
Blanc Manger Coco
Mon épouse et moi avons été voir un spectacle intitulé « Blanc Manger Coco« . C’est un spectacle d’improvisation basé sur le jeu du même nom.
Avant d’arriver dans la salle de spectacle située dans un ancien abattoir (sic !). Ancien abattoir qui a été transformé en lieu d’exposition d’anciennes photos de la Ville de Namur et donc en salle de spectacle. Lors de l’attente pour l’ouverture de la salle, nous sommes promenés dans les rues de Namur grâce à l’exposition. D’un côté, il y avait des souvenirs de lieux que nous avons connu et d’autres lieux que nos parents et nos grands-parents ont connu. Nous étions comme deux promeneurs à la découverte d’une ville dont nous n’avons pas connu certaines rues ou certains sites. Il y a plus d’un siècle, il y avait même des espaces de baignade dans la Meuse. À l’époque, elle devait être probablement moins polluée même si la Meuse n’est pas non plus le Gange, mais bon.
Lorsque nous avons fait le tour de notre pérégrination à travers ces photos en noir et blanc, nous nous sommes installés près d’une table. Sur cette table, se trouvaient les mêmes photos de l’exposition en petit format papier. Il y avait des ciseaux et de la colle. Une dame s’est approchée et nous a dit que nous pouvions faire notre propre collage. Et en un instant, je me suis retrouvé enfant pour créer mon propre collage. J’avais choisi une photo d’époque du Théâtre de Verdure. Actuellement, il ne porte plus que le nom car il est laissé, un peu, à l’abandon. Donc, j’ai commencé à découper dans cette photo d’époque et puis à partir d’autres photos, j’ai découpé des personnages que j’ai collé sur mon montage. J’ai dessiné quelques nuages stylisés, quelques oiseaux aussi stylisés et des vagues. J’étais dans mon monde, dans ma bulle, dans mon espace de création. Un émerveillement d’enfant. J’ai même proposé à quelqu’un de faire du collage mais elle n’a pas accepté. Peut-être que son âme d’enfant n’était pas là à ce moment-là. Et puis, à un moment, la même dame, qui m’avait dit que je pouvais utiliser les outils à disposition, vient nous dire que le spectacle allait commencer dans quelques minutes et que j’avais le temps de terminer ma création. Merci à elle d’avoir aperçu l’émerveillement qui m’habitait.
Toujours est-il que représente ce jeu « Blanc-Manger-Coco » ? Il a été créé en 2015 par deux bretons. Le principe est simple, il suffit de combler les trous dans des phrases avec des propositions parfois « trash » pour en faire un cocktail qui sent la poudre humoristique. Et à propos de poudre, c’est détonant. Les fameux trous sont à boucher avec des cartes que le joueur a en main. En fait, ce jeu est d’origine américaine et son nom est « Cards against humanity » qui se traduit par « Cartes contre l’Humanité« . Avec ce jeu, l’humanité en prend « un coup« .
Que ce soit la version américaine ou la version française, l’origine de ce jeu est semblable à celui inventé par les surréalistes dans les années 1920. Cette invention est due à Jacques Prévert (si, si, le poète !)et Yves Tanguy. Elle s’appelle « Cadavre Exquis » (oups !). Le jeu consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. Donc le principe du jeu est le suivant : chaque participant écrit à tour de rôle une partie d’une phrase, dans l’ordre sujet–verbe–complément, sans savoir ce que le précédent a écrit. La première phrase qui a résulté de cette façon de faire et qui a donné le nom à ce jeu est : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau« .
Jacques Prévert, poète français bien connu, aime les mots, les calembours et d’autres styles de jeux de mots. En faisant quelques recherches, j’arrive sur : « Homme, tu as regardé la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre. Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom. Tu l’as appelée Pensée« . Moi, j’aime la pensée. Cette petite fleur dont les couleurs variées égayent mes parterres aussi bien en automne qu’au printemps voire jusqu’à l’été.
Cette phrase m’interpelle. Elle est tirée d’un poème intitulé « Fleurs et couronnes« . Je ne vais pas faire ici l’analyse de ce poème qu’il m’a été amené à découvrir alors que je ne le connaissais pas. Ces phrases extraites exprimeraient-elles la manière dont les êtres humains observent et interprètent le monde qui les entoure. En indiquant que cette fleur « Pensée » est triste et morne, n’y a-t-il pas une référence à un certain aspect mélancolique (j’avais écrit « mélancoloqie », mot inventé, peut-être une nouvelle branche d’analyse de la mélancolie, qui sait !) de la vie et à une tendance des personnes à projeter leurs émotions et leurs pensées sur des objets et des phénomènes naturels.
L’homme/La femme a cette capacité humaine à attribuer des significations et des émotions aux éléments de la nature, même s’ils ne possèdent pas intrinsèquement ces caractéristiques. Je dis même que ces simples phrases de Jacques Prévert invite à « réfléchir » sur la perception subjective de la réalité et sur la façon dont les mots et les concepts, que j’emploie, influent sur ma « compréhension » du monde qui m’entoure (j’en ai déjà parlé dans d’autres textes).
Yves Tanguy est un peintre surréaliste un peu à la Salvator Dali. Ce peintre m’était inconnu pourtant il l’est pour ses œuvres surréalistes abstraites. Ses tableaux présentent des paysages imaginaires et des formes organiques étranges, souvent dans des tons terrestres et des nuances de bleu. Ses peintures créent un univers onirique et fantastique, peuplé de formes végétales, animales, humaines et de structures étranges. Il y a, d’après les photos que j’ai vues de ses œuvres, une exploration de la frontière entre le rêve et la réalité. Cette exploration stimule, d’une certaine façon, l’imaginaire en tant que spectateur qui devient spect-acteur.
Et non, je ne m’éloigne pas du spectacle « Blanc-Manger-Coco« . Dans ce spectacle, toutes les personnes sont spect-actrices. Oh bien sûr, je ne suis pas invité sur la scène et, en même temps, je participe à donner « l’orientation » du jeu. L’animateur fait tirer une carte thématique dans laquelle il y a des trous. Le public comble les trous avec les cartes que chacune personne a en main.
Et c’est ici tout le sel de ce jeu. En fonction des « freins » que je me mets dans ce que je peux apporter au jeu, celui-ci sera plus ou moins « politiquement correct » ou s’orientera vers du « trash« . Pour notre part, nous avons reçu comme carte, à l’entrée du spectacle, « Une Thérapie de Couple » pour mon épouse et moi « Mon Papa et Ma Maman« . Bon OK et, en même temps, vu les thématiques abordées, nos cartes ne sont pas « entrées » dans le jeu.
Ici, le spectacle était surtout un spectacle d’humour noir et de situations crues. Les sujets improvisés sont passés des 72 vierges, à la déportation en Pologne, en passant par la Trisomie 21, la nourriture halal, l’expression « sucer n’est pas tromper« , l’homosexualité et j’en passe d’autres sur la « sexualité« . Dans le public, il y avait quelques dames qui étaient très « chaudes » sur les sujets sexuels.
Les concepteurs du jeu de cartes le définissent ainsi : « Le jeu pour adultes, pensé par des adolescents et produit par des enfants« . Bon encore une chance qu’il n’y avait pas d’enfants dans la salle. Qu’aurait-il pensé du monde des adultes ? Un monde emplit de certains jugements, d’un certain racisme, de sexe. Bigre !
J’entends « Tout ceci est bien beau, Michaël, mais où veux-tu en venir ?« . J’ai déjà donné quelques ressentis sur les phrases de Jacques Prévert sur la « Pensée« , c’est déjà « pas mal« .
En fait, pour ma part, « Blanc-manger-coco » peut être interprété d’un point de vue spirituel. Dans de nombreuses traditions, l’humour (voir le texte « Le Rire est une Erreur ») est considéré comme un moyen puissant de transcender l’ego. L’humour peut briser les barrières de l’ego en me permettant de rire non seulement de mes propres faiblesses mais également de mes propres limitations. Limitations dans le sens où je ne rirais pas de certains sujets, dans une conversation, avec des personnes que je ne connais pas. Ou en tout cas, dont je ne connais pas leurs limites dans l’humour. Dans le spectacle, je peux me laisser à rire de tout sans jugement car je ne connaissais personne.
Le jeu offre un espace où les joueurs sont invités à se moquer « gentiment » des conventions sociales, des normes et des tabous. Dans ce spectacle, je peux dire qu’il y a eu beaucoup de conventions, normes et de tabous qui ont été « dynamité » d’où la poudre humoristique. En même temps, si je prends, parfois, la vie trop au sérieux (voir le texte « La Vie est un Jeu … »), je peux accepter d’adopter une perspective plus détachée vis-à-vis de mes propres expériences (voir le texte « Le Détachement »). D’ailleurs, cette attitude détachée m’encourage à observer la vie sans m’attacher de manière excessive aux plaisirs ou aux peines de ce monde. Comme je l’ai dit récemment dans un groupe de paroles : « Ceci me touche mais ne m’affecte pas« .
De plus, le jeu peut être vu comme une métaphore de l’absurdité de la condition humaine. Les cartes, avec leurs phrases parfois choquantes, crues ou absurdes, rappellent que la vie est souvent imprévisible, chaotique et déroutante. Cependant, au-delà de cette absurdité, il y a aussi la possibilité de trouver la joie et l’humour même au cœur même de cette incertitude. La véritable paix intérieure peut être trouvée non pas en essayant de contrôler le monde extérieur, mais en acceptant l’impermanence de la vie et en trouvant la paix dans le moment présent (voir le texte « Le doux leurre de l’Instant Présent »).
Qui plus est, le jeu encourage la créativité et l’expression libre. Dit d’une autre façon, c’est un acte de création que ce soit à travers l’écriture, le dessin ou d’autres formes d’expression artistique. Même si le jeu peut être vu comme un « outil » subversif pour ébranler ma conception habituelle du monde, il m’invite à rire de l’absurdité de certaines situations de la vie. Dans cette perspective, le jeu devient bien plus qu’un simple passe-temps humoristique. Il devient un miroir de mon propre voyage dans l’acceptation de l’existence humaine.
Allez, il est temps de passer un petit moment humoristique avec quelques-unes de mes propositions. Rions. Rions.
Carte : « Pour atteindre l’illumination, je médite en imaginant que je suis…«
Réponses proposées : « un moine zen avec une coiffure afro« , « un yogi en lévitation regardant Netflix« , « un Bouddha en train de jouer à cache-cache avec l’éveil« .
Carte : « Si les chakras pouvaient parler, ils se plaindraient de…«
Réponses proposées : « ne pas recevoir assez de compliments« , « être en désaccord sur la meilleure couleur de l’arc-en-ciel« , « avoir des problèmes de circulation d’énergie à cause du trafic spirituel« .
Carte : « La véritable raison pour laquelle les licornes sont si spirituelles, c’est qu’elles…«
Réponses proposées : « peuvent méditer tout en dansant sur un arc-en-ciel« , « possèdent une connexion directe avec l’univers via leur corne magique« , « sont des guides spirituels déguisés qui nous apprennent la joie et l’acceptation« .
Et pour terminer ce texte, je propose les 2 cartes ci-dessous à compléter comme ceci vient.
Carte 1 : « Pour trouver l’harmonie intérieure, je pratique l’art secret du rire en écoutant les blagues de…«
Carte 2 : « Si les anges faisaient du stand-up, leur meilleure blague serait sur…«
(Michaël « Shichea » RENARD (20231028-1))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l’écriture : Surya Kris Peters – 2023 – Strange New World)
P.S. : Le « Blanc Manger Coco » est un dessert qui fait partie de la cuisine traditionnelle de la Martinique. C’est un dessert très facile à préparer. Le « Blanc Manger Coco » se compose de lait concentré sucré, de lait de coco, de gélatine, de cannelle, de vanille et de citron vert.
Laisser un commentaire