
La Corde Sensible
Dans un instrument de musique à cordes, il y a des ……. cordes (youpiiii, je peux revenir en 2ème semaine). Plus « sérieusement« , il y a 3 familles (le mot est important) d’instruments à corde. Ceux avec les cordes pincées comme le clavecin, les cithares (harpe, guqin, guzheng, …) et les luths (guitare, banjo, mandoline, balalaïka, …), ceux avec les cordes frappées comme le piano, le cymbalum (cithare sur table), le clavicorde (ancêtre du piano), ceux avec les cordes frottées comme le violon, l’alto, le violoncelle, la contrebasse.
Je réponds déjà à la question qui se pose : « Non, je ne vais pas faire ici un cours sur les instruments à cordes » et j’ajoute, sans faire de mauvais jeux de mots, que ce n’est pas dans mes « cordes« . Bon, ceci étant dit, si je regarde « un peu plus près« , il y a des pinces, des frappes et des frottements. J’ai déjà été pincé, frappé, frotté. Pas dans le sens physique du terme même si j’ai déjà « subi » des « violences » physiques dans mon enfance (je les avais déjà esquissées dans le texte « Comment est ma peine ? »).
Ici, je parle de ces mots qui ont autant de force, de poids qu’une violence « physique« . Même si le choc ne se répercute pas « immédiatement » dans le corps, l’esprit, le mental est impacté. Et en termes d’impacts, je peux dire qu’il y a beaucoup de conséquences en découlant. Je l’avais explicité dans le texte « Les mots sont des passerelles, des ponts autant que des gouffres et des abîmes« .
Dans le violon, la corde la plus sensible est celle correspondant à la note « mi » (à propos de l’origine des notes, voir le texte « Alphabet » dont le sous-titre est « Notes de Musique »). Cette corde « mi » est si fine qu’elle en est fragile. Et en termes de finesse, les mots sont importants.
Il m’est arrivé souvent en échangeant avec des personnes de les « toucher« , dit d’une autre façon, de toucher une corde sensible. Cette corde sensible qui n’attend qu’à être pincée, frappée, frottée, peu importe, pour qu’elle arrive à la « rupture« . Cette rupture se marque chez certain.e.s par de la gêne, d’autres par de la tristesse, de la peur, de la fuite, de l’énervement voire de la colère aussi bien verbale que physique.
Pourtant, dans l’échange, rien ne me laissait « deviner » qu’un mot, une phrase, une tournure de phrase allait m’amener vers la « rupture » dans la communication présente. Rien dans ma façon de parler ne pouvait me mettre sur une « piste glissante » me conduisant inexorablement vers un ravin si proche et pourtant inconnu. Rien. Non, Rien de Rien. Rien car j’étais dans l’échange et aucunement dans une sorte de manipulation pour faire que l’autre, comme le dit, l’expression « sort de ses gonds« . Cette expression qui signifie « s’emporter« , « avoir un accès d’humeur (voir le texte « Humour ! Humeur ! »), de colère voire d’impatience« , remonte au 15e siècle. Le « gond » (et non le gong) est un élément de charnière de porte permettant à celle-ci de rester dans un axe vertical (il y a rarement des portes avec un axe horizontal. Quoique ! Ne sont-ce pas des « trappes »). À cette époque, une personne était dite « équilibrée » quand « elle se tenait sur ses gonds« . En sortant de ses gonds, la personne montre qu’elle n’est pas aussi calme qu’il n’y parait.
Je parlais de « trappes » dans l’aparté sur l’axe horizontal des portes et, en même temps, je peux comparer cette « sortie de gonds » à un pêcheur attrapant un poison. Ici, le pêcheur lance son hameçon sans savoir ce qu’il va attraper. Et ce pêcheur involontaire, c’est moi qui ne sais pas que je viens d’utiliser une canne à pêche. Cette canne à pêche dont la corde peut parfois se rompre sous le poids de ce qui sera hameçonné.
Afin d’illustrer mon propos, je vais écrire sur deux situations que j’ai vécues. Elles se sont passées dans le milieu professionnel.
La première était que l’on était dans le réfectoire. Je discutais avec des collègues. J’échangeais puis je faisais quelques blagues, quelques jeux de mots. Je « lâche » l’expression « se noyer dans un verre d’eau » en parlant de quelqu’un qui était dépassé par des évènements que j’estimais « anodins » (juge-ment). Et puis je constate qu’une collègue ne rit pas. Elle semble figée, les yeux vides. Les discussions continuent et après je vais la trouver. Elle me raconte qu’elle a perdu quelqu’un de sa famille qui s’est noyé dans un petit étang. Je lui présente mes excuses. Sans le savoir, j’avais touché une « corde sensible« . Cette corde qui fait remonter à la surface un évènement traumatisant pour elle.
La deuxième est, de nouveau, dans le même réfectoire. Un collègue imite François Pirette (humoriste) faisant « Amédée » (en passant, Amédée signifie « Celui qui aime Dieu »). Amédée est une vieille personne, atteinte de la maladie d’Alzheimer, placée dans une maison de repos par son neveu. Il aime bien taquiner les infirmières. Le collègue, en question, l’imite tellement bien que tout le monde rit. « Infirmière, il me faut faire« . Et puis, il « lâche » la phrase « Votre dernière heure est arrivée« . Tout le monde rit de bon cœur sauf un collègue. En Belgique, il existe un journal qui s’appelle « La Dernière Heure« . En voyant ce collègue qui ne rit pas, tout le monde se remet à rire en voyant son visage figé (oui, je sais, un juge-ment). À la fin de la journée, je le revois dans le parking et je lui montre mon étonnement par rapport à ce qui s’est passé au réfectoire. Il me dit que tout le monde s’est moqué de lui et je lui réponds qui ce n’est pas de lui mais de la situation. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il souffrait d’un cancer très invasif et que, pour lui, sa « dernière heure » allait bientôt arriver. Sans le savoir, une « corde sensible » avait été touchée.
En fait, cette « corde sensible« , c’est quelque part, être en équilibre entre ce que je peux dire et ce que je ne peux pas dire. Mais, en même temps, ce que je ne peux pas dire n’est pas évident. En effet, quand je « connais » la personne, quand je l’ai déjà côtoyé, quand je sais que certains « sujets » sont à éviter, je reste en équilibre. Je suis sur le fil tendu comme un équilibriste dont je sais que si je dis tel mot ou je fais telle action, je vais « tomber« . Mais, quand je ne « connais » pas la personne, je ne sais pas « encore » quels sont les sujets à éviter. Donc, je suis sur le fil tendu et je ne sais jamais si je vais y rester ou si je vais « tomber« , « chuter » pour un mot ou pour une action.
En fait, tout est « subtil« . Je suis comme un violoniste qui joue (j’avais écrit « change ») sa partition en essayant de ne pas faire de fausses notes. Parfois, il y en a et elles ne sont pas perceptibles. D’autres fois, elles résonnent comme une tempête. Et puis, dans la fougue de l’instant, dans le moment où je me laisse aller, il y a une corde qui explose. C’est bien évidemment involontaire. Comme je l’ai dit, je ne suis pas dans la manipulation.
Dans le texte « Ex Opere Operato« , j’avais indiqué que chaque Être a une note de base que j’ai appelée, plus tard, la « Note Harmonique Unique » (voir le texte « Un oiseau a chanté au premier jour de la Création… »). Cette note qui résonne avec sa propre énergie et qui est en résonnance avec le TOUT.
Toucher « La Corde Sensible« , c’est comme effleurer, sans le savoir, une corde provoquant une résonance profonde et émotionnelle dans le Cœur de l’autre. Dit d’une autre façon, c’est un rappel que chaque interaction, chaque mot, chaque geste peut résonner bien au-delà de ce que je perçois. C’est la création d’une onde qui va venir (r)éveiller, sans que je le sache, un évènement de la Vie de l’autre. Cet évènement, certain.e.s vont les appeler une « blessure« , d’autres un « accord« . Je préfère le terme « accord » que « blessure« . « Blessure » si chère à une auteure bien connue.
Et en écrivant le terme « accord« , j’amène à ma Conscience que, pour l’écrire de cette façon, je suis dans le thème musical avec « la corde sensible« . Cette musique des mots, des messages qui viennent se placer dans ma symphonie d’existence.
Je suis un Être baignant dans un environnement (voir le texte « L’Homme et l’Environnement ») qu’il soit familial, amical, professionnel, communautaire, national, culturel. Dès le plus jeune âge, j’ai été « domestiqué« . Oui, je sais que le mot est fort, très fort même. Peut-être en lisant ceci, une corde sensible vient de vibrer. « Domestiqué » dans le sens « fais pas ci, fais pas ça, fais ci, fais ça » ou « c’est pas bien » ou « c’est bien« . « Domestiqué » en recevant des récompenses ou des punitions. Quelque part, sans nécessairement le savoir, ces croyances « instillées » sont à l’origine de futures souffrances. Quelque part, je crée des « accords » avec ces croyances. Se défaire de mes accords, ce n’est pas me désaccorder, c’est bien, au contraire, me réaccorder. Me réaccorder non pas avec de nouvelles croyances, plutôt me (re)synchroniser avec ma « Notre Harmonique Unique« . Me réaccorder avec ma partition afin qu’elle soit celle que j’ai accepté de vivre dans ma présente incarnation.
Ainsi, en touchant « la corde sensible« , je ne suis pas dans la manipulation, comme je l’ai déjà écrit, encore moins dans le contrôle, simplement, (r)éveiller, inspirer voire élever en adaptant la gamme dans laquelle je suis. Je reconnais que c’est avec un certain toucher délicat que je (re)découvre ma capacité à créer des moments de connexion authentique. Dans cette connexion authentique, bat mon Cœur au rythme de la pulsation de l’Uni-vers, et je sais, ne fut-ce qu’un instant, que le Chant de l’Uni-vers, le Son Divin vibre en moi et en chaque Être.
Toucher « la corde sensible » me guide vers mon humanité partagée. C’est un rappel que la beauté réside aussi dans la vulnérabilité, que la force naît aussi de la douceur, et que l’AMOUR est la mélodie intemporelle qui lie toutes les Âmes.
(Michaël « Shichea » RENARD (20231101-1))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Circle Back Again – 2023 – Reminiscent Lessons (Ep))

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