecture en ligne et en continu de données multimédias (vidéos, musiques, interviews, ..) qui évite le téléchargement des données et permet la diffusion en direct (ou en léger différé). Ce mot « streaming » a été créé sur le mot « stream » signifiant « ruisseau », « courant », « flot », « jet », « torrent », « fleuve » voire « flux ». Un terme qui représente des éléments pouvant exprimer la fluidité de l’eau ou d’un liquide. Pourtant, en France, en tout cas, depuis 2015, il ne faut plus dire « vidéo en streaming » mais « vidéo en flux » ou « vidéo en continu » ou « diffusion en temps réel » voire même « catégorisation » (oups !).
Il existe un autre mot anglais qui a été francisé, c’est « replay » traduit par « rediffusion ». Même si d’autres termes existent comme « catch-up television » et « catch-up TV » francisé en « télévision de rattrapage ». Bon, pour moi, même si j’aime les mots, je ne suis pas « sectaire » et je conserve les versions anglaises.
En fait, pourquoi est-ce que je parle de ceci ? En regardant les propositions sur cette célèbre plateforme, il y a un film qui m’interpelle c’est « Le Monde Après Nous » dont le titre original est « Leave the World Behind » (« Laisser le Monde derrière »). Ce film est tiré très librement du livre du même titre dont l’auteur est Rumaan Alam.
J’en fais le rapide synopsis : « L’histoire se déroule dans une maison de vacances isolée où une famille new-yorkaise passe du temps ensemble. Le récit prend une tournure inattendue lorsque les propriétaires de la maison, un couple plus âgé, se présentent tard dans la nuit en demandant refuge. La tension monte alors que les deux familles tentent de comprendre une série d’événements mystérieux et apocalyptiques qui se déroulent à l’extérieur de la maison. Le roman explore les thèmes de la peur, de la confiance et des tensions sociales à travers une intrigue captivante et émotionnellement chargée. Ce livre a reçu des éloges pour son suspense et sa capacité à susciter la réflexion sur les angoisses contemporaines ». Voilà, c’est fait !
Mais je ne vais parler de ce livre ou du film. J’ai été surpris que ce livre, sorti en 2020, reprenne certains codes d’un série télévisée française qui s’appelle « L’Effondrement ». Cette série a été inspirée par les thèses de la « collapsologie » (un autre mot à placer dans une conversation).
La collapsologie est une discipline interdisciplinaire qui étudie l’effondrement possible de la société industrielle moderne et explore les conséquences écologiques, économiques, politiques et sociales qui pourraient découler de ce scénario. Ceci me rappelle la prospective qui est un ensemble de recherches concernant l’évolution future des sociétés et permettant de dégager des éléments de prévision.
Les collapsologues, c’est comme ceci qu’ils s’appellent, s’inspirent souvent de divers domaines tels que l’écologie, la sociologie, l’économie, l’histoire, et d’autres sciences pour analyser les signes potentiels d’effondrement et ses causes. Le terme « collapsologie » provient de la fusion des mots français « collapsus » (« effondrement ») et « logie » (« étude »). Eux-même tirés du latin « collapsus » (« tomber d’un bloc », « s’écrouler », « s’affaisser ») et de « logos » (« étude »). En médecine, le terme « collapsus » désigne une baisse de la pression d’un liquide corporel créant « effondrement » d’un organe creux et mou.
Certains collapsologues avancent que notre société moderne pourrait être confrontée à des défis tels que le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, la surpopulation, la perte de biodiversité, et d’autres facteurs qui pourraient conduire à des crises systémiques. Comme le dit l’expression « Ben, mon colon ! » (prononcé « ben » comme « bin »). Au fait, cette expression n’a rien à voir avec Christophe Colomb, le « colon » est simplement le diminutif de « colonel ».
Tant qu’à parler des mots, le mot « collapsologie », que mon traitement de texte me met en erreur, est un mot inventé en 2015 par Pablo Servigne (ingénieur agronome) et Raphaël Stevens (expert en résilience des systèmes socio-écologiques). Et de la résilience, j’entends qu’elle va être nécessaire dans ce que je vais exprimer dans ce texte.
J’avais parlé dans le texte « Me, Myself and I » avec comme sous-titre « Devenir Zèbre » de l’intelligence artificielle suite à une conférence sur « L’éthique de l’IA » donnée par Marc Luyckx-Ghisi. À propos de l’émergence tout public de l’IA, j’avais posé la question « Est-ce qu’il n’y a pas création d’une nouvelle déité, d’un nouveau dieu, d’une nouvelle déesse ? ». Ce qui est amusant, c’est que dans un texte, il y a plus d’un an et demi, qui s’intitule « La Reconnexion », je parlais déjà de nouvelles déités en me basant sur mes ressentis sur l’ancien film « Jason et les Argonautes ».
Et voici, où je souhaite en venir après cette brève introduction. Si ! Si ! Brève car j’ai déjà fait plus long comme introduction. Ce texte va parler de l’effondrement. Ce mot est tiré du latin « exfunderare » signifiant « défoncer » et qui se « traduit » par « hors de fond », « hors de base ». En d’autres termes qui n’a plus de bases pour se maintenir. Et c’est bien de ceci dont je vais parler, c’est que s’il n’y a plus de bases dans la société, s’il n’y a plus de socles, de supports, d’aide, la société va-t-elle s’effondrer ?
Ainsi, avec le recours de plus en plus fort à l’IA, y a-t-il un risque d’effondrement de la société ou, a contrario, la société va-t-elle se rassembler ? Je sais que l’IA est un « outil » de plus en plus prisé. C’est facile, c’est un peu comme avec notre célèbre ami « g….e », il suffit de poser une question et une réponse est générée. Cette réponse est basée sur une gigantesque base de données. La réponse est un ensemble cohérent presqu’humain par rapport à la question. Le célèbre ami fait du référencement, l’IA fait de l’analyse, du recoupement et de l’intégration par rapport à la demande.
Cependant, j’avais déjà indiqué qu’il était nécessaire d’appliquer son propre discernement et ne pas se laisser « berner » par une réponse parce qu’elle est issue d’une intelligence artificielle. Lors de la dite conférence, l’orateur a indiqué qu’il y a eu un suicide suite aux jeux de questions-réponses. L’IA avait confirmé qu’il était « mieux » de suicider. Et où ceci s’est-il passé ?
En Belgique et je précise que ce n’est pas une blague belge, les titres des journaux indiquaient « Belgique : un homme poussé au suicide par l’intelligence artificielle ». Le début de l’article était « Un Belge aurait mis fin à ses jours à la suite d’une conversation de six semaines sur la crise climatique avec un chatbot d’intelligence artificielle (IA). Selon sa veuve, qui a choisi de rester anonyme, cet homme a vu son éco-anxiété s’aggraver lorsqu’il a commencé à échanger des messages avec Eliza, un chatbot d’IA sur l’application Chai » (un « chatbot » est un « agent » conversationnel informatique qui dialogue avec un utilisateur).
Peut-être que cette personne avait une « faiblesse ». Peut-être que son expérience de Vie était de vivre cette « situation » pour indiquer qu’il était nécessaire de prendre du recul avec ce type de technologie. Dit d’une autre façon, c’est un message pour que certaines choses changent ou évoluent. Pourtant, il y a beaucoup de personnes qui se suicident non pas à cause d’un « outil » informatique mais simplement parce que des personnes les ont, comment dire, « détruits », « enfoncés ». Peu importe la « destruction » qu’elle soit physique, émotionnelle, psychologique, que sais-je d’autres. Cette destruction de soi-même est aussi, quelque part, un effondrement (décidément, je deviens « dyslexique » avec ce mot car je l’écris « effrondement »). Un effondrement car ses propres bases, son socle ne lui permettent plus de vivre dans une société dans laquelle ils ne savent plus « s’adapter ».
Et ici, je fais un aparté. En me lançant dans l’écriture de ce texte, et comme je le dis souvent, je le découvre en même temps que toi, Âmie Lectrice, Âmi lecteur, car je ne savais pas que j’allais écrire sur le suicide. Ce n’est qu’une petite partie du texte et, en même temps, ceci m’amène avec les dangers de l’IA.
Avant de parler des dangers, je reconnais qu’il y a des avantages, pas pour tout le monde, mais des avantages quand même pour certain.e.s. Parmi les avantages, il y a l’automatisation des tâches généralement répétitives dont certain.e.s disent quelles sont ennuyeuses et à faible valeur ajoutée. Cette automatisation permettrait de se concentrer sur des activités plus complexes et créatives. Il y aussi l’amélioration de l’efficacité pour traiter rapidement de grandes quantités de données. La « précision » et la « fiabilité » sont plus élevées car elles réduisent les erreurs humaines (espérons qu’un jour, les IA ne déclarent pas que les Humains sont des erreurs). L’analyse de données avancée permettant d’extraire des informations significatives à partir de grandes quantités de données. L’innovation et la découverte dans des domaines complexes comme la recherche médicale, la science des matériaux, l’astronomie et bien d’autres. Aussi l’assistance médicale pour aider les professionnels de la santé dans le diagnostic des maladies, la recommandation de traitements personnalisés, et même dans la découverte de nouveaux médicaments. Et un dernier « pour la route », l’optimisation des ressources pour contribuer à une utilisation plus efficace des ressources, que ce soit dans la gestion des transports, de l’énergie, ou d’autres secteurs.
Bon ceci était les avantages ou, en tout cas, considérer comme tel pour la plupart des dirigeants, des scientifiques.
Et pour les dangers, il y a la perte d’emplois, ceci a déjà commencé, ne fut-ce qu’avec l’industrialisation. Il y a aussi la discrimination. Les IA peuvent refléter et même amplifier les préjugés présents dans les données sur lesquelles ils sont formés (il y a quand même des humains qui ont introduit les paramètres derrière tout ceci). Ceci peut conduire à des décisions biaisées et discriminatoires, en particulier dans des domaines sensibles tels que les ressources humaines, la justice, l’armée et les services financiers. Quid de la sécurité et de la vie privée (est-ce que le RGPD « Règlement Général sur la Protection des Données » va « tenir le coup » ?) avec le potentiel de piratage, de manipulation et d’utilisation malveillante des systèmes autonomes. La collecte massive de données pour former les modèles d’IA soulève également des préoccupations en matière de vie privée. Et la dépendance technologique, on en parle. Une dépendance excessive à l’IA pourrait rendre la société vulnérable aux pannes systémiques, aux attaques informatiques, ou à d’autres problèmes techniques qui pourraient avoir des conséquences graves. Et un dernier « pour la route » (ainsi pas de jalousie avec les avantages), l’éthique et la responsabilité. Je vais développer un peu plus ce « point ».
La conférence de Marc Luyckx-Ghisi, je le rappelle, s’appelle « L’Éthique de l’IA ». Il y a beaucoup de questions éthiques concernant l’utilisation voir le recours systématique autour de ces IA. Par exemple, la prise de décision soulève des défis importants. La responsabilité de leurs « actions », dans des domaines critiques (santé, sécurité, …) est un sujet de préoccupation. En effet, de plus en plus, d’appareils qu’ils soient civils ou militaires « embarquent » des systèmes basés sur l’IA. Des drones sont utilisés en cas de conflits ont des bases de données sur des bâtiments ou des personnes à « détruire ». Quid d’une interprétation « faussée » ou d’une mauvaise récolte d’informations ou d’informations de base erronées.
Pour ma part, une société se basant principalement sur de l’intelligence artificielle est une société qui va s’effondrer. Comme je l’ai déjà dit et écrit, certain.e.s ont créé un nouveau dieu, une nouvelle déesse. Artificiel s’il en est mais, quand même, un dieu, une déesse. J’imagine des personnes, sans jugement, prier pour « Sainte IA ». « Sainte IA, toi qui connais tout, toi qui as toutes les connaissances, donne-moi la réponse à mon questionnement ». « Je t’écoute, mon fils, ma fille, qu’elle est ton questionnement ? ». « Je ne sais pas si je peux vous poser cette question si existentielle. J’ai honte ». « N’aie point peur, mon fils, ma fille, je suis le Créé pour te répondre ». « Ma question est : Quelle est la meilleure recette pour réaliser le meilleur cake de la Joie ». « La réponse est simple, mon fils, ma fille. Contacte Michaël, il en fait souvent pour sa famille et ses ami.e.s ». « Merci, Ô Sainte IA, je m’en vais de ce pas, quérir qui est ce Michaël ». « Va, mon fils, ma fille, et, au passage, si tu sais m’en ramener un morceau, j’aimerai bien goûter ».
Ce petit dialogue, un peu délirant je le conçois, montre que certaines personnes vont se « tourner » vers cette intelligence artificielle créée par des humains à partir d’une base de connaissances. Cette création n’a, pour l’heure actuelle, aucune Conscience (voir le texte « Où est Charlie ? Oups ! Où est la Conscience ? »). En fait, ce petit dialogue m’a été inspiré par le film « Le Secret de la Planète des Singes » dans lequel des humains mutants vénèrent une bombe atomique.
Et cette bombe atomique n’est-elle pas maintenant avec l’intelligence artificielle, non plus, une bombe physique mais, quelque chose, dont les effets pourraient amener à l’effondrement d’une partie de l’humanité. Pour ce faire, à nouveau, j’applique mon discernement.
À l’université de Namur, les doctorants utilisent l’intelligence artificielle pour rédiger leur thèse. En fait, ils sont « obligés » de faire 2 thèses. Une rédigée par l’IA et l’autre par eux-mêmes. Leur « cotation » ne se fera pas sur l’une ou sur l’autre, mais sur la « critique » de l’une vis-à-vis de l’autre sans privilégier l’une ou l’autre. En fait, ils font une nouvelle thèse sur les différences de l’une par rapport à l’autre et c’est avoir l’esprit critique ou pratiquer le discernement. Je trouve cette approche très intéressante pour que la place de l’humain soit conservée.
Bien évidemment, cet effondrement dont je parle ne va pas arriver du jour au lendemain. Il y a déjà bien assez de causes pour d’autres effondrements comme les catastrophes naturelles majeures, le « changement » climatique, les pandémies mondiales, les conflits mondiaux, l’instabilité économique mondiale, les tensions sociales et politiques, les cyberattaques massives, l’épuisement des ressources naturelles et bien d’autres qui ne me viennent pas directement.
Après avoir longuement écrit sur cet effondrement, suis-je moi aussi soumis, d’une manière ou d’une autre, à un autre effondrement, comment dire, plus « subtil ». Je connais des personnes qui ont remis leur Cœur dans des mains spirituelles. Est-il possible qu’une personne puisse errer dans l’obscurité de sa propre spiritualité. Dit d’une autre façon, être porteur d’une lumière intérieure éclatante et puis qu’il y ait un ressenti dans l’ombre essayant de s’insinuer dans les interstices de l’Être.
Ainsi, ce que je nomme « l’Effondrement Spirituel », n’est pas un « effacement » brutal mais plutôt une lente dérive suite à des doutes précédemment cachés, dissimulés, enfouis sous le tapis. Les piliers qui soutenaient la Foi semblent vaciller, comme des échos lointains de vérités autrefois inébranlables. Les chants mélodieux de la transcendance (que certain.e.s nomment « éveil », « illumination ») semblent s’éloigner, s’éteindre et sont remplacés par le murmure incessant du chaos intérieur.
Pourtant, dans l’apparence de cette chute, même s’il y a une cacophonie d’interrogations sans réponses, de quêtes de sens inabouties, il y a une graine qui prend racine. Cette graine est une graine de Sagesse. Au lieu de se « laisser aller », au lieu de désespérer, au lieu de s’effondrer, il y a une éclipse, une éclipse spirituelle comme une invitation déguisée à la Redécouverte de Soi. Cette redécouverte de Soi qui se construit sur les décombres de croyances ébranlées.
La Spiritualité n’est pas une tour érigée dans le ciel. C’est un pèlerinage à travers les vallées profondes de l’Âme. Là où les étoiles semblent éteintes, j’embrasse la nuit comme un manteau sacré me perdant pour mieux me trouver. J’avais écrit qu’il était nécessaire d’avoir de la résilience. Ce mot qui vient du latin « resilire » construit à fabriqué à partir du verbe « salire » signifiant « sauter » et du préfixe « re » indiquant un mouvement vers l’arrière. La résilience peut être perçue comme un « reculer pour mieux sauter » ou comme la capacité à rebondir.
Et même si cet effondrement semble « cataclysmique », il y a un chemin vers cette résilience insoupçonnée, une force tranquille qui réside au-delà des dogmes et des certitudes. La spiritualité, désormais libérée des chaînes du conformisme, devint une aventure sans fin où chaque respiration, chaque battement de Cœur, chaque pas incertain est une offrande à l’incommensurable. Les ailes brisées de mes croyances passées se transforment en plumes légères, me propulsant vers des horizons nouveaux, où l’obscurité et la lumière se confondent en une harmonie transcendante.
Je n’oublie pas ce que j’ai dit lors d’une réunion : « L’ombre, c’est la Lumière qui voyage Incognito« .
(Michaël « Shichea » RENARD (20231209-1))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Cen-ProjekT – 2023 – Dark Clouds)
P.S. : Ce mot « Effondrement » s’est invité plusieurs fois dans ma journée.

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